APRÈS LA PRISE DE KIDAL   Des actes forts attendus du gouvernement pour rassurer les populations et donner une chance à la paix

Les forces vives du Mali ont salué la prise de Kidal le mardi 14 novembre
2023 par les Forces armées maliennes (FAMa). Mais, malgré l’euphorie
de ce succès militaire,  elles sont conscientes de la nécessité du retour
rapide de l’administration afin  d’offrir les services sociaux de base aux
populations et aussi renouer le dialogue avec la Coordination des
mouvements de l’Azawad (CMA) et tous ceux qui souhaitent revenir dans
le juron de la République pour instaurer la paix et stabiliser le pays.
Autrement, dans les jours à venir, des actes concrets sont attendus du
gouvernement pour faire de cette victoire militaire un tremplin pour la
paix et la stabilité.

«Les autorités ont accompli le rêve de tout un peuple à travers la restauration
de la souveraineté et de l'intégrité du territoire» ! C’est ce qu'a déclaré le
Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-
RFP) après l’entrée triomphale des Forces armées maliennes (FAMa) à Kidal
le mardi 14 novembre 2023. «Le Mali restera indivisible», a réagi Pr. Salikou
Sanogo, président d'Espoir pour la démocratie et la République (EDR), qui a
néanmoins exhorté les protagonistes à «poursuivre le processus de
réconciliation».
On comprend ainsi les scènes de joie  et les manifestations spontanées qui
ont eu lieu un peu partout à travers le Mali (Bamako, Kati, Kayes, Ségou…
Kidal) dès la confirmation de cette victoire par le chef suprême des armées,
Colonel Assimi Goïta, dans un message qui a fait l’objet d’un flash spécial à la
télévision nationale (ORTM). Et dans la foulée, les partis politiques, les
organisations de la société civile et même des membres du gouvernement ont
multiplié les communiqués et les déclarations sur les réseaux sociaux.
«Cette victoire permet de récupérer aux terroristes Kidal qui était ces
dernières années le chaînon manquant de notre intégrité territoriale», a confié
un manifestant sur la Place de l’indépendance de Bamako. «La date de ce 14
novembre 2023, est désormais inscrite dans les annales de l’histoire politique
du Mali», a martelé un autre. Depuis l’annonce de la victoire des Forces de
défense et de sécurité (FDS) sur les Groupes armés terroristes dans la région
de Kidal, les partis politiques, les organisations de la société civile, des
membres du gouvernement ont multiplié les communiqués et les déclarations
sur les réseaux sociaux. L’Union pour la République (URD) a ainsi salué la
prise par les FAMa, suite à «de violents combats», de Kidal «fief de toutes les
rebellions qui ont régulièrement mis à mal l’intégrité de notre territoire et l’unité
nationale».
Pour ce parti, «cette victoire de notre armée nationale représente la fin d’une
période et le début d’une époque glorieuse pour notre pays». L’URD a
demandé au gouvernement de prendre «les mesures nécessaires pour le

redéploiement de l’administration dans les zones libérées» afin d’apporter aux
populations «les services sociaux de base». Il a exhorté ses «frères des
mouvements armés» à se ressaisir et à revenir à la table des négociations qui
est «la seule voie pour un règlement pérenne de ce différend qui n’a que trop
duré».

Un cessez-le-feu pour renouer le fil du dialogue et parvenir à une
véritable réconciliation nationale
Le parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM) s’est réjoui de
la victoire de l’armée régulière comme «un acte de bravoure» qui doit
annoncer le début «d'une paix durable dans cette partie importante de notre
pays». Cependant, a précisé le communiqué de la CODEM, «le parti demeure
convaincu que seul un cessez-le-feu peut ouvrir la voie au dialogue pour
parvenir à une véritable réconciliation nationale entre tous les fils du Maliba».
Pour l’Adema-Pasj, il est nécessaire de «poursuivre les opérations de
sécurisation». La «Ruche» a salué le «professionnalisme des FAMa» et exigé
«le désarmement de la CMA». Quant au président d’honneur de l’ADP-Maliba,
Aliou Boubacar Diallo, il s’est réjoui de «la brillante reconquête de Kidal» qui
«prouve à suffisance que notre armée est bien montée en puissance». Les
héritiers de feu Ibrahim Boubacar Kéita (Rassemblement pour le Mali/RPM)
ont également félicité «les autorités militaires» et ont rendu hommage aux
FAMa tout en demandant à «la population de Kidal de faire confiance à son
armée nationale».
Pour le président des Fare Anka Wuli, Modibo Sidibé, «la bravoure et le
dévouement des FDS continuent d’être une véritable inspiration pour
l’ensemble de nos concitoyens». Il a exhorté les autorités de la transition à
«œuvrer à un retour rapide de l’administration et des services sociaux dans
cette région afin que tous les Maliens y bénéficient de l’accompagnement et
de la protection de l’Etat dans une démarche alliant sécurité et
développement».
L’ancien Premier ministre Moussa Mara a félicité les autorités de la transition
et les FAMa pour «cet important progrès réalisé vers la stabilisation du Mali».
Et de souhaiter, «ensemble, donnons-nous la main vers les prochaines étapes
à travers le retour complet de l'administration et la fourniture des services
auxquels chacun de nos compatriotes a droit…». Son parti, «Yelema»
(Changement a aussi publié), a publié un communiqué pour saluer «l’entrée
des FAMa dans la ville malienne de Kidal près d’une décennie après sa prise
en otage par une alliance entre une partie de nos compatriotes et des forces
terroristes venues d’ailleurs».
Pour cette formation politique, «il faut revenir à la table des négociations pour
voir comment construire ensemble le Mali». Toutefois, a-t-elle rappelé,
«l'intégrité du territoire n'est pas discutable». Pour le parti Espoir Mali Koura
(EMK), «les FAMa ont rempli leur part de mission en portant le coup fatal au
centre de gravité du complot de partition de notre pays». Mais, a-t-il averti
dans un communiqué, «ne nous faisons pas d’illusions, cette victoire militaire
n’est qu’une étape de la lutte patriotique contre la guerre d’usure multiforme

que la France et alliés continueront à mener contre le virus malien, vecteur de
libération et d’émergence des peuples africains».

Sortir d’une économie de survie pour amorcer la voie de l’émergence
afin de combler les aspirations du peuple
Il a invité les forces vives du pays à «redoubler d’efforts pour consolider et
compléter la victoire militaire» par un travail politique d’organisation,
d’éducation et de mobilisation du peuple sur le sentier d’avènement du Mali
Koura ; et le soutien au pouvoir de transition dans la «reprise en main de notre
économie», pour sortir le pays d’une «économie de survie à une économie de
développement afin de satisfaire les besoins vitaux du peuple».
Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale,
Abdoulaye Diop, a indiqué sur son compte «X» que cette victoire est «une
avancée considérable dans le sens du recouvrement de la souveraineté
nationale, l’intégrité du territoire et le renforcement de l’unité nationale. Elle
démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali. Les
sacrifices consentis n’ont pas été vains».
Pour le chef de la diplomatie malienne, «la reprise des emprises de la
Minusma, y compris dans la région de Kidal, a été opérée conformément aux
dispositions pertinentes de la résolution 2690 (30 juin 2023) du Conseil de
sécurité des Nations unies». Il a aussi assuré que notre pays va poursuivre
«son engagement dans la lutte contre le terrorisme ainsi que son action pour
la paix, la réconciliation, la consolidation de l’unité nationale et la stabilité dans
la région» du Sahel.
«Journée historique pour l’ensemble des Maliens, spécialement les Forces de
défense et de sécurité», a commenté sur «X» Colonel Abdoulaye Maïga,
ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation,
porte-parole du gouvernement. Comme l’a rappelé l’ex-ministre de la Justice,
Malick Coulibaly, «cette éclatante victoire doit être utilisée à bon escient. Elle
doit servir de tremplin pour renforcer continuellement les capacités
opérationnelles de notre armée. Elle doit surtout nous permettre de gagner la
paix. Elle nous oblige à resserrer davantage les rangs et à renforcer l'union
sacrée autour du Mali».
Autrement, le plus dur reste à faire maintenant : ne plus jamais revenir à la
case-départ ! Et pour ce faire, il faut poser des actes pour mieux sécuriser la
région voire notre septentrion et aussi pour rassurer les populations qu’elles
ne sont pas des laissées pour compte de la République.
Moussa Bolly