Situation politico-sécuritaire du Mali : Les péchés d’IBK, confessés par la fédération régionale de l’URD de Gao

Dans un document intitulé « Note de presse », la Fédération régionale de l’Union pour la République et la démocratie (URD) de Gao s’est prononcé sur les sujets brulants de la nation, notamment la crise post-électorale ; l’aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire ; l’Accord politique de gouvernance ; la prorogation du mandat des députés ;  la révision de la constitution du 25 février 1992 ; le dialogue national inclusif

 

La Fédération régionale de Gao du parti de l’honorable Soumaila Cissé dévoile tous les maux du Mali depuis les élections présidentielles de 2018.  Dans le document réparti en six points, on fait la peinture des difficultés auxquelles les Maliens sont confrontés et qu’il faut vite trouver des solutions.

La crise post-électorale 

Même si le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, refuse d’y  croire, la Fédération régionale de l’URD  affirme qu’il y a une crise post-électorale suite aux élections présidentielles de 2018. «Notre Pays traverse l’une des plus graves crises post-électorales au sortir du scrutin présidentiel organisé les 29 juillet et 12 Août 2018, dans des conditions contestables et contestées », apprend-t-on dans le document. Pour cette fédération régionale de l’URD, les contestations de la victoire d’IBK ne se sont pas limitées au Mali. « Les frondes se sont poursuivies jusqu’à l’extérieur du Mali, mobilisant la diaspora malienne dans certains pays africains, européens et américains, avec des manifestations de rue contre IBK et l’occupation de représentations consulaires, etc », précisent les membres de la Fédération régionale de l’URD de Gao.

L’URD n’oublie rien. Elle rappelle la tentative du découpage administratif. « Ce régime a d’abord tenté un redécoupage territorial presqu’en catimini, n’eût été la vigilance de la société civile et de la classe politique », précise-t-on. Le parti de la poignée de mains  de Gao a réitéré son mécontentement par rapport aux interdictions des marches, meetings et autres regroupements publics sur certains sites et itinéraires, sur l’ensemble du territoire national. La fédération de l’URD n’oublie rien. Elle rappelle les crises socio-éducatives qui ont plus trop duré.

L’aggravation de la situation sécuritaire

La situation sécuritaire du Mali va de mal en pis. Au nord et au centre du pays, le lot des victimes s’alourdit, le sud est menacé. L’URD estime que l’heure est grave. « Sur le plan sécuritaire que l’horreur et la déliquescence de la politique gouvernementale a atteint les tréfonds de l’impensable », lit-on dans le document qui ajoute : « Chaque semaine connaît son lot de drames les plus sanglants, tant contre les populations civiles que contre les forces militaires, nationales et étrangères ». A ce niveau, le parti Soumaila Cissé déplore les attaques de Koulogon, de Dioura, de Ogossagou, de Sobane-Da … qui ont fait des centaines de morts. A en croire le document de la Fédération régionale de l’URD de Gao, l’insécurité a, de nos jours, atteint un seuil intolérable qui menace la survie, voire l’existence même du Mali. « La vie est devenue presque impossible dans les 3/4 de notre pays », déplore-t-elle.  L’URD estime que la gravité de la situation  devrait pousser le gouvernement à sortir des « incantations » pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens une priorité.

La situation humanitaire se dégrade chaque jour

Selon le président de la Fédération régionale de Gao de l’URD, le drame humanitaire a pris des proportions inquiétantes avec les déplacements de populations du Nord et du Centre, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. « Cette crise sécuritaire et humanitaire est accentuée par une crise alimentaire et une crise environnementale ambiante et structurelle qui frappe particulièrement les populations du Nord et du Centre », lit-on dans le document.

L’Accord politique de gouvernance vidé de son sens  souhaité par le FSD

L’Accord politique de gouvernance suscite beaucoup de commentaires. La fédération de l’URD de Gao a expliqué les raisons pour lesquelles son parti n’a pas signé ledit document. Il estime que cet accord a été vidé  de tout son sens voulu par le FSD. «In fine, sans aucune information préalable, et de manière discourtoise pour ses rédacteurs initiaux, ce document a été remplacé par un autre texte où était purement et simplement biffée toute la partie relative au  ‘’Partage de responsabilités’’. Il a également été vidé de sa substance dans une partie importante de la Feuille de route », précise le document qui ajoute que le nouveau texte de l’Accord politique de gouvernance comporte, dans son préambule, des affirmations inexactes. Selon l’URD de Gao, ce document qui a occasionné l’entrée de Tiebilé Dramé et Oumar Hamandoun Dicko dans le gouvernement se ramenait substantiellement à la révision constitutionnelle et à la prorogation du mandat des députés. «Très clairement, le FSD n’est pas signataire de l’Accord politique de gouvernance ! », rappelle-t-on.

La Fédération régionale de l’URD de Gao rejette la prorogation du mandat des députés

Comme beaucoup d’autres partis politiques de l’opposition, l’URD de Soumaila Cissé n’est pas d’accord avec la prorogation du mandat des députés. Elle viole, selon ce parti, la constitution du Mali. Ce n’est pas tout, elle viole aussi, à en en croire  la Fédération URD de Gao, l’Accord politique de gouvernance  qui, dans le chapitre I de l’Accord politique de gouvernance, l’article 2, alinéa 5, indique clairement que le Programme d’actions du gouvernement sera articulé autour des axes suivants : « l’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ». « Cette disposition a été violée par le gouvernement. «

Nonobstant cette disposition claire, le gouvernement ôte au ‘’Dialogue politique inclusif’’ tout pouvoir de connaître la date des élections législatives en imposant son propre agenda », souligne la « Note de presse » de la Fédération régionale URD de Gao qui précise que cette violation est l’une des raisons pour lesquelles le FSD rejette la prorogation du mandat des députés.

Une autre raison du rejet de la prorogation du mandat des députés, se situe dans les arguments avancés par le gouvernement.  Pour les membres de cette fédération, ces arguments ne convainquent pas.  Aussi, affirment-ils qu’ils n’ont aucune  garantie que cette  nouvelle prolongation du mandat des députés permettra de créer les conditions d’élections apaisées et transparentes.

L’URD de Gao demande la libération de Kidal avant tout referendum

Sans complaisance, l’URD refuse la révision constitutionnelle. Le parti estime qu’elle viole la constitution du Mali en son article en 118 alinéa 3 qui stipule : « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». L’URD de Gao conseille  IBK et ses  alliés : « Avant donc tout referendum sur la révision de la constitution, il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national ».  Pour ce parti, la région de Kidal n’est pas sous le contrôle du Mali. Donc, une partie du territoire du Mali est atteinte. « Dans tous les cas de figure l’article 118 ci-dessus citée de la Loi fondamentale s’impose pour protéger notre Nation de toute aventure », précise-t-on.

L’inclusivité n’a pas été respectée dans le processus du dialogue national inclusif

Au niveau du dialogue national inclusif, la Fédération URD de Gao ne partage pas le processus tel qu’engagé par le président IBK. Elle déplore l’initiative qu’elle qualifie d’ « illégale » de la commission Lois de l’Assemblée nationale qui a organisé des écoutes « en usurpant » les prérogatives d’une éventuelle Commission spéciale qui, aux termes du Règlement intérieur du Parlement est présidée par un député de l’Opposition. Un autre fait que désapprouve la fédération URD de Gao, c’est « la désignation unilatérale par le Président de la République, des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue politique inclusif et du Président du Comité d’organisation, au mépris de toutes les mesures d’inclusivité, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique ».

Selon cette fédération, l’inclusivité tant réclamée n’a pas été respectée. « L’URD et le FSD réitèrent cette exigence d’un dialogue national inclusif », lit-on dans le document.

Les conseils de la Fédération régionale de l’URD de Gao au régime en place

L’URD n’a pas fait qu’évoquer le tableau sombre de la gouvernance d’IBK, elle a aussi invité le Président de la République à écouter son peuple. « Pour sauver le Mali, il faut, impérativement, que le pouvoir en place se rende compte que notre Pays n’est plus un pays normal, qu’il écoute le cri de détresse du peuple dans ses doléances et ses exigences, qu’il écoute enfin la voix des amis du Mali, de plus en plus désespérés de voir notre pays aller à vau-l’eau vers un naufrage national irrémédiable ! », précise-t-on dans le document « Note de presse ».

La réponse de la fédération  l’URD de Gao à IBK à propos de  son interview sur Jeune Afrique

Après l’honorable Soumaila Cissé, Me Demba Traoré, la Fédération URD de Gao répond au clash du Président de la République à l’encontre du Chef de file de l’opposition. Selon cette fédération,   IBK, à travers cette interview, prouve qu’il est loin d’être un homme de dialogue et de paix. La fédération ne fait pas de cadeau  au président de la République. « Il est dans le déni systématique des réalités que sont celles du Mali », lit-on dans le document. Elle  n’en décolère pas et ajoute : « il se prend pour Zeus en donnant des ultimatums à tout le peuple malien invectivant que le dialogue national ne sera pas une conférence nationale, comme pour prévenir que les résultats des franches discussions entre les citoyens connaîtront le sort de ceux de la conférence d’entente nationale de 2017 ».  Les collaborateurs du Chef de file de l’opposition estiment  qu’IBK procède à des attaques personnelles en règle et remet en causes les prémices de décrispation de la situation socio-politique, de façon peu responsable, eu égard à son statut et à sa place. « Il fait simplement perdre tout sentiment d’espoir en la construction d’une paix et d’une réconciliation nationale pour un lendemain meilleur ! C’est bien dommage d’en être là ! », répondent-ils à IBK.

Boureima Guindo

Source: lepays