De la contestation au plébiscite pour Dioncounda

En attendant son investiture solennelle, ce weekend,  le Pr. Dioncounda Traoré s’est dit quant à lui prêt à confirmer tout le bien que pense de lui la Commission des bons offices ainsi que l’ensemble de ses camarades, dont le choix a porté sur « sa modeste personne » pour plus de deux-tiers des critères de référence.

Le contenu de la boîte de Pandore tant attendu a été révélé, dès le vendredi après-midi, par la Commission des bons offices. Sous l’égide de son président et non moins 4ème vice-président du Comité Exécutif, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, celle-ci a rendu son verdict en présence du président de l’AN et des six (6) autres candidats, lesquels sont tour à tour intervenus pour manifester une adhésion totale à la désignation de Dioncounda Traoré comme candidat des Abeilles. « Mon candidat s’était moi-même mais au regard des critères retenus par la Commission des bons offices, je me rends compte que le président du parti est le mieux placé pour porter sa candidature ».

Telle est la substance des propos que nos sources ont attribués au 1er vice-président, Iba N’Diaye, qui aurait par la même occasion justifié son adhésion au choix de Dioncounda par l’impérieuse nécessité de privilégier la cohésion de sa famille politique, au nom ses objectifs aux élections générales de 2012. Toujours selon nos sources, le candidat Sékou Diakité ne s’est point limité à accompagner la symphonie. Il se s’est en même temps engagé à appuyer le candidat proposé par la Commission des Sages avec ce qu’il  sait faire le mieux : mobiliser pour sa victoire à l’élection présidentielle de 2012. Idem pour le Secrétaire général Marimantia Diarra, qui a profité de l’occasion pour retirer une lettre de récusation adressée à la Commission, reconnaissant du même coup que celle-ci était en phase avec les critères de choix qu’il juge applicable au candidat de l’Adéma.

Ce concert de reconnaissances annonçait ainsi l’atmosphère bon-enfant ayant régné, le lendemain,  pendant la confirmation du choix des Sages par le conclave des membres du Comité Exécutif.  
Portée à l’arbitrage des membres de l’instance dirigeante de la Ruche, précisément samedi matin,  l’acceptation de la candidature proposée par la commission du consensus n’a été qu’une simple formalité et n’a rencontré aucune difficulté pour ratisser aussi large que possible dans les rangs d’Abeilles. La question a été certes malgré tout passée au vote, mais en faveur de Dioncounda Traoré les suffrages se sont exprimés dans les proportions d’un plébiscite auquel n’ont fait défaut ni ses concurrents directs ni les adversaires indirects de sa candidature. Même l’adepte de Modibo Sidibé, l’Inspecteur des Douanes Zoumana Mory Coulibaly, a participé à l’unanimité et à la convergence massive de ses camarades autour de leur président.

-La partition salvatrice des candidats non membres du CE
Ce plébiscite a été pourtant précédé d’embûches énormes que n’a point occultées le président Oumarou Ag Ibrahim, en évoquant devant la presse les écueils ayant jalonné le chemin du consensus. « Nous avons été désignés par nos camarades pour un travail qui n’est pas aisé car l’Adéma ne s’est jamais entendu sur un seul candidat », a-t-il reconnu, ajoutant que chaque prétendant est resté cramponné sur son ambition sans la moindre disposition à se désister au profit d’un autre, nonobstant les tentatives d’y parvenir par moult rencontres et confrontations.

Mais la clé du dénouement, selon toute vraisemblance, est venue des trois candidats, non membres de la direction nationale du PASJ. Selon nos confidences, en effet, ce sont eux qui, après les tentatives sans succès de dégager un candidat consensuelle, ont eu la géniale idée de proposer que pleine latitude soit donnée à la Commission des bons offices pour proposer le candidat qu’elle estime elle-même apte à porter l’étendard du Parti de l’Abeille à la prochaine présidentielle. Cette affirmation de nos sources est pour le moins corroborée par les explications fournies par le président de la commission de consensus, à l’occasion de son point de presse du vendredi  soir. Selon Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, tous les candidats ont adhéré à cette brèche ainsi ouverte mais dont l’exploitation nécessitait tout de même une extension des attributions des Sages par ses mandants.

Le Comité Exécutif n’ayant vu aucun inconvénient à réaménager le calendrier au nom du consensus, la mesure a dû nécessiter un prolongement de la date de la désignation d’une dizaine de journées mise à profit par la commission pour élaborer des critères qu’elle a fera accepter par l’ensemble des candidats. Il s’agit entre autres du mérite et de l’engagement militants, du combat pour les idéaux et principes fondateurs de l’Adéma-PASJ, de la loyauté au parti ainsi que des hautes responsabilités d’Etat assumées tout au long du parcours.

Le président du Parti réunit le maximum desdits critères retenus de commun accord avec les candidats, a expliqué, par ailleurs, lors du point de presse ayant suivi la proposition de candidature, le porte-parole de la commission où figure Adama Samassékou, Mme Conté Fatoumata Doumbia, Mohamédine Dicko et Dr. Birama Diakité.

– Une candidature et un combat au nom des idéaux du « Peuple de l’Adéma » !
Gratifié de cet étonnant plébiscite de la part de sa famille politique (partisans et concurrents y compris),  le Pr. Dioncounda Traoré ne pouvait y rester indifférent. Ses premières reconnaissances sont donc allées à ses plus proches camarades qu’il remerciés en ces termes : « Le choix du peuple Adéma porté sur ma modeste personne, je voudrais en remercier l’ensemble des militants et surtout les collaborateurs du Comité Exécutif « .

Tout en indiquant que sa candidature est un acte posé en toute humilité et ses motivations fondamentalement militantes, le président a rappelé qu’il s’agit d’une ambition à laquelle il a renoncé pendant plus d’une décennie à la tête du PASJ, bien qu’il ait eu plusieurs fois l’occasion.           
Le candidat, qui attend d’être investi à la Conférence nationale du 30 Juillet prochain, est par ailleurs avisé que la fin de cet épisode interne marque avant tout le début d’une autre tout aussi éprouvante : le combat du Parti de l’Abeille contre les adversaires d’une scène politique où de nombreuses composantes misent encore sur les éventuel fracas de la Ruche.

En livrant ses premières impressions, samedi matin, le N°1 des Abeilles a donné lui-même l’impression d’avoir la pleine mesure de la tâche qui lui est désormais dévolue de hisser les performances électorales à la hauteur de la confiance de camarades et de leurs attentes d’une victoire à l’élection présidentielle de 2012. Du reste, ne prévenait-il pas naguère qu’à défaut d’y sortir victorieux l’Adéma doit faire son requiem?     
Ainsi, en se réjouissant de sa consécration comme porte-étendard d’un parti qui venait de surprendre par une résistance exceptionnelle à la vague des  »primaires », le nouveau candidat de la Ruche n’a pas manqué d’évoquer tous les défis qui s’y rapportent en termes de rassemblement et de convergence des ressources de sa famille politique vers les idéaux partagés.

« Je m’y engage aux côtés de tous ceux qui portent le projet de société de l’Adéma-PASJ », a-t-il lancé, en rappelant qu’une victoire aux élections de 2012 n’est pas une fin en soi. « La finalité n’est pas de gagner les élections mais ce que nous ferons après », a scandé le président de l’Adéma-PASJ comme pour dire que l’heure de la substitution des aspirations collectives aux ambitions personnelles a sonné et devrait d’ores et déjà consacrer la mobilisation de tous derrière le projet de société de la Ruche. Et, aux yeux du Pr. Traoré, il s’agit tout simplement de continuer une expérience interrompue et en faveur de laquelle le peuple malien s’était déjà massivement prononcé.  » Nous avons le devoir de ne pas les décevoir », a déclaré Dioncounda parlant du peuple malien, comme s’il était rassuré que les suffrages et la confiance de ce dernier ne feront pas défaut à l’Adéma aux futures élections de 2012.

A.    KEITA

Aurore