Bars anarchiques, code de la Famille, élections générales de 2012

En plus du président de la « Limama », El Hadj Mohamed Fodié Cissé, son Secrétaire général, El Hadj Boubacar Camara, les leaders du Haut Conseil islamique, l’Imam Mahmoud Dicko et Ousmane Chérif Haïdara, étaient présents à ce meeting, ainsi que le représentant du Gouverneur du district de Bamako. Comment freiner la prolifération anarchique des bars et maisons de tolérance se livrant à des pratiques  allant à l’encontre de l’islam ? Telle était la grande question du jour. Si le rôle des imams est capital dans la vie et la  cohésion de la société malienne, c’est parce qu’ils sont à la fois le tocsin et la sentinelle de la morale publique. D’où leur  implication face aux maux qui la menacent et la minent : l’insécurité, particulièrement celle routière, le Vih/Sida… Selon le président de la Limama, El Hadj Mohamed Fodié Cissé , les imams ont largement contribué à la recherche de solutions. Il faut rappeler que  le « meeting » des imams, hier dimanche faisait suite au saccage par des musulmans d’un hôtel bar –restaurant à Kalaban Coro en Commune V, lundi dernier 26 septembre.   

Après un sit-in des musulmans devant la mairie de la commune V, puis une rencontre avec le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités, Kafougouna Koné, ce dernier a ordonné la mise en place d’une commission constituée de leaders religieux (musulmans et chrétiens), de chefs de quartier, de représentants des forces de sécurité, du ministère de la sécurité, etc…, dans chaque commune. Objectif : recenser bars et « maisons de passe » dans chaque commune et voir s’il y en a qui ne sont pas réglementaires. Pour le président de la Limama, rien qu’en Commune V, il n’y a pas moins de 160 maisons du genre, contraires aussi bien aux préceptes religieux qu’aux dispositions du décret n°6-340 PRM du 31 mai 2006. Le décret en question dispose que les bars doivent être éloignés des lieux de culte, des cimetières, des centres de santé et des hôpitaux, ainsi que des camps. Un texte de loi du reste rappelé aux maires par les gardiens de la foi a insisté El Hadj Mohamed Fodié Cissé.

Des lors que pouvait trouver à dire Kafougouna Koné aux Imams, venus le rencontrer à son département ? C’est ainsi que la décision avait été prise, lors d’une réunion qui a regroupé tous les ministres concernés (administration, sécurité, tourisme, décentralisation, communication), la police, les six maires, d’appliquer les textes régissant les bars, donc de fermer tous les bars et restaurants qui ne respectent pas les normes édictées dans le décret n°6-340 PRM du 31 mai 2006. L’Imam Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil islamique a salué les Imams dont les actions sont primordiales pour l’atteinte des objectifs recherchés à travers ce décret. Il a tenu un discours d’apaisement, invitant les fidèles à ne pas se laisser emporter par leur colère, à ne pas céder à la provocation, souvent savamment orchestrée par ceux qui ne souhaitent pas voir aboutir ces œuvres de salubrité. Le décret existe et le constat a été clairement fait aujourd’hui qu’il est largement violé. Plus de 30 % des bars à Bamako ne respectent pas les dispositions du décret et dans la plupart des cas, n’ont aucune autorisation. Dans certaines communes, le nombre de bars atteint la centaine, tandis que dans d’autres, ils vont au-delà. Plus de 425 bars et maison de passe ont été déjà recensés à Bamako. Grâce aux commissions installées, les musulmans ont la situation de ces lieux. Pour lui, les musulmans n’ont demandé aux autorités que le respect de leurs propres textes.

Il a appelé, en outre, à la vigilance les fidèles lors des élections à venir, car ces maires, ces députés sont là sur la base d’élections. Selon l’Imam Dicko, le Haut Conseil islamique n’a pas été appelé pour se voir offrir le poste de président de la Ceni. « Nous n’allons pas laisser le pays entre les mains des politiciens. Ils nous taxent de faire de la politique, cela ne doit pas nous distraire. Il n’est pas question d’attendre qu’on nous élise quelqu’un, les musulmans doivent se tenir debout. Nous allons jouer le rôle qu’il nous revient de jouer dans notre pays. Nous ne visons pas Koulouba, qu’ils se tiennent tranquilles, mais peut-on construire un pays sur des détournements ? Faisons de ces élections les nôtres en nous impliquant comme il faut ».  

Se prononçant sur l’évolution du projet de code de la famille et des personnes, l’Imam Dicko a indiqué qu’il sera à l’ordre du jour de la session d’octobre de l’Assemblée nationale qui s’ouvre ce lundi, pour trois mois. Le projet sera normalement soumis au vote avec les amendements qui ont fait l’objet d’entente. « Nous allons voir si cela sera respecté ». Si tel n’est pas le cas, celui qui sera responsable de toute modification unilatérale dans ce qui a été déjà convenu avec les ulémas, aura  à faire avec eux, a mis en garde l’Imam Dicko.    

Le représentant du Gouverneur M. Haïdara a réitéré la disponibilité de l’autorité à contribuer à lutter contre ces bars qui violent les textes. Il a invité les musulmans à rester derrière la loi et à en signaler son non respect aux autorités.   

B. Daou

Le républicain 03/10/2011