SIBI-SIBI (Commune de Dandoli): Les motopompes qui soulagent les productrices

Au premier rang, les femmes. Elles ont sorti leurs plus précieux masques. L’une d’entre elles, Yagalé Djiguiba, nous explique que «c’est un grand jour, c’est un nouveau souffle que les femmes viennent de recevoir, avec l’acquisition des motopompes». Avec un large sourire, elle confie «avant, ce sont les hommes qui dictaient la conduite à mener. Il fallait acheter de l’essence et se plier à la traditionnelle séance de négociations pour pouvoir arroser les parcelles».     

Pour le maire de la commune de Dandoli, Thomas Podiougou, «cela démontre l’importance que le département de l’agriculture accorde au développement du secteur dans la localité».

Invité spécial de cette cérémonie, le tout nouveau ministre délégué à la Décentralisation, David Sagara, a laissé entendre que «ce jour est spécial, car il marque la transition entre les traditionnelles méthodes d’arrosage et les modernes». En effet, de la calebasse au seau et, aujourd’hui, la motopompe, l’agriculture sur le plateau dogon a fait du chemin. C’est pourquoi le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, a exhorté les populations à «prendre soin dudit matériel et à veiller à le réparer, chaque fois que cela sera nécessaire». Dans le style qui lui est propre, Aghatam Ag Alhassane a «loué le génie créateur» des ses cousins dogons, qui, avec seulement 10% de leurs terres cultivables, font des merveilles et approvisionnent tout le Mali de leurs produits maraîchers, notamment l’échalote. Le ministre n’a pas manqué d’attirer l’attention des producteurs sur la mise en place de structures de stockage. Et pour cause, malgré la production d’environ 1 200 000 tonnes d’échalotes par an, le Mali en manque à une certaine période de l’année et est contraint d’en importer.

Cette fête a été meublée par des danses traditionnelles, sous les regards admiratifs du Chef de Cabinet Cheick Sidiya Diaby, de Mme Samaké Mouna Touré, Chargé de Mission, de Seydou Coulibaly, Coordinateur de l’Initiative Riz et de plusieurs directeurs centraux et régionaux des services rattachés au ministère.

Dans cette zone presque hostile à l’agriculture, un projet appuie de façon conséquente les populations. Il s’agit du Projet d’Irrigation de Proximité au Pays Dogon et dans le Bélèdougou (IPRO-DB). Il a démarré à Bandiagara en 1990, dans le cadre d’un Fonds d’Entraide au Pays Dogon. Cofinancé par la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW, Allemagne) pour un montant de cinq millions d’euros, ledit projet est mis en œuvre par la Direction Nationale de l’Agriculture (DNA), appuyée par une assistance technique de la GIZ (ex GTZ), en étroite collaboration avec la Direction Nationale du Génie Rural. Une antenne de ce projet, intitulée Petits Barrages dans le Bélédougou (PBB) a été ouverte à Kati, en 2005, pour une phase expérimentale qui a été concluante. Depuis août 2009, cette antenne est devenue un Projet, à gestion autonome par rapport à celui de Bandiagara, consacrant le début de la quatrième Phase du Projet, avec la nouvelle appellation «IPRO-DB». En plus de cette particularité, un grand intérêt est porté à la mise en valeur des ouvrages hydro agricoles.

Un nouveau bailleur, l’Agence canadienne de développement international (ACDI), a souscrit à cette dynamique germano-malienne, en contribuant au projet de Bandiagara avec un montant de 3,4 millions d’euros.

C’est ainsi que, dans ses zones d’intervention au Pays Dogon (Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro), le projet a procédé à la réhabilitation de 90 micro-barrages, dont 15 sur le fonds DANIDA (Danemark), à la construction de 87 micro-barrages, à la réhabilitation de 573,06 km de pistes d’accès aux villages et à la réhabilitation de 3 pistes régionales: Bandiagara – Bankass (39 km), Bandiagara – Kendié (41 km) et Kendié – Borko – RN16 (62,3km).

Des effets directs de ces réalisations, on peut retenir l’amélioration des revenus par la conservation, la transformation et commercialisation des produits issus du maraîchage, le désenclavement du Pays Dogon, la maitrise des  techniques d’entretien et de gestion des ouvrages par les comités de gestion et la réduction de l’exode rural par l’extension des terres exploitables. Quant aux effets indirects des interventions du projet, ils ont permis d’impulser le développement de différents secteurs (transport, tourisme, commerce, éducation, santé, etc).

Paul Mben, Envoyé spécial

Le 22 Septembre 12/09/2011