Spectre de candidatures indépendantes à l’Election présidentielle

En tout cas tous les vrais connaisseurs de la classe politique malienne l’affirment haut et fort.

Le processus de préparation de l’élection présidentielle va bon train. Dans les Q.G des partis politiques, on s’active à resserrer les rangs pour mieux affronter les débats qui s’annoncent durs comme du fer.

On se rappelle, en 2002, après le second et dernier mandant du Président Konaré, le jeu était ouvert entre les ténors de la classe politique. Ainsi, contre toute attente, les leaders des grands partis politiques se sont vus interdire l’accès au fauteuil présidentiel par le candidat indépendant Amadou Toumani Touré (ATT ) soutenu par des associations et clubs de soutien regroupés au sein d’un regroupement appelé mouvement citoyen. Et cela, à la faveur de grandes manœuvres d’alliances et de regroupements pour soutenir ATT, le candidat indépendant. Une véritable déroute pour les formations politiques qui avaient fait la ruée vers ATT.

Le cas Modibo Sidibé :

Pour l’élection présidentielle de 2012, ce même scénario se redessine cette fois-ci en faveur de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, qui jusque là tapi dans l’ombre n’a pas de parti. Comme ATT en 2002, Modibo Sidibé est le mentor de plusieurs associations et clubs de soutien qui n’ont qu’un seul objectif : porter l’homme à la tête de la Magistrature Suprême du Mali.

Au sein de la classe politique, les choses sont loin d’être claires. Les grands partis politiques sont aujourd’hui sous tensions dans le cadre des primaires pour la désignation de leur représentant à l’élection présidentielle.

A l’ADEMA, le plus grand parti politique du Mali qui a déjà géré le pays pendant 10 ans sous l’ère Alpha, l’adrénaline monte au niveau des membres du Comité Exécutif National. Pour les primaires, ils sont au nombre de 08 candidats à vouloir être le candidat du parti. Une bataille qui s’annonce rude et sans merci entre les abeilles. Certains annoncent une cassure inéluctable de la ruche tant les positions des uns et des autres semblent être inconciliables pour aboutir à une candidature consensuelle. Dans la ruche, les pros Modibo ne cachent plus leur admiration pour le fils du capitaine. La guerre de légitimité entre le fils du colonel, Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée et l’ancien Ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Âgées, M. Sékou Diakité risque d’être fratricide. Si le second se vante d’être un militant exemplaire et discipliné du parti depuis sa création, le premier, Dioncounda Traoré, lui est depuis 20 ans à la tête du Comité Exécutif (soit vice-président ou président du parti).

Sékou Diakité  secrétaire général de la sous section de la Commune II, lors du lancement de sa candidature aux primaires de l’ADEMA, laissait entendre qu’il était le candidat légitime de l’ADEMA de part son parcours de militant au sein de la formation politique. «Je suis candidat à la candidature de l’ADEMA à l’élection présidentielle parce que pendant 20 ans, j’ai été militant actif à tous les échelons du parti sans exception», «Je suis candidat parce que je suis sûr de faire gagner l’ADEMA à l’élection présidentielle » disait en substance Sékou Diakité devant les militants du parti de la Commune II.

Que dire du Pr. Dioncounda Traoré, qui a survécu à toutes les tempêtes dont a soufferte la ruche, il représente l’unicité  du parti. Aux yeux de ses supporters, il est le candidat le plus légitime. Qui des deux représentera l’ADEMA à la présidentielle de 2012.

Quant à  l’Union pour la République et la Démocratie (URD) de Soumaïla Cissé, deuxième formation politique sur l’échiquier politique national, elle n’est pas non plus à l’abri de la scission quant on sait que certains cadres préfèrent Modibo Sidibé que Soumaïla Cissé. La peur règne en tout cas dans les rangs de l’URD.

En dehors de tous ces vents qui pourront tourner en faveur de l’ancien premier ministre, Modibo Sidibé, on murmure la formation d’une vaste coalition de partis politiques pour soutenir Modibo Sidibé en 2012.

Et tout état de cause, l’histoire risque de se répétée avec l’élection d’un indépendant à la tête de la Magistrature Suprême en 2012.

Daouda T. KONATE

Le Progrès 07/07/2011