ADMINISTRATION PUBLIQUE MALIENNE La nécessité d’un audit de la Fonction publique

En ce qui concerne les 263 radiés, nos sources indiquent que ce sont des gens qui,en plus de la falsification des diplômes universitaires (des gens d’une autre filièrequi se retrouvent sociologues, ou encore des sortants de la Flash qui se retrouventà la douane), ont été inscrits aux numéros matricules de fonctionnaires décédés oudémissionnaires. On comprend maintenant pourquoi les besoins sont généralementinsignifiants pour ne pas dire inexistants lors des concours de la Fonction publique,parce que les postes sont généralement pourvus en catimini, sans concours.Le ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat, chargé des Relationsavec les institutions, Mamadou Namory Traoré, a dit à la presse qu’il ne reviendrapas sur sa décision et qu’un concours digne de foi sera organisé pour combler levide. C’est bien dit, sauf qu’il n’a pas prétendu poursuivre son effort en procédantune bonne fois pour toute à un véritable audit de la Fonction publique, un vœupourtant cher à Cheick Modibo Diarra. L’Etat à travers les ministres de la Fonctipublique, de la Réforme de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions ; dela Justice, garde des Sceaux ; de la Défense et des Anciens combattants ; de lacrever l’abcès au niveau de la Fonction publique malienneSécurité intérieure et de la Protection civile, doit faire l’audit de ses fonctionnaires.L’implication des ministres respectifs : Malick Coulibaly, Yamoussa Coulibaly etTiéfing Konaté procède du fait que les magistrats et les forces de défense et desécurité ont des statuts particuliers.Les fraudeurs dehorIl sera impossible de dénicher tous ceux qui ont intégré la Fonction publique sansle mérite, étant donné que certains ont légalisé leur intégration par des concoursde formalité, mais on peut quand même répertorier tous ceux qui sont rentrés pareffraction. Ceux qui, n’ayant pas fait de concours se sont retrouvés un beau matindans la Fonction publique de l’Etat par le fait d’une relation. Et Dieu seul sait qu’ilsont nombreux dans ce cas, parce que contrairement à ce que peuvent penserbeaucoup de gens, les 263 radiés sont loin d’être la liste exhaustive des irréguliersde la Fonction publique malienne. Ils ne sont même pas la moitié de ceux qui l’ontintégrée frauduleusement entre 2011 et 2012, puisque des sources bien informées,plus de 1500 personnes ont intégré en début 2012 la Fonction publique sans savoirce qu’on entend par concours.

C’est dire que si les autorités du pays doivent se limiter à la radiation de cesquelques resquilleurs, elles seront accusées d’avoir fait deux poids deux mesures,parce que la pratique ne date pas de 2011-2012. C’est une pratique aussi vieilleque l’avènement de notre démocratie et les présentes victimes risquent d’être desagneaux sacrificiels d’une pratique aussi vieille qu’abominable. Alors qu’elles n’ontfait que suivre les traces des devanciers blanchis sous le harnais. Pour éviter doncde discréditer l’opération, qu’on put qualifier  » emploi saint », par un sentiment d’unejustice à plusieurs vitesses, nos autorités doivent avoir le courage de procéder à un véritable audit des fonctionnaires de l’Etat en vue de se débarrasser des parasiteset donner la chance aux ayants-droits. Il faut chasser les recrues de la fraude et lesfaux diplômes.

Si l’Etat fait un audit, il va non seulement chasser les moutons noirs, mais surtoutalléger ses charges en ces temps où il peine à faire face à ses dépenses. Ilpermettra ainsi au ministre des Finances et du Budget, Tiéna Coulibaly, de pousseun ouf de soulagement.

Abdoulaye Diakité

L’indicateur Renouveau 08/10/2012