Sénégal : Quand Wade brûle son pays

Des groupes de jeunes en colère ont brûlé, dans l’après-midi, l’hôtel des députés au centre de Dakar ainsi que la mairie de Thiès. Des barricades ont été érigées et des pneus enflammés. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont duré plusieurs heures et ils auront fait une dizaine de blessés dont un gendarme et le très populaire Alioune Tine, patron de la Radho qui se trouvait à ce moment en compagnie de Cheick Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères de Wade passé dans l’opposition contre ce qu’il appelle la dévolution dynastique du pouvoir.

De telles violences n’avaient pas été vues depuis la crise électorale de 1993. Elles ont été précédées par un événement spectaculaire en début de matinée : un député de l’opposition, Cheick Bamba Dièye, s’était enchaîné devant ses collègues à la porte de l’Assemblée nationale en protestation contre le projet de constitution. Celui-ci comporte deux dispositions querellées par l’opposition : la création du poste de vice président élu sur la même liste que le président et le fait qu’avec 25% des voix, un candidat puisse être proclamé élu.

L’opposition et la société civile demandaient l’abandon pur et simple du projet   depuis son adoption, le 16 juin par le Conseil des ministres. Elle dénonçait un manège de Wade, 85 ans et candidat supposé à la présidentielle de 2012, pour passer le témoin à son fils Karim Wade, 42 ans et superministre.

Le ministre porte-parole Moustapha Guirassy soutenait pourtant « je ne vois pas pour quelle raison on irait dans l’autre sens en revenant (…) sur ce projet de loi adopté le 16 juin par le Conseil des ministres. Il était sans doute loin d’imaginer ce qui s’est passé dans l’après-midi d’hier où régnait sur Dakar une ambiance d’émeutes : son collègue Cheick Tidiane Sy, arrivant au parlement et déclarant aux députés que le président avait décidé de retirer le projet.

Adam Thiam

Le Républicain 24 Juin 2011