Trump condamne l’attentat de Manchester perpétré par des « losers malfaisants »

Le président américain Donald Trump et le président palestinien Mahmoud Abbas à Bethléem, en Cisjordanie, le 23 mai 2017 / © POOL/AFP / FADI AROURI
Le président américain Donald Trump a condamné mardi l’attentat sanglant de Manchester perpétré par « des losers malfaisants », une attaque qui a largement occulté sa visite à Bethléem en Cisjordanie occupée.

« Notre solidarité avec le peuple du Royaume-Uni est totale. Tellement de jeunes gens magnifiques, vivants et aimant la vie, assassinés par des losers malfaisants », a déclaré M. Trump, très sombre et ferme, en présence du président palestinien Mahmoud Abbas avec lequel il s’était entretenu dans la matinée.

« Je ne les appellerai pas des monstres car ils aimeraient trop ce mot », a déclaré M. Trump, « à partir de maintenant, je les appellerai des losers parce que c’est ce qu’ils sont ».

L’attentat suicide qui a tué 22 personnes, dont des enfants, à la sortie d’un concert pop lundi soir à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre) est survenu alors que M. Trump poursuivait lundi à Jérusalem sa première tournée à l’étranger.

Le président palestinien a lui-même commencé son propos en condamnant l’attentat qui n’a pas été revendiqué.

M. Trump a ensuite évoqué en termes généraux le conflit israélo-palestinien et a dit vouloir faire « tout (son) possible » pour aider Israéliens et Palestiniens à faire la paix qui les fuit depuis presque 70 ans.

Face aux réalités

M. Abbas a quant à lui de nouveau exposé le rêve palestinien d’Etat indépendant, devant un président qui a dit maintes fois sa volonté de conclure l’accord diplomatique « ultime », mais n’a toujours pas explicité, y compris au cours de son séjour en terre sainte, comment il comptait s’y prendre.

« Je vous réitère une nouvelle fois notre position qui est celle de deux Etats le long des frontières de 1967, un Etat palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est vivant aux côtés de l’Etat d’Israël dans la sécurité et la paix », a dit M. Abbas.

M. Trump, qui fait depuis lundi ses premiers pas sur le terrain de l’un des plus vieux conflits du monde, a pu embrasser du regard l’une des réalités israélo-palestiniennes les plus frappantes quand il a rallié Bethléem par la route en provenance de la proche Jérusalem.

Il a franchi en convoi le mur érigé par Israël pour se « protéger » des attaques palestiniennes, et le non moins impressionnant checkpoint qui commande l’accès de Bethléem depuis Jérusalem.

Une grande partie de Bethléem vit à l’ombre du mur, « barrière de sécurité » pour les Israéliens, « mur de l’apartheid » pour les Palestiniens dont il empoisonne la vie.

Cependant, une grande banderole proclamant en anglais « la ville de la paix salue l’homme de la paix » a été tendue sur la route pavoisée de drapeaux américains menant à la ville, quadrillée par les forces de sécurité palestiniennes.

Par le passé, M. Trump a semé le trouble en affirmant son intention de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Une fois investi, il a alarmé encore davantage les Palestiniens en prenant ses distances avec la solution dite à deux Etats.

Il s’est notablement ravisé à l’épreuve du pouvoir. Son conseiller à la Sécurité nationale, le général HR McMaster, évoque à présent son souhait « d’autodétermination pour les Palestiniens ».

Une défiance immense

Lundi à Jérusalem, au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, celui qui avançait début mai que faire la paix n’était « peut-être pas aussi difficile », semble en avoir rabattu. « On m’a dit que, de tous les accords, c’était l’un des plus durs, mais j’ai l’impression que nous finirons par y arriver. J’espère ».

En Israël, M. Trump a exposé une vision du règlement du conflit inscrite dans la résolution des maux de la région.

La convergence d’intérêts entre les pays arabes et Israël face à la menace de l’extrémisme et de l’Iran représente une « rare opportunité », y compris pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, a-t-il dit.

Les dirigeants palestiniens se félicitent de l’évolution observée chez M. Trump. Mais ce dernier s’est gardé de toucher publiquement à des questions concrètes, comme la colonisation, la violence palestinienne ou le statut de Jérusalem, tout en donnant beaucoup de gages aux Israéliens.

L’horizon israélo-palestinien a rarement paru plus sombre. Les dernières négociations, sous les auspices des Etats-Unis, ont capoté en 2014. 2017 marque cinquante années d’occupation et de colonisation israéliennes des Territoires palestiniens.

La défiance mutuelle entre Israéliens et Palestiniens est immense. C’est aussi à un président palestinien considérablement affaibli qu’a affaire M. Trump.

Impopulaire, sapé par les divisions intestines, M. Abbas est à présent embourbé dans la crise des centaines de Palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes.

Dans l’après-midi, M. Trump déposera une gerbe au mémorial de la Shoah à Jérusalem. Il prononcera un discours au musée d’Israël avant de s’envoler pour le Vatican.

(©AFP / 23 mai 2017 11h38)