Edito national / 8 juin 2011 : Le dernier virage

Tous les politiciens connaissent ce genre de portion de route car ils sont nombreux à  y avoir laissé des plumes. Car c’est là que se joue l’équation, la quadrature du cercle : comment sortir du pouvoir sans que le pouvoir sorte de soi.  

Comment continuer à  exister sans que vous revient à la figure comme un boumerang  le contenu de tous les placards ceux, à soi, propres et surtout ceux des compagnons, des soi-disant amis qui se servaient sous votre couvert sans vous en aviser. Comment éviter le tintamarre des casseroles de la République ?   

Désormais de nouveaux braves vont voir le jour pour critiquer à visage découvert, cette fois, un bilan dans lequel ils étaient aux avants postes. Parce  que ces amis et camarades  sont presque tous candidats pour 2012 et en la matière, pour être crédible, il faudra critiquer sans pitié le président sortant .Très peu de candidats viendront dire de l’homme qu’ils veulent remplacer  qu’il était meilleur que soi, tout au plus reconnaîtront-ils que le bilan est mitigé.      

Le dernier virage, celui de tous les dangers, est celui qui incite ceux au pouvoir à jouer les prolongations parce que la plupart du temps  ils ne tournent que pour rencontrer un gouffre sans fonds sur creusé par des héritiers putatifs. Ils ont le cynisme de se tenir aux abords du précipice et  ricanent à l’approche du vrombissement des moteurs surpuissants des chefs croyant ou non  aux vertus du forcing.    

En réalité ce genre de courbe se négocie longtemps à l’avance, par des réalisations, par une vision, par une moralisation du discours politique et par une gestion rigoureuse des deniers du pays. Et plus proche du terminus, par  l’organisation et la réussite d’élections crédibles qui feront que des « Laadris » viendront à la tête d’une  Nation rassemblée et sereine. Alors seulement on peut partir sous les vivats, sans regarder par-dessus son épaule, l’âme et la conscience en paix, le pays entier  ayant donné quitus et blanc-seing.

On racontera dix ans plus tard, dans un livre ou sous les « Balanzan » ce que furent les frayeurs et la vie dorée des rois, en achevant chaque fois le propos d’un « aujourd’hui il n’y a qu’une bande d’incapables qui mène le pays à sa perte », bien senti.            

S. El Moctar Kounta

Le Républicain 07/06/2011