Uemoa : Le souhait d’ériger le CIP en Parlement

La 27ème  session ordinaire qui marque le début des activités statutaires du Cip pour l’année 2011 passera en revue les résultats des missions d’observation des élections récemment tenues dans l’espace Uemoa. Cette session consacre, par ailleurs, le traditionnel renouvellement des instances du Comité interparlementaire et le passage de sa présidence au Togo, conformément aux décisions de la 15ème conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de confier la présidence à un autre Etat membre. Le nouveau président en exercice de l’Union est Faure Essozimna  Gassingbé.

La présente rencontre donne l’occasion aux parlementaires de l’Uemoa de tirer les enseignements des processus électoraux qui ont cours depuis un certain temps dans notre espace communautaire, avec notamment l’examen des rapports des observateurs déployés par le Cip sur le terrain. Selon le président du Comité interparlementaire, Oundé Touléma, « sans anticiper sur le résultat des missions conduites par nos collègues, il y a peut-être lieu de se réjouir que les démarches du Conseil parlementaire pour la paix du Cip aient eu un répondant favorable dans l’aboutissement heureux  que vient de connaitre la transmission pacifique et démocratique du pouvoir en République du Niger.

Il en est de même pour le Togo, le Burkina Faso, ainsi que pour le Bénin où les processus électoraux se sont achevés ou se poursuivent encore sans recours à la violence comme méthode d’arbitrage des contentieux».Par ailleurs, cette première session de l’année 2011 intervient dans un contexte de persistance du cycle des tensions politiques en Côte d’Ivoire, « s’éloignant des aspirations légitimes de son peuple à une vie paisible, ainsi que des attentes de tout un espace communautaire entièrement suspendu à sa situation, au regard des répercussions inévitables de la crise sur le processus d’intégration », a déploré Oundé Touléma. « Nous espérons que l’esprit de consensus, les principes démocratiques et républicains sauront triompher de la propension excessive à la belligérance et à l’intransigeance, afin que la Côte d’Ivoire puisse recouvrer la plénitude de son rôle moteur dans la marche de l’intégration sous-régionale », a-t-il ajouté. Selon lui l’évolution sociopolitique de notre espace aura démontré combien peut-être fragile une intégration économique sans réelles assises politiques. Le président du Comité interparlementaire a souhaité voir s’accélérer le processus d’intégration des peuples par l’érection du Cip en Parlement de plein pouvoir à même de servir de garde-fou contre les dérives politiques.   

Les chantiers novateurs    

Pour le président d l’Assemblée nationale du Mali, Dioncounda Traoré, les chantiers novateurs et courageux qu’entreprend l’Union pour faire de notre zone communautaire un espace de progrès et de développement durable nous interpellent tous. Il en est ainsi de la libre circulation des personnes et des biens, de la mise en œuvre du Programme économique régional, de l’instauration d’un visa communautaire, de l’égal traitement des étudiants de la sous-région, de la création des postes de contrôle juxtaposés etc. La bonne exécution de ces grands projets ne saurait être perçue comme l’apanage des seuls organes de l’Uemoa, a indiqué Dioncounda Traoré. Les Parlements nationaux y ont un rôle important à jouer, à travers les multiples mécanismes d’interpellation de l’exécutif dont ils disposent pour garantir, entre autres, la mise en œuvre des décisions communautaires, explique le président de l’Assemblée nationale du Mali.

En tant que parlementaire, le principal enseignement qu’il tire des bouleversements politiques qui ont cours dans le septentrion de notre continent, et qui ne sauraient nous laisser indifférents, est l’impérieuse nécessité d’être à l’écoute des mandants et d’assurer le rôle de fidèles interprètes de leurs « soif de démocratie et de liberté ». « C’est à ce prix et à ce prix seulement que nous saurons prévenir les révoltes et les crises politiques, que nous évoluerons au même rythme et à la même cadence que les populations qui nous ont élus ». En rapport avec la situation qui prévaut dans un pays de la sous région, il a invité les démocrates africains à accepter cette simple vérité qu’en démocratie, il faut aussi accepter de perdre les élections.

B. Daou

Le Républicain 30/03/2011