TRANSITION MALIENNE Des institutions bancales en vue

L’ex-junte au pouvoir a recommandé la tenue d’une Convention nationale alors que les dernières indiscrétions font état d’une entente secrète du triumvirat : Dioncounda (président de la République par intérim) – Cheick Modibo Diarra (Premier ministre avec pleins pouvoirs) – Amadou Haya Sanogo (président du CNRDRE), intervenue le mardi 15 mai et que le président de la République devrait se rendre à Abidjan hier pour porter la nouvelle à l’approbation du président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara.

Quelle que soit donc la procédure par laquelle le nouvel homme fort du Mali sera désigné, il y a des craintes quant aux moyens par lesquels il devra asseoir son autorité. Ce dernier trouvera déjà en place un Premier ministre nanti de « pleins pouvoirs » qui l’ont déjà ragaillardi et qui tire sa légitimé de l’accord-cadre signé entre le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Des gens donnent la valeur d’un traité à cet accord. En voie de conséquence, il est supérieur à la Loi fondamentale du pays. Contrairement à ce que peut pense les Aly N. Diallo du FDR, qui ont estimé lors d’une conférence-débat de leur organisation que les pleins pouvoirs signifient les mêmes pouvoirs d’un Premier ministre en temps normal, Cheick Modibo Diarra, qui doit sa nomination au CNRDRE, aurait dit qu’il n’accepterait pas d’être entravé dans ses missions ni par l’Assemblée nationale, ni par le président de la République. D’autant plus que ses pouvoirs lui ont été attribués par l’accord-cadre.

L’éléphant est entré dans le champ de mil

C’est ainsi qu’il aurait dit à une personnalité de la République que si par exemple l’Assemblée nationale rejetait un de ses projets de loi, il utiliserait une ordonnance pour la contourner. Il garderait la même position avec le président de la République auquel normalement il doit se soumettre. D’ailleurs, Dioncounda aurait fait les frais quand il a voulu refuser de signer le décret de nomination de l’actuel gouvernement. Le PM lui aurait dit que s’il ne le signait pas lui-même serait obligé de le faire à sa place.

C’est dire que Cheick Modibo Diarra auquel on a attribué la résolution de la crise du Nord et l’organisation de l’élection présidentielle entend avoir les coudées franches avec toutes les institutions auxquelles il devait allégeance en temps normal. Et si les députés devaient dénoncer l’anti-constitutionnalité d’un tel excès de pouvoir à lui offert par l’accord-cadre, il pourrait leur répondre que « la prorogation de leur mandat est aussi anticonstitutionnelle ».

Et le président de la transition qui sera désigné dans les jours à venir dans tout ça ? Certains disent que s’il n’est pas le président du CNRDRE, Amadou Haya Sanogo auquel Cheick Modibo Diarra doit sa nomination, ce dernier ne lui accorderait pas un atome crochu et pourrait continuer à pavaner comme un véritable chef d’Etat. C’est pourquoi, les pro-Convention nationale pensent qu’il est nécessaire d’aller à cette instance dont les décisions seront plus souveraines que l’accord-cadre afin de rappeler Cheick Modibo Diarra à l’ordre. Il s’agira en fait de le délester du mot « pleins pouvoirs » pour qu’il se comporte comme un Premier ministre normal et non comme un éléphant dans une boutique de porcelaine.

Abdoulaye Diakité

L’ Indicateur Du Renouveau 17/05/2012