JOURNÉE DES LÉGITIMITÉS TRADITIONNELLES   Des «régulateurs sociaux» à revaloriser pour mieux prévenir les conflits

Le Mali a célébré  pour la seconde année consécutive ses légitimités
traditionnelles. L’événement (organisé par le ministère de l’Artisanat, de
la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme) a eu lieu le 11
novembre 2023 au CICB  sous la présidence du Colonel Abdoulaye
Maïga, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale/porte-
parole du gouvernement. Il avait à ses côtés des membres du
gouvernement, les chefferies traditionnelles et religieuses ainsi que des
représentants de la société civile. Pour la circonstance, les légitimités
traditionnelles ont été appelées à réfléchir sur la prévention et le
règlement des conflits dans notre pays voire dans la région du Sahel.

«Comment s’appuyer sur les pratiques de ces légitimités qui parviennent à
gérer, traiter et à solutionner les crises» ? C’est la quête d’une réponse
réaliste à cette question qui a inspiré le thème de cette la seconde édition,
«place et rôle des légitimités traditionnelles dans la prévention et le règlement
des conflits» ! Célébrée le 11 novembre, cette journée consacrée aux
légitimités traditionnelles par les plus hautes autorités du pays offre un espace
essentiel pour discuter du rôle important des traditions ancestrales dans la
consolidation de la paix et de l’harmonie au sein de notre société en mettant
en lumière leurs valeurs.
«C’est un bel hommage rendu à ces personnalités qui méritent tout notre
respect et notre considération», a souligné M. Andogoly Guindo. Il a rappelé
que la décision (décret n°2022-0128/PT RM du 4 mars 2022instituant la
Journée nationale des légitimités traditionnelles) du président de la Transition,
Colonel Assimi Goïta, de les célébrer désormais le 11 novembre vise à
«valoriser leurs fonctions, à réaffirmer leur ancrage dans la société et ainsi
qu’à contribuer à densifier notre système de gouvernance, à promouvoir la
paix, la cohésion sociale, le vivre ensemble et soutenir la refondation de
l’Etat».
Elle vise à leur restituer leur vraie place afin qu’elles puissent jouer pleinement
leur rôle dans la refondation du Mali Kura, qui ne saurait être faite en
l’absence de ses piliers de la nation. Cette initiative découle également de la
volonté politique d’accorder une importance capitale à l’implication de ces
légitimités dans la résolution pacifique des conflits tout en renforçant l’unité et
la cohésion nationale.
«Le défi de cette 2e édition consiste à mettre en place une gouvernance locale
plus légitime comme politique de décentralisation et de développement locale
et en tirer davantage les dynamiques socioculturelles réelles», a souligné le
ministre d’Etat (ministre de l’Administration territoriale et de la
Décentralisation/porte-parole du gouvernement), Colonel Abdoulaye Maïga qui
représentant le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. Il a rappelé
que ce thème fait écho à la qualité de «régulateurs sociaux» qu’incarnent les

autorités traditionnelles. Et d’ajouter, «la problématique interpelle à rechercher
des solutions aux différentes crises qui secouent notre pays depuis une
décennie, surtout de participer constamment au maintien de la paix».
La célébration de cette journée a réuni au CICB toutes les légitimités
traditionnelles du pays, notamment les familles fondatrices de Bamako, les
chefferies des Dosons, la chefferie des griots, les chefs de village, de tribus de
quartier, de fractions… Après avoir fait part de leur gratitude au gouvernement,
ont affirmé leur total soutien aux autorités de transition pour jouer pleinement
leur rôle dans la refondation du Mali Kura. «Nous sommes avec vous, nous
sommes prêts à mourir pour vous… Nous sommes prêts à nous sacrifier pour
l’unité et la paix au Mali», a assuré le représentant des patriarches du nord,
Bajan Ag Hamatou. Le patriarche des familles fondatrices de Bamako a
abondé dans le même sens en remerciant le Colonel Assimi Goïta pour avoir
«restauré l’honneur, la dignité et la place des autorités coutumières afin
d’ancrer notre pays dans ses valeurs ancestrales».
Cette seconde édition a été rehaussée par la présence de quelques invités
spéciaux venus du Burkina Faso, dont le représentant de sa majesté Moro
Naaba (Roi du Royaume Mossi) qui a été chaleureusement salué pour son
déplacement. Plusieurs autres activités ont été effectuées au cours de cette
journée notamment des jeux d’éducation, des exposition-photos sur les
grandes figures des légitimités traditionnelles et des consultations médicales
gratuites ophtalmologiques.
Comme l’avais souhaité le ministre Guindo (l’Artisanat, de la Culture, de
l’Industrie hôtelière et du Tourisme) à l’ouverture de la journée, les débats ont
permis «un partage fructueux» tout en définissant «des stratégies pouvant
mener à une meilleure implication des légitimités traditionnelles dans les
prises de décisions sur les questions de paix, de réconciliation, de
développement local et dans le processus de refondation de l’Etat» !
Sory Diakité

LE Matin