Echostar : Sadio Simaga, jeune réalisatrice et talentueuse


Titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’Université de Bamako, obtenue en 2008, rien ne prédestinait Sadio Simaga à embrasser la carrière de réalisatrice ou de comédienne, si ce n’est son amour pour le cinéma. A l’image de la plupart des jeunes maliens, Sadio Simaga, après ses études a été confrontée au fléau du chômage. Mais très entregent et hostile à rester sans tourner le pouce, elle devient hôtesse d’accueil de séminaristes au compte de plusieurs agences de communication de la place : Star Com et DFA communication

Elle a aussi flirté  un moment avec le milieu du mannequinat à travers l’Agence En Vogues. Et, comme rien ne se fait par hasard dans la vie, tout porte à croire que le chemin de Sadio Simaga pour arriver au cinéma devait passer par le travail d’hôtesse de séminaristes. En effet, c’est à l’occasion d’un séminaire qu’elle aura l’opportunité de rencontrer Boubacar Sidibé, célèbre réalisateur à l’ORTM, qui a le don et la patience de soutenir des jeunes qui aspirent devenir des professionnels du secteur du cinéma. Sadio Simaga qui a de tout temps rêvé à devenir actrice ou réalisateur, a vu la main de Dieu dans sa rencontre avec Boubacar Sidibé. Elle avait vu juste, car Boubacar Sidibé a des prédispositions à mettre au service des jeunes.

C’est avec la bénédiction de ce réalisateur malien qui n’est plus à présenter que Sadio Simaga  aura l’opportunité de suivre une formation de réalisatrice au Maroc.

Et c’est aussi grâce à ses conseils, que Sadio Simaga aura la chance, en 2008, de tester ses aptitudes d’actrice, même si c’était sous la forme de figurante, sur le plateau de tournage de « Fanta Fanga » ou le Pouvoir des pauvres de feu Adama Drabo, qui a représenté le Mali au FESPACO 2009. Piquée par le virus des plateaux de tournage, Sadio Simaga, depuis, n’a plus pu s’arrêter. Avec le projet de tournage du film les « Rois de Ségou », Brico-films a été chargé de faire un casting à l’issue duquel Sadio Simaga sera retenue, comme actrice pour un rôle secondaire. Mais, au regard de son dynamisme, en même temps qu’elle a tenu son rôle, le réalisateur lui a confié le travail de script-girl.

Devenue à limite l’assistante du réalisateur, elle engrangera une grande expérience que son intelligence lui permettra de capitaliser rapidement, en passant de l’autre côté de la caméra. Avant la fin du tournage du film les « Rois de Ségou », elle est parvenue à convaincre l’équipe de tournage de la pertinence de son projet de film documentaire intitulé : « Le pouvoir du gardien ». En 2010, avec l’engagement de « Sarama Films » de Salif Traoré et de Brico Films, Sadio Simaga réalisa son projet et film documentaire de treize minutes qu’elle a réalisé.

Cela va lui donner l’opportunité d’enlever le Prix de la CEDEAO au Festival Clap Ivoire de 2010. La trame  du film est simple. « De nos jours les hommes vivent ensemble mais ne se ressemblent pas. Parmi eux, il y a des riches comme des pauvres, des faibles, des heureux et des malheureux. Cependant, certaines personnes, compte tenu de leur situation sociale, pensent  que les moins nantis sont des moins que rien ou encore des fainéants. Donc, ce documentaire est une sensibilisation, un conseil pour tous, afin qu’un autre regard soit jeté sur la société ». C’est en ces termes que Fanta Simaga avait présenté à l’époque son film chez notre confrère L’Indépendant. Avec ce prix, celle qui était pratiquement entrée par effraction, dans le monde très select des réalisateurs maliens, pouvait désormais s’installer en demeure.

Et, elle ne tardera pas à le prouver. Après avoir  tenu un rôle dans « Les Concessions », une série télévisée, encore en tournage, qui traite de la vie quotidienne d’une famille où une grand-mère intrigante essaie de contrôler tout le monde, Sadio Simaga passe à la réalisation de son deuxième film : «  Cinquante ans de cinéma en Afrique de l’ouest ». Produit par « Sarama Films » et « Brico Films », ce film de 13 minutes donne la parole à des professionnels du 7ème art pour faire le bilan exhaustif d’un cinéma qui manque de soutien financier. C’est grâce à ce film que notre compatriote a été sélectionnée pour participer à un festival organisé en marge du festival de Cannes 2011 par les mouvements associatifs. Aujourd’hui, Sadio Simaga est devenue grande réalisatrice. Elle vient de prendre la décision de passer au tournage d’un film de fiction de 52 minutes, intitulé : « Une enfance brisée ». « J’ai fini avec le scénario, tout est prêt. Je n’attends que le début du tournage », a-t-elle déclaré.

Assane Koné

Le Républicain 23/06/2011