Edito int / DSK- Nafissatou : Ce ne sera pas le pot de fer contre le pot de terre

Deux vertus qui ont manqué  à l’un des protagonistes de ce que certains au Ps français appellent « le dimanche noir de New-York ». Soit Strauss-Kahn dont le palmarès femmes, c’est connu, est aussi étendu que son savoir en économie et qui sera passé, ce 14 mai, des sommets à l’opprobre en quelques heures. Soit Nafissatou Diallo, devenue peut-être à son corps défendant, la femme de chambre la plus célèbre du siècle que l’infortune ou le complot a posté, ce jour, dans la suite du grand séducteur. «   Elle va venir devant cette Cour et témoignera à la barre et dira au monde entier ce que DSK lui a fait», défie Kenneth Thompson l’avocat de la Guinéenne avant de prévenir «tout est prévu pour la discréditer».

La bataille judiciaire ne fait donc que commencer entre l’ex-futur président d’une puissance planétaire et l’anonyme petite main d’un des pays les plus pauvres au monde. L’un a les moyens de sa défense, des amis qui comptent et des voix qui portent. L’autre vit peut-être de découverts bancaires, n’a jamais espéré être illustre et peut-être n’a jamais souhaité s’illustrer de cette manière qui n’est bonne pour  la dignité nulle part. Mais l’affaire Strauss-Kahn-Diallo se déroule dans un pays qui professe l’égalité des chances.

La Guinéenne ne sera donc pas la plaignante vite déboutée des procès tropicaux où  le faible a tort par avance. Mais l’argent va parler. Son adversaire en a et seule la redoutable combativité du lobby féministe dont l’Amérique est la patrie servira de contrepoids à Nafissatou Diallo dont la vie a été fouillée de fond en comble par les avocats de l’ex patron du Fmi. Et comme chez l’Oncle Sam, rien n’est tabou, gare à elle si elle a des choses à cacher. On a vu des procès de ce genre dont les déballages frisent l’obscénité -le cigare de Clinton par exemple- et cliver enfin du sexe aux références sociale ou raciale. En somme, une affaire à la OJ Simpson. Avec cette fois-ci un accusé blanc et une victime noire. Qui n’est même pas morte et qui doit s’apprêter à tout entendre.

Adam Thiam

Le Républicain 07/06/2011