Séries d’arrestations de responsables politiques et militaires à Bamako par le CNRDRE

 

Parmi les personnalités arrêtées, figurent des poids-lourds du monde politique malien, dont Modibo Sidibé, ex-Premier ministre du président Amadou Toumani Touré (ATT) renversé le 22 mars par un coup d’Etat,  Soumaïla Cissé, ancien ministre et ex-dirigeant de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) et Babaly Ba PDG de la BMS SA.
Les deux premiers figuraient parmi les principaux candidats à la présidentielle initialement prévue le 29 avril, annulée de facto par le putsch.

Modibo Sidibé, Premier ministre d’ATT de 2007 à 2011, avait déjà été arrêté lors du putsch, puis libéré après plusieurs jours d’incarcération, avant d’être de nouveau brièvement interpellé la semaine dernière. Il a cette fois-ci été arrêté lundi soir à son domicile.

M. Babaly Ba a été arrêté mardi matin à son bureau par des hommes en civil se réclamant du CNRDRE,  nommé à la tête de la BMS bien avant l’arrivée de Amadou Toumani Touré

Soumaila Cissé,  a lui été arrêté mardi matin et emmené dans une ambulance à Kati,  sa famille qui craint qu’il n’ait été blessé. Des hommes armés avaient en partie saccagé lundi soir son domicile où ils ne l’avaient pas trouvé.
Le directeur général de la police, le général Mahamadou Diagouraga, l’ancien ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, et le général Hamidou Sissoko, chef d’état major particulier de l’ex-président Touré, ont également été arrêtés lundi soir à leurs domiciles, selon leurs familles.

Bani Kanté, ancien conseiller à la présidence et représentant des intérêts libyens au Mali, ainsi qu’un général de gendarmerie, ont aussi été arrêtés et conduits au camp militaire de Kati, selon leurs entourages.
Une source sécuritaire malienne a confirmé ces arrestations.  Un officiel proche de l’ex-junte, a affirmé que « le moment venu, on dira ce qu’on leur reproche ».
Que veut alors le capitaine Amadou Haya Sanogo ?

L’ex-junte dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo avait finalement accepté sous la pression des voisins du Mali de rendre rapidement le pouvoir aux civils, à la suite d’un accord de sortie de crise signé le 6 avril avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Mais pour les observateurs à Bamako, les putschistes, qui avaient obtenu l’amnistie, n’ont jamais envisagé d’être écartés définitivement et entendent montrer par ces arrestations qu’il va falloir compter avec eux au cours de la période de transition qui s’ouvre, mais qui tarde à se mettre en place.

Ancien président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré a été investi chef de l’Etat par intérim le 12 avril conformément à l’accord de sortie de crise, Cinq jours après, son Premier ministre, qui doit être désigné par consensus, n’a toujours pas été nommé.

L’accord entre la junte et la Cédéao prévoit qu’il disposera des « pleins pouvoirs » et d’un gouvernement « d’union nationale », comprenant des militaires.

Parmi les noms qui circulent pour occuper ce poste, figure celui de l’astrophysicien malien Cheick Modibo Diarra, qui a participé à un programme de la Nasa, l’agence spatiale américaine, et s’était lancé en politique en mars 2011 en créant le Rassemblement pour le développement du Mali (RPDM), dans la perspective de la présidentielle de 2012. et enfin il vient d’être confirmé au poste de premier ministre de la transition malienne.

La tâche prioritaire du Premier ministre sera de tenter de résoudre la crise dans le Nord où, à la faveur du coup d’Etat de mars, des rebelles touareg, des mouvements islamistes et divers groupes criminels, ont mené une offensive foudroyante et occupent depuis cette immense région aride.

De premiers contacts ont déjà été pris avec certains de ces mouvements depuis l’investiture de Dioncounda Traoré. Si le dialogue échoue, ce dernier leur a promis « une guerre totale et implacable ».
L’offensive des groupes armés dans le Nord qui, en trois jours ont pris les principales villes de Tombouctou, Kidal et Gao, tenues aujourd’hui par les islamistes, a pourtant prouvé que l’armée malienne, sous-équipée et démoralisée, n’était guère apte à mener une telle guerre.
Yattara Ibrahim

L’Informateur  du   17 avril 2012.