Untm-Cstm, Sadio Gassama-Niamé Kéita : ça va mal, Dieu merci !


Le Premier ministre pourrait trouver normal et ordinaire la querelle entre les deux syndicalistes. En revanche, le bras de fer  entre un ministre et son subordonné  doit la laisser perplexe. Et elle n’est pas la seule. D’autant qu’il  ne s’agit pas d’un petit malentendu transcendé avec le temps mais d’une haine sourde aggravée au fil des mois et étalée sur la place publique, à travers les manchettes de la presse. Dernier épisode du feuilleton sanglant : le 1er mai où le traditionnel défilé qui a failli être endeuillé. C’est, en tout cas, l’avis de l’Untm dont un millier d’affiliés ont manifesté, le 5 mai, leur mécontentement au gouvernement, le 5 mai, coupable à leurs yeux de n’avoir pas assuré leur sécurité le 1er mai. Ce jour, Siaka Diakité, le patron de l’Untm, déplore que des policiers -affiliés à la Cstm de Hamadoun Amion Guindo- aient empêché ses militants de défiler.

Le leader de l’Untm est précis : « un groupe de policiers déchaîné s’est attaqué à notre siège occasionnant des dégâts matériels, battant certains de nos responsables et mettant nues deux jeunes filles qui avaient du mal à cacher leur intimité sous les lambeaux de vêtements ». Il constate, furieux, que tout ceci s’est passé sous les yeux de « neuf ministres de la République ».

Associations fatales Deux syndicats de policiers qui se font la guerre ?  « Affirmatif » relève un observateur écœuré. « Un groupe se réclame du Ministre de la Sécurité intérieure » dont relève la police. Et  « l’autre groupe roule pour le Directeur national de la Police ». Le ministre et le directeur ne se parlaient plus depuis plusieurs mois, et tout le monde le sait. Au début ça paraissait un peu curieux et Bamako s’en amusait. Mais très vite, l’inimitié, de source policière, « a entravé le fonctionnement harmonieux de la Police ». Elle a même crée deux polices, selon notre interlocuteur. Celle qui prend ses ordres chez le ministre et celle pour qui seul le directeur compte. Tout y est passé : refus d’exécuter les instructions de la hiérarchie, prises de bec publiques entre les frères ennemis et même pas en soninké, la langue qu’ils ont en partage, articles de presse signés de policiers. Et on en oublie. L’affaire de  l’assurance maladie obligatoire n’est pas pour les rapprocher. L’Untm est pour, y compris donc le syndicat de police -pro Sadio Gassama- qui lui est affilié. La Cstm est résolument contre et s’appuie même sur le syndicat de police pro-Niamey pour demander la démission de Siaka Diakité.

L’association fatale est faite : Sadio Gassama égale Siaka Diakité et Niamé Keita égale Amion Guindo. Guerre totale et pas d’erreur. Car les peaux de banane ne pardonneraient pas… C’est, sans doute ce que la Cstm avait perçu ce 5 mai où son patron, retourne un petit colis piégé au Ministre du Développement social.  Le 3 mai, le syndicaliste qui l’avait sollicité, par écrit, pour un appui financier en vue d’une activité thématique reçoit une réponse diligente sous la forme du chèque BMS 0647205 daté du 4 mai 2011. Le montant : 5 millions Cfa.

Ce qui est très gentil sauf que le royal cadeau est donné par le Canam. Riposte immédiate par écrit le lendemain : la Cstm retourne le chèque. Son motif : « nous ne voulons pas d’appui budgétaire de la Canam qui est aujourd’hui un objet de discorde entre le Gouvernement et la Cstm ». Et d’enfoncer le dernier clou sur le cercueil : d’ailleurs, « nous avons demandé l’appui au Ministère et non à la Canam, soit-elle une structure gérée par ledit Ministère ». Ca se passe au Mali et nulle part ailleurs. Pourtant, pour nombre de parties, le bras de fer Sadio Gassama-Niamé Keita ne peut plus durer sans conséquences pour le pays.  

Adam Thiam

Le républicain 10/05/2011