Syrie : Hollande «déterminé» malgré les menaces d’Al-Assad

François Hollande a par ailleurs déclaré que l’Europe «devait se réunir sur le dossier» de la Syrie et d’une éventuelle intervention militaire et qu’elle «le fera», évoquant une «réunion ces prochains jours». «C’est l’Europe qui doit aussi se réunir sur ce dossier, elle le fera, chacun avec sa responsabilité, la France assumera la sienne», a-t-il dit.

Hollande a parlé d’une «rencontre à Saint-Pétersbourg entre Européens», en marge du G20 qui doit se tenir jeudi et vendredi. «Il y aura une réunion des ministres des Affaires étrangères très prochainement», a-t-il ajouté, soulignant avoir «eu des entretiens avec la Chancelière, Angela Merkel» et être «en relation avec les principaux chefs de gouvernement européens». «Nous partageons tous la même indignation», a affirmé le chef de l’Etat français, tout en disant aussi partager avec le président Gauck «la même espérance que la Syrie pourra connaître une solution politique».

Le président allemand a de son côté estimé qu’il «sera possible d’arriver à un accord international sur la réponse appropriée» à apporter à la Syrie, lors «des prochaines rencontres internationales», comme celle du G20. Joachim Gauck a ajouté que l’Allemagne «trouverait insupportable qu’un dictateur puisse agir impunément, puisse briser un tel tabou» qu’est l’utilisation, selon lui, de l’arme chimique contre son propre peuple.

François Hollande a également précisé que la «détermination» française se trouvait «renforcée» par la lecture de l’entretien accordé par le président syrien Bachar al-Assad au Figaro dans son édition de ce mardi. Dans cette interview, Al-Assad menace notamment la France de «répercussions négatives» sur ses intérêts en cas d’intervention.

«La différence entre une dictature et une démocratie, c’est que dans une démocratie un dictateur peut s’exprimer dans un journal, y compris pour insulter ses dirigeants, proférer des mensonges, notamment sur le chimique, laissant croire qu’il ne disposait pas de stock, et menacer le peuple français», a-t-il lancé. «A cette lecture, je suis sorti renforcé encore dans ma détermination, celles et ceux qui avaient des doutes sur les intentions de Bachar al-Assad ne peuvent plus en avoir, il parle de « liquider » tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui», a souligné François Hollande, qui précise que Paris prend «toutes les dispositions» face aux menaces d’Al-Assad.

Dans l’hypothèse d’un refus du Congrès américain à une action armée contre le régime de Damas, le président a assuré que «la France n’agirait pas seule». Mais «elle prendrait ses responsabilités aussi en soutenant l’opposition en Syrie afin qu’une réponse soit apportée», a-t-il enchaîné sans préciser davantage sa pensée.

Le Président fait savoir qu’il entend s’adresser aux Français «quand [il aura] en main tous les éléments».

Les députés UMP pour une «base juridique solide»

Les députés UMP ont pour leur part fait savoir par la voix de leur chef de file Christian Jacob leur intention d’exiger un vote au Parlement si une intervention était décidée en dehors du cadre de l’ONU, ce qui serait «une vraie rupture avec ses prédécesseurs» selon Christian Jacob. En revanche, un vote dès le débat de mercredi «n’aurait pas de sens» puisqu’aucune intervention n’a encore été décidée, a ajouté le député de Seine-et-Marne devant la presse à l’issue d’une réunion de son groupe.

«Le groupe UMP a adopté une position unanime : une intervention ne peut se faire qu’avec deux préalables, la publication du rapport des experts des Nations unies pour savoir comment les armes chimiques ont été utilisées, par qui et dans quelles conditions, et une base juridique solide et claire, c’est-à-dire une résolution des Nations unies», a-t-il expliqué.

«Si ces deux conditions ne sont pas réunies, on exigera un vote devant la représentation nationale, soit au titre de l’article 49 de la Constitution avec engagement de la responsabilité du gouvernement, soit au titre de l’article 50 avec débat suivi d’un vote. Si le président de la République voulait s’affranchir du cadre onusien, ce serait une rupture avec tous ses prédécesseurs, on exigerait un vote et il y aurait un vote contre de notre groupe -mais on n’en est pas là», a poursuivi Christian Jacob.

Liberation

 

2013-09-0318:54:53