Salif Keita en « prophète » sur la scène Da Monzon

Il était attendu. Il est venu. Il a assuré. Salif Keita, le rossignol de la musique malienne, tout de blanc vêtu, dans un jeu de scène, a émerveillé plus d’un dans un spectacle dont il est le seul à en avoir le secret. Salif n’avait pas le choix. Le Quai des arts de Ségou était noir de monde.

Et, une telle mobilisation ne pouvait que pousser le prince du Djoliba à un dépassement de soi pour dire à ce public charmant qu’il les aime. De vive voix, cela a été dit. Même s’il était la grande attraction du samedi 18 février 2012, que certains appellent le « Samedi national » à Ségou, tant la ville devient le point de convergence des mélomanes maliens, Salif a partagé la scène avec d’autres artistes qui font la fierté du continent africain.

Le « Sauti Soul » du Keneya, dans une rythmique endiablée, a surfé entre des sonorités qui empruntent à la musique zoulou, au Rock, au Jazz et à la Soul musique pour faire danser des festivaliers qui n’en demandaient pas mieux. Dans un genre tout à fait particulier, notre compatriote Rokya Traoré a proposé son spectacle conçu dans le cadre de son projet « Roots ». Dans un répertoire composé essentiellement de reprises de ce que l’on peut considérer comme les grands classiques maliens, Rokya Traoré très en verve ce soir là, est parvenu à se rallier à sa cause une bonne partie des festivaliers. Mais nombreux sont ceux qui ont cru à l’opportunité de revoir l’artiste dans une prestation avec son « Goussou balan ». Mais, ce n’est que partie remise. Un jour, elle ne sentira pas le besoin de revenir dans cet autre style musical qui a fait sa reputation au Mali. Une chose est sûre elle en a conscience et elle l’a clairement dit lors de la conférence de presse qui a suivi sa prestation. Mais en attendant que ses fans veuillent accepter que l’artiste se donne une liberté de faire une musique qui est en conformité avec sa vision du monde : « s’enrichir de la culture de l’autre pour mieux imposer sa propre culture ».

Et, qui mieux qu’Habib Koité pouvait convaincre Ségou de cela. Le « Bamada » au grand complet, dans un jeu qui emprunte aux différentes aires culturelles de notre pays, a fait danser les festivaliers. Mais, un jour avant, le 17 février 2012, le faux bond de Fréderic Meiwey n’a pas du tout été du goût des festivaliers. Bien qu’il était attendu en vedette à Ségou, l’ivoirien Meiwey, pour des raisons inconnues, a décidé de « zapper » la capitale du royaume Bambara de Ségou, où des festivaliers ne voulaient que danser sur le rythme du « Zoblazo ». Heureusement, il y avait d’autres artistes qui ne souhaitent pour rien au monde rater l’occasion de monter sur la célèbre scène Da Monzon de Ségou sur le fleuve Niger.

Parmi eux, il avait, ce soir-là, une certaine Heather Maxwell des Etats-Unis, que les festivaliers ont vite fait de gratifier du titre de « Bamana Mousso » des Etats-Unis. A l’entendre chanter, on croirait entendre une artiste malienne, tant le bamanakan de Maxwell n’a rien à envier à celui du commun des Maliens. Mieux que chanter, elle joue le « Kamélégoni ». Lokoua Kanza et Abdoulaye Diabaté, comme d’habitude, ont assuré et cela a vraiment plu au festivalier. Mais, il faut le dire Khaïra Harby, la Diva de Tombouctou, habituée de la scène Da Monzon, n’a jamais été aussi magnifique.

S’il y avait une palme à décerner pour cette soirée de concert, elle reviendrait sans aucun doute à Khaïra Harby. Le jeudi 16 février 2012, Baba Sissoko et son « Tamani Mali révolution » et le sénégalais Papa Diouf ont pratiquement ravi la vedette à Kar Kar et à Saramba Kouyaté.

Assane Koné

Le Républicain Mali 21/02/2012