Code électoral Pour des réformes et non des réformettes, bientôt une crise de vocation ….

Au Mali, l’élection du maire a quelque chose de malsain. Actuellement, un seul conseiller élu sur sa liste peut devenir arbitre, pire, se retrouver maire. Mal élu, il ne pourrait que mal gérer. Le parti avec le plus de conseillers peut se faire écarter par le jeu des alliances contre nature ayant pour but unique le partage des lots, pour ne pas dire spéculation foncière. Dans le projet soumis à notre Chambre nationale d’enregistrement, pardon à notre Assemblée nationale présidée par le beau-père national,  Saint Issiaka Sidibé, il est écrit que la tête de liste de la liste arrivée en tête est maire. Très bien, cela consacre le fait majoritaire, et en démocratie, c’est normalement la majorité qui règne.

Mais il est aussi précisé que les postes d’adjoints seront soumis à l’élection. De ce fait, un maire peut être entouré de ses pires opposants, d’où un risque de paralysie de l’action municipale. L’idéal serait d’attribuer 60 pour 100 des sièges de Conseillers à la liste arrivée en tête, de sorte que le maire puisse distribuer à souhait ses postes d’adjoints et laisser les Conseillers de l’opposition en dehors de toutes gestions municipales, afin qu’ils contrôlent et rendent compte à la population. L’élection des adjoints maintiendrait le consensus qui a transformé nos mairies en de vastes lieux de prostitution politique. Ou bien d’instituer un second tour où tous les partis ou listes ayant 5 pour 100 des voix peuvent se présenter, mais d’interdire tout panachage entre les listes et cette fois-ci d’attribuer 55 pour 100 des voix au parti ou liste arrivé (é) en tête et la désignation de sa tête de liste comme maire.

Au-delà de l’élection du Conseil municipal et du maire, il serait souhaitable de voter une loi écartant les maires et les conseils municipaux de Bamako, de toutes les régions, hormis Kidal et Gao (qui ont besoin d’être peuplés) et des communes à 150 kilomètres  de Bamako de toutes les questions relatives au foncier. Que l’État, à travers ces démembrements, s’occupe des lotissements et de toutes les questions foncières. Cette fois-ci que les Conseillers municipaux sont justes des observateurs, soucieux de leur terroir. Un ancien maire d’une commune de Bamako avait dit, après avoir été arrêté, emprisonné, libéré puis dédommagé (car l’État du Mali perd presque tous ses procès) que : «Il faut être maudit pour rester en prison au Mali, après avoir été maire d’une Commune de Bamako». Tout est dit, comme il n’est plus de ce monde, m’a t- on dit, ne pouvant point se défendre, taisons son nom.

Avec ses quelques réformes du foncier, bientôt des mairies manqueraient de candidats. Il est temps que le pouvoir politique, à son sommet, comprenne que le Mali a des limites. Que de la façon dont Bamako et certaines régions s’étendent, n’augure de rien de bon pour le futur du Mali. À moins que nos dirigeants aient en tête que le futur de leurs rejetons se trouve ailleurs, en Europe, au Canada et aux USA où ils envoient accoucher leurs femmes. Histoire de citoyenneté oblige !

Tous ceux qui veulent que ça marche sereinement au Mali actuellement, que la corruption et l’impunité s’arrêtent, sont traités de jaloux, d’aigris, de méchants, d’hypocrites…Franchement, c’est un honneur d’être qualifié de la sorte, merci pour l’hommage du vice à la vertu.

Boubacar Sékou SOW

boubacarsow@hotmail.fr
Source: Le Reporter 2014-09-24 09:50:39