Un astéroïde de la taille d’une petite montagne frôle la Terre

Comme l’écrit un célèbre guide à l’usage du voyageur galactique, « pas de panique ! », il n’y a aucun risque que 2004 BL86 ne percute la Terre à l’occasion de cette petite visite. Repéré depuis 2004, les astronomes ont eu tout loisir de déterminer avec précision sa trajectoire et son orbite pour écarter tout risque d’impact. Cependant, ce chassé-croisé spatial va permettre à tout un chacun de pouvoir observer de lui-même un astéroïde tout en restant sur le plancher des vaches.

Même si cet astéroïde a été au plus proche de la Terre à 16h19 TU, c’est à partir de 1h du matin TU dans la nuit du 26 au 27 janvier qu’il sera le plus visible pour les observateurs nord-américains, africains et européens. Il faudra tout de même se munir d’une très bonne paire de jumelles ou d’un petit télescope pour suivre ce qui ressemblera à un petit point, filant au milieu des étoiles, démarrant sa course en traversant la constellation du Cancer du sud-ouest au nord-est durant la nuit avant de poursuivre sa route vers le Lynx. Il s’approchera notamment en fin de nuit, entre 5h et 6h TU, du cœur de l’amas ouvert de la Crèche.

Si vous ne possédez pas de télescope ou que le ciel est nuageux, vous pouvez toujours suivre la progression de l’astéroïde sur internet : SLOOH, l’observatoire de Bareket, et The Virtual Telescope Project proposent des retransmissions sur leurs sites.

Une chose est cependant sûre, c’est que les télescopes, et notamment les radiotélescopes des astronomes seront pointés dessus. La proximité de 2004 BL86 leur permettra d’obtenir une très bonne résolution d’observation, avec des détails de l’ordre de deux à 4 mètres pour le radiotélescope d’Arecibo à Porto Rico.

Détecter les astéroïdes à l’avance

Cette technique d’observation est par ailleurs très utile, car elle permet de situer très précisément ces objets célestes. Cela a par exemple permis de calculer avec une très grande précision l’orbite de 2004 BL86, et de montrer qu’au cours des prochains siècles, ce n’est pas de lui que viendra le danger d’une collision avec la Terre.

La liste des astéroïdes potentiellement dangereux pour notre planète compte aujourd’hui 1 542 éléments, mais aucun ne se trouve sur une trajectoire de collision avec la Terre. Cependant, notre atmosphère bloque tous les jours de nombreux astéroïdes et poussières spatiales de quelques centimètres de diamètre qui y brûlent et se consument, provoquant les étoiles filantes, et il n’est pas rare que les astronomes ne détectent des objets plus massifs que quelques semaines, voire quelques jours seulement avant leur chassé-croisé avec la Terre. Le dernier exemple en date s’est désintégré à 30 kilomètres au-dessus de la ville de Tcheliabinsk en Russie le 15 février 2013, dégageant une énergie équivalente à 30 bombes de Hiroshima, et générant des ondes de chocs qui ont provoqué de nombreux dégâts.

Si jamais un objet de la taille de 2004 BL86 venait à avoir une trajectoire d’impact, le résultat serait beaucoup plus cataclysmique. C’est pour cette raison que nombreux programmes de surveillance d’astéroïdes existent. La Nasa a ainsi le NEO Program (Near Earth Object Program) dont le but est de recenser tous les objets célestes de plus de 140 mètres de diamètres susceptibles d’avoir une trajectoire dangereuse pour la Terre, on parle alors d’objets géocroiseurs. L’ESA, l’agence spatiale européenne, possède un programme similaire.

Mais peut-on faire plus que simplement prévoir leur trajectoire et d’attendre les bras croisés ? Là aussi, les agences spatiales se préparent et ont lancé des projets, notamment pour détourner un astéroïde. Des projets qui peuvent relever de la science-fiction, mais néanmoins nécessaires, d’autant plus que leur coût serait bien moindre que de tourner la suite du film Armageddon en sortant Bruce Willis de sa retraite. Une collision entre la Terre et un astéroïde de taille conséquente n’est donc a priori pas pour tout de suite, mais le bon sens serait de s’y préparer et définir des solutions, si jamais un télescope venait à détecter un objet vraiment menaçant.

 

RFI 2015-01-27