Un jeune operateur économique réussit l’exploit de réunifier la jeunesse divisée plus de 20 ans

En acceptant de battre lui-même les cartes de la réconciliation et les remettre aux jeunes, il a accepté de facto le parrainage de cette fête de grandes retrouvailles. Nous l’avons approché afin de savoir les motivations qui l’ont amené à réunifier les jeunes Maliens de Côte d’Ivoire.

Diasporaction.com : Bonjour Monsieur ! Présentez-vous aux lecteurs.

Je suis Camara Mamadou, jeune ressortissant Malien et opérateur économique, vivant et travaillant en Côte d’Ivoire.

Diasporaction.com:Comment expliquez-vous votre présence à ce moment de célébration des 54 ans d’indépendance du Mali ?

CAMARA MAMADOU : J’y étais en tant que parrain. Et je profite d’ailleurs de cet entretien pour adresser à double titre, mes remerciements à la jeunesse Malienne résidant en Côte d’Ivoire ; d’abord en tant que parrain, pour la considération et le choix portés sur ma jeune personne pour le parrainage de ce moment qui met en avant première le Mali, mon pays que j’aime de tout mon cœur. Tout le monde veut un jour à un plus haut point, faire quelque chose pour la mère patrie. Et la jeunesse Malienne de Côte d’Ivoire, en portant son choix sur ma modeste personne pour parrainer cet évènement grandissime placé sous le signe de la réconciliation et la paix retrouvée au Mali, j’avais le sentiment de jouer activement un rôle pour le bien-être du Mali et ça j’en suis flatté je ne peux qu’être heureux. Ensuite en tant que jeune qui a été entendu par d’autres jeunes pour que cesse la division au sein de la jeunesse. La division n’arrange rien ; seule l’union fait la force. Les jeunes Maliens de Côte d’Ivoire ont compris l’appel et ont décidé de s’unir et fédérer désormais au sein d’un seul mouvement avec un seul objectif, celui de leur bien-être et par ricoché du Mali et du pays d’accueil la Côte d’Ivoire. Et donc j’étais là pour aussi les soutenir et les encourager dans cette voie.

 

Diasporaction.com: Vous parliez à l’instant de réconciliation et de paix, deux termes sous le signe desquels est placé cet anniversaire. Réconciliation et paix, quel sens accordez-vous à ces deux termes eu égard à la situation que connait le Mali en ce moment ?

CAMARA MAMADOU : Le sens que j’accorde à ces deux précieux termes est tout simple. D’abord la paix. Souvenons nous qu’un grand homme, digne fils d’Afrique que les Ivoiriens ont eu le bonheur et la chance d’avoir comme père fondateur et premier président de la Côte d’Ivoire disait et je cite : ‘’la paix n’est pas un vain mot, mais un comportement’’. Oui ! La paix, c’est s’accepter quelques soit nos différences et nos différents, c’est s’assoir et discuter quand ça ne va pas. C’est se pardonner mutuellement et marcher ensemble la main dans la main, surtout quand nous avons quelque chose comme le pays en commun. Le pays, l’héritage commun que nous ont laissé nos parents, nous devons nous associer pour le construire afin de le laisser nous aussi à nos enfants qui eux le construiront pour le laisser à leurs progénitures, etc. Les Maliens surtout doivent comprendre que sans la paix, on n’arrivera à rien et on sera toujours derrière les autres parce qu’impossible de construire le pays et le développer.

Le deuxième terme qui est la réconciliation, l’expliquant dans le contexte Malien, disons qu’il est à la fois difficile et facile car tout passe par la franchise et la sincérité ; et ça, je le dis sans détour, il faut que l’on soit sincère et véridique envers les Maliens. Il faut qu’on dise la vérité aux Maliens qui sont vraiment frustrés parce qu’on leur cache trop de choses.

Diasporaction.com: Parlons des pourparlers d’Alger en ce moment pour sortir le pays de la crise. Quelles résolutions souhaitez-vous voir être prise à l’issu des ces pourparlers ?

CAMARA MAMADOU : Que les armes soient définitivement déposées, qu’on ne parle plus de la partition du pays, que l’administration malienne soit étendue au nord et surtout à Kidal, que le drapeau Malien flotte sur toute l’étendue du territoire national sans exception. En somme que la crise prenne définitivement fin. Je pense que c’est ce que tous les Maliens souhaitent voir.Mais voyez-vous, quelque chose me dérange dans tous ces pourparlers là, depuis les premiers jusqu’à ceux de maintenant.

Ce qui me dérange, c’est les mises en scène qui entourent ces pourparlers, on trompe les Maliens en allant s’assoir et n’abordant pas les vrais problèmes et genèses de cette crise qui dure des lustres. Ils entretiennent la politique de la langue de bois et se taisent sur les vrais problèmes du Mali. Et pourtant,  Si le pays traverse une crise avec en fond de toilela volonté de partition du pays par d’autres maliens qui veulent créer leur état, c’est  qu’il y’a problème. Question, quel est ce problème ? Pourquoi des Maliens prennent des armes contre d’autres Maliens et veulent créer leur état ?

Alors que le colonisateur avait déjà par des délimitations dont lui seul connait l’explication tracé les frontières et donner au Mali la surface géographique qu’on lui connait. Alors  pourquoi aujourd’hui vouloir balkaniser ce territoire sans que le colonisateur qui pourtant reste présent au Mali s’en oppose ? C’est qu’il y a anguille sous roche. Personnellement, cette situation me révolte au plus haut point. Au non de ces pourparlers, une minorité s’enrichit au détriment de la grande majorité qui est le peuple malien qui lui de plus en plus croupie dans la précarité et tire le diable par la queue aux rythmes de ces pourparlers qui n’en finissent pas et qui à chaque fois, sont en quelque sort des montagnes qui accouchent toujours de souris.Et donc pour répondre à votre question, je voudrais qu’à l’issu de ces pourparlers d’Alger, que la paix et la quiétude reviennent enfin au Mali.

Diasporaction.com: Si l’on considère que la motivation de ceux qui veulent diviser le Mali et avoir leur indépendance s’explique par la marginalisation dont ils disent être victimes et toujours selon eux, le manque de volonté du sud à développer le nord. Alors pour remédier à cela, si le Mali devenait une fédération avec des états économiquement autonomes comme au Nigéria, est ce que cela pourrait arranger la situation et faire sortir le pays de la crise ?

CAMARA MAMADOU : C’est une possibilité car force est de reconnaitre que le Mali est beaucoup trop vaste, et que certaines de ses parties échappent à l’état Malien, d’où le sentiment des populations de ces parties d’être abandonnés à eux-mêmes. Et donc la décentralisation avec une véritable autonomie financière des régions pourraient être une solution. Mais je pense que cette politique avec la mise en place de collectivités territoriales et leur financement est valable au Mali.Mais comme je l’ai dis et ça je reste convaincu qu’on ne peut pas diriger un peuple dans le mensonge. Tôt ou tard, le peuple exigera la vérité et comme on le dit, la vérité triomphe toujours sur le mensonge. Les dirigeants seront forcés un jour à dire la vérité à leurs populations afin d’éviter des dérapages. Et donc autant prévenir ces dérapages en ne mentant pas à ceux qu’on gouverne, que l’on soit un pays avec un seul état ou un pays avec plusieurs états.  

Diasporaction.com: En 54 ans d’indépendance, quel est selon vous le vrai combat que le Mali doit mener ?

CAMARA MAMADOU : Ah! Sans détour, je dirai le combat du développement, de la lutte contre la pauvreté, de politiques efficaces pour un chômage zéro afin que tous les jeunes diplômés maliens en particulier et la jeunesse malienne en général travaillent et participent à la croissance du pays.

Diasporaction.com: Qu’est ce que le jeune Malien et entrepreneur que vous êtes pense de la jeunesse Malienne ?

Je pense qu’elle est beaucoup trop passive et sans être méchant, elle est endormie. Il est temps qu’elle se réveille, se mette débout et prenne son destin en main.

Diasporaction.com: Au Mali le chômage des jeunes est très important. Un jeune sur trois est au chômage. Pour vous quelle est la solution pour palier à ce phénomène  qui a une conséquence fâcheuse sur l’économie du pays et sur la cohésion sociale ?

CAMARA MAMADOU : D’abord il faut que la jeunesse soit bien formée et outillée et surtout que cette formation soit en adéquation avec les attentes du Marché des emplois. Et parce qu’il y a plus de diplômés qui sortent des universités que de recrutés par les entreprises, l’état doit promouvoir les initiatives privées et inciter les jeunes à entreprendre. Je pense que pour ça, ça ne doit pas être difficile vu que le pays regorge d’énormes potentialités et c’est une grande chance pour les jeunes du Mali. Parlant de potentialité, je parlerai de l’office du Niger créé pour permettre au Mali d’être le grenier de la sous région ouest africaine. Voilà un rêve tristement brisé. On peut aussi parlé des frontières maliennes. Le pays est l’un des rares pays au monde sinon le seul qui fait frontière avec plusieurs pays. C’est dire que quelque soit l’endroit du Mali où tu décides de t’installer, tu peux prospérer du fait du brassage culturel. Mais hélas ! Les jeunes maliens restés au pays semblent ne pas être intéressés dans le processus de développement du pays alors que leurs frères de la diaspora à travers le monde bossent et créent des valeurs ajoutées pour le pays. En tout cas nous, nous les observons et qu’ils sachent que s’ils veulent entreprendre et qu’ils ont besoin de notre soutien, on ne restera pas sourd à leur appel.

Diasporaction.com: Vous venez de réussir l’exploit alors que ce n’était pas évident, de faire assoir à la même table et de réunifier des jeunes Maliens divisés depuis 20 ans. Quel en est votre ressenti et quel commentaire vous en faites ?

CAMARA MAMADOU : C’est un sentiment de fierté. Et je remercie la jeunesse pour son esprit d’élévation. Les jeunes ont transcendé l’orgueil, taire leursdissensions et querelles pour œuvrer ensemble dans l’intérêt supérieur de la nation et le résultat est là. La fête fût une démonstration d’union et de fraternité des filles et fils du Mali résidant en Côte d’Ivoire sans considération régionale, et c’est ce que nous souhaitons voir se faire au Mali. Il n’y a qu’un seul Malien, un seul Mali et donc quel que soit le côté ou on se trouve il faut que ça soit le Mali d’abord. On peut toujours servir son pays quelques soit l’endroit du monde où l’on se retrouve ; pour cela, il faut de la volonté et surtout travailler avec les autres la main dans la main car seul l’union fait la force. Les jeunes Maliens l’ont compris et ont décidé de laisser derrière eux leurs divergences et regarder désormais dans la même direction, et ça c’est salutaire.

Je voudrais en profiter si vous me le permettez pour adresser le même message d’union à toute la jeunesse africaine. Je veux qu’elle sache qu’au delà de nos diversités culturelles, nous n’en demeurons pas moins des jeunes africains dont le continent est le continent de l’avenir. Aujourd’hui, tout le Monde entier lorgne du côté de l’Afrique, la convoite et lui fait la cour. C’est donc ici le lieu de ce dire qu’avant d’être Ivoirien, Malien, Nigérien et j’en passe, nous sommes d’abord africains et à se titre, nous mettre ensemble et travailler à l’unisson pour le meilleur du continent. Cela s’impose à nous car nous sommes face à notre destin et le monde entier nous regarde. Si dès maintenant, on ne se met pas au travail, soudé et ensemble comme un seul homme, le continent nous échappera au profit des occidentaux et des asiatiques qui sont déjà là et s’installent doucement.

Diasporaction.com: Revenons à la célébration du 54ème anniversaire de l’indépendance du Mali à Abidjan, elle a noté la présence de personnalités et de dignitaires coutumiers ivoiriens aux côtés de leurs frères Maliens, quel commentaire faite vous de cet élan de solidarité ?

CAMARA MAMADOU : Ce n’est pas nouveau. La Côte a toujours été et demeure un pays très hospitalier. Les ivoiriens sont des gens formidables qui nous ont accueilli à bras ouvert. Quand je dis nous, je veux parler de tous les étrangers qui ont choisi ce pays comme deuxième patrie, les Maliens en particulier. Nous sommes ici comme chez nous ; et tu ne feras jamais de différence entre un jeune Malien et un jeune Ivoirien. Les ivoiriens nous considèrent comme leurs frères et donc la présence de toutes ces autorités coutumières et religieuses ivoiriennes ne doit étonner personne. En plus la Côte d’Ivoire est un carrefour et surtout la locomotive de toute la sous région ouest africaine.

Diasporaction.com: La jeunesse souhaite institutionnaliser cette grande mobilisation, pensez-vous pouvoir si Dieu le veux continuer de l’accompagner?

CAMARA MAMADOU : Si Dieu le veut alors pourquoi pas ? J’ai eu l’honneur d’être associé cette année comme parrain. Si aux prochaines éditions, la jeunesse toujours soudée me sollicite encore, quelque soit le titre ou le ce pourquoi elle me sollicite, ça sera toujours un honneur pour moi et c’est avec plaisir que je répondrai à l’appel.

Diasporaction.com: Pour conclure, quel message avez-vous envie de lancer aux jeunesses Ivoiriennes et Maliennes de Côte d’Ivoire et du Mali ?

CAMARA MAMADOU : Je pense avoir dire l’essentiel à ces deux formidables jeunesses du Mali et d’Afrique. Peut-être comme conclusion, leur dire seul le travail paye. Travailler seul en rang séparé ou dispersé n’est pas mauvais mais travailler ensemble avec d’autres personnes pour une synergie d’action, de force, d’idée et d’énergie est encore mieux. Je m’en vais donc finir avec des mots de remerciements, de sincères remerciements à l’égard du peuple Ivoirien, ensuite à l’endroit de la jeunesse Malienne de Côte d’Ivoire et en direction de tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réussite de cette fête. Et aussi à vous les journalistes.

Propos recueillis par ERIC EROS Pour Diasporaction.com Côte d’ivoire 2014-09-30 22:13:21