À 41 ans, Assimi Goïta est devenu l’un des visages les plus emblématiques de la nouvelle vague de dirigeants militaires en Afrique de l’Ouest. Officier des forces spéciales et ancien inconnu du grand public, il est aujourd’hui à la tête du Mali, un pays secoué depuis plus d’une décennie par des crises politiques et sécuritaires.
Né en 1983 à Bamako, dans une famille militaire, Goïta s’inscrit très tôt dans le sillage des armes. Il est formé au Prytanée militaire de Kati, puis à l’École militaire interarmes de Koulikoro. Il complète son parcours par plusieurs stages à l’étranger — aux États-Unis, en France, en Allemagne —, avant de rejoindre les forces spéciales maliennes. Il y gagne ses galons sur le terrain, dans la traque des groupes djihadistes qui sévissent dans le centre et le nord du pays.
C’est le 18 août 2020 que son nom surgit dans la lumière : à la tête d’un groupe d’officiers, il renverse le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qu’il dirige devient l’organe de transition. Sous pression de la communauté internationale, Goïta accepte de s’effacer derrière un président civil de transition, Bah N’Daw. Mais moins d’un an plus tard, en mai 2021, il reprend les rênes du pouvoir par un second coup de force, qu’il justifie par un « manquement à la charte de la transition ».
De Bamako à Moscou
Depuis, Assimi Goïta incarne une rupture avec l’ordre établi. Il tourne le dos à la France, remet en cause la présence militaire étrangère, et entame un rapprochement assumé avec la Russie, notamment à travers la présence du groupe Wagner. En parallèle, il cherche à renforcer les liens économiques et diplomatiques avec la Turquie, l’Algérie, ou encore la Chine.
En octobre 2024, il est promu général d’armée à titre exceptionnel, une décision qui renforce sa stature à la fois symbolique et institutionnelle. En avril 2025, une série de concertations nationales recommandent qu’il reste à la tête du pays pendant une période supplémentaire de cinq ans — une proposition qui alimente les critiques, notamment de la CEDEAO, qui voit dans cette prolongation une dérive autoritaire.
Une figure en construction
Fidèle à un discours souverainiste, Goïta se présente comme un « soldat au service de la nation ». Admirateur de figures panafricaines comme Thomas Sankara, il cherche à incarner un leadership fort, enraciné dans les valeurs traditionnelles et nationales. Dans l’opinion malienne, il bénéficie encore d’un certain crédit, porté par la lassitude envers les élites politiques classiques. Mais son pouvoir repose sur un équilibre fragile entre défis sécuritaires persistants, tensions régionales et attentes sociales.
Marié à Lala Diallo, première dame discrète mais présente, Assimi Goïta reste un personnage énigmatique : réservé, peu bavard, souvent en tenue militaire, il cultive l’image d’un homme d’action plus que celle d’un tribun.
À la croisée des chemins entre militaire et politique, patriote et stratège, Assimi Goïta est, pour ses partisans, l’artisan d’un Mali nouveau. Pour ses détracteurs, il reste un chef militaire arrivé au pouvoir par la force, dont les ambitions à long terme restent floues.
La rédaction
Diasporaction.