US ET COÛTUME : LE CHANT ET LA DANSE TRADITIONNELLE KHASSONKE 

Le Festival Ogobagna a une fois de plus permis aux Dogons et à d’autres groupes ethniques d’étaler leur résilience à travers la diversité de culturelle

Ce numéro des us et coutumes est consacré au chant et à la danse Khassonké. Vivants principalement au Mali, dans la région de Kayes, les Khassonkés qui sont issus du brassage Malinké-Peulh, ont toujours pratiqué la danse du « Dansa » lors des cérémonies traditionnelles comme les mariages, baptêmes et souvent lors de l’intronisation des chefs coutumiers Khassonkés.

Rythmé par des instruments de musique traditionnelle tels que le tambour, le Doundounba et le Tantanno, la danse du Dansa nécessite l’accompagnement d’un ou plusieurs chanteurs et danseurs. C’est une danse très physique qui se pratique sur deux rythmes lents au démarrage et très cadencés à la fin. Le Dansa est plus dansé par les femmes sans toutefois être interdit aux hommes. À l’origine, il appartenait aux nobles mais il est vite devenue populaire. Pour bien dansé, il faudra prendre appui sur tes pointes des pieds, soulève tes talons et tourne sur toi-même. Avec bras tendus vers l’horizon, il faut ensuite vibrer tout ton corps. Toute chanson en milieu Khassonké a un sens bien défini, à chaque caste correspond une chanson d’honneur et une danse bien caractérisée par leur provenance ancestrale. On a d’abord le Dansa qui est une Danse typiquement Khassonké et identitaire. Le Dansa une danse des nobles (horon) à l’origine, elle est devenue populaire et aujourd’hui dansé par toutes les classes sociales. 

Le Sandia est une danse des griots (djely). Il est notamment dansé lors d’un mariage entre deux griots Khassonké et elle est caractérisé par des balancements rapides de la tête de gauche à droite et d’avant en arrière.  Ensuite Djubalia, elle est la danse des esclaves ou captifs (djon), elle est caractérisée par la danse des fesses. Le noumoudon et le niandeladon, ce rythme de danse est divers et souvent accompagné par des jeux de hanches et elles s’identifient par des sautillemment. Le Domba et le Garanguedon sont les danses des cordonniers (garangue).

En faisant un bref rappel historique on se rendra compte que les Khassonkés sont issus du métissage des Malinkés et des Peuls. Ils font partie du Manding. Dans la culture khassonké, notamment la langue, les apports Soninkés, et Maures sont importants. Au XVIe siècle, des Peuls pasteurs originaires du Fouta Toro, de patronymes Diallo, s’installèrent dans les actuelles régions englobant le Diakhitéla et le Tomora. Ils avaient comme chef un nommé Diadié Kundabalo (voulant dire « qui n’est pas coiffé » ; sa chevelure n’était pas tressée, comme chez la plupart des hommes de l’époque). Cette région était peuplée pour l’essentiel de Malinkés. Les Peuls étaient soumis à l’autorité des Malinkés, de façon très dure. C’est ainsi que vers la fin du XVIe siècle, les Peuls se révoltèrent, avec Yamadou Hawa, descendant de Diadié Kundabalo, pour chef. Une bataille eut lieu à Toumbifara. Les Peuls victorieux échappèrent ainsi à l’autorité des Malinkés. Par la suite, ces Peuls et Malinkés se métissèrent ainsi qu’avec des éléments Soninkés et Maures, fondant ainsi la langue et le peuple khassonké.

Cependant, bien qu’ils parlent la même langue, ont les mêmes coutumes, habitent la même aire géographique et sont tous cultivateurs, certains Khassonkés revendiquent leur origine peule : c’est le cas des familles : Diallo, Sidibé, Diakité, tandis que d’autres revendiquent leur origine malinké, c’est le cas des familles : Sissoko, Konaté, Dembelé.

C’est la dynastie des Bambéra, créée par Diadié Kundabalo, qui fonda le Royaume du Khasso. Le fils de Yamadou Hawa, Sega Doua, fut le premier roi du Khasso. En 1800, à la suite des guerres fratricides entre les Bambéra, le royaume du Khasso éclata en 5 provinces, toutes gouvernées par un des membres de la dynastie Bambéra. Le Khasso, après les attaques des Bambaras du Kaarta, les razzias des Maures, les ravages de l’esclavage, les attaques du conquérant toucouleur El Hadj Oumar Tall, tomba sous la domination des colons français à la fin du XIXe siècle. Le mot Khassonké vient du mot Khasso (khassa au singulier), qui désigne en malinké la laine. Lorsque les Peuls dirigés par Diadié vinrent s’installer chez les Malinkés, ils portaient sur eux des boubous en laine (khasso). Ce nom est donc resté et a été donné à la région. Khassonké signifie « porteur de khasso ». Soninkés, Bambaras, Malinkés, Peuls, Maures, Toucouleurs et Wolofs cohabitent avec les Khassonkés

En somme, malgré son importance dans notre culture, la danse et la langue Khassonké notamment le Dansa sont en voie de disparition car la jeunesse est influencée par d’autres danses plus contemporaines. 

Oumou SISSOKO

Source: Alternance