Stabilisation et sécurisation du Mali: La paix doit désormais passer par les frontières

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Joie de courte durée. C’est du moins ce que pensent nombre de Maliens, à commencer par le président IBK. Ce dernier, tout heureux comme s’il avait remporté un trophée de guerre, avait reçu les membres de la Cma, jusque-là réticents à apposer leur signature au bas de l’accord pour la paix et la réconciliation, à Koulouba comme des roitelets. Ce qui avait énervé plus d’un Malien. Ces rebelles avaient tout demandé et ont tout obtenu du président IBK qui, pourtant, avait promis dès son élection qu’il allait les «mater». Le beurre et l’argent du beurre, c’est ce que le Kanguélétigui leur a offert : une large autonomie qui ne dit pas son nom ; le départ du Gatia de Ménaka d’où ils ont entre-temps été chassés ; de surcroît, la levée des mandats d’arrêt de leurs chefs…

Mais finalement, le peuple malien, toujours fidèle à sa tradition de pardon et de tolérance, a fini par comprendre que ces rebelles de la Cma ont la volonté désormais décidée à aller vers la paix. Même si certains de nos concitoyens grincent encore des dents en apprenant qu’après Bamako, d’autres festivités réunissant membres du gouvernement et de la rébellion se tiendront à la fin du mois de Ramadan, à Tombouctou, dans le Nord. N’empêche que la paix soit !

Après Cma, revoilà Ançar Dine dans ses actions machiavéliques

Après l’attaque qui a eu lieu à Misséni, dans le cercle de Kadiolo, région de Sikasso, le 10 juin dernier, à la frontière Mali-Côte d’Ivoire, celle de Nara samedi dernier, dans le centre du pays, mais située non loin de la frontière mauritanienne, c’est la ville de Fakola, commune du cercle de Kolondiéba dans la région de Sikasso ( à 300 kilomètres de Bamako et à 20 kilomètres de la frontière du Mali avec Côte d’ivoire au Sud), qui a été attaquée.

Pour l’heure, tout ce qu’on sait, c’est que les assaillants ont le même mode opératoire : venir des frontières voisines, infiltrer les villes ou villages et passer à l’attaque. Sans oublier qu’ils ont des drapeaux noirs des jihadistes (Ançar Dine ?), en criant : «Alahkoubar ! Alahkoubar !…» (Dieu est bon ! Dieu est bon !…).

Un problème de sécurisation de nos frontières
Avec ces dernières attaques des islamistes ou jihadistes, le problème de la sécurisation de nos frontières se pose avec acuité. Comment des assaillants peuvent aisément traverser des frontières et commettre leur forfait, sans être inquiétés ? Certes, le Mali est un pays assez vaste qui couvre une superficie de 1 241 238 km2 (2,5 fois la France) et qui partage 7 420 km de frontières avec 7 pays limitrophes : l’Algérie au Nord, le Niger et le Burkina Faso à l’Est, la Côte d’Ivoire et la Guinée au Sud, la Mauritanie, et le Sénégal à l’Ouest.

Mais s’il est vrai que dans la pratique, il est difficile de contrôler toutes ses frontières avec la méthode qui s’impose, l’Etat malien devrait changer de politique sécuritaire en collaborant activement avec tous ses pays frontaliers. Et surtout en invitant la communauté internationale, notamment la Minusma et Barkhane à prendre en compte cette nouvelle donne.

Bruno E. LOMA

Source: Le reporter 30/06/2015