Réseau des caisses d’épargne et de crédit NYESIGISO :De l’aisance pour les plus démunis

« Le secteur de micro finance constitue, à n’en pas douter, un des vecteurs appropriés pour surmonter les contraintes et difficultés à l’accès des populations moins nanties aux services financiers, particulièrement celles en milieu rural ».C’est ce qu’a déclaré le directeur général de Nyèsigiso à la conférence débats à l’occasion des festivités du 20e anniversaire du réseau.En zone UEMOA en général et au Mali  en particulier, le taux d’utilisation des services financiers formels couramment appelé taux de bancarisation demeure faible, a-t-il ajouté. Pour preuve, selon les chiffres de la Banque centrale :

* En 2007, le taux de bancarisation en zone UEMOA était de 10%

* Au Mali en 2009, il était de 11,6%. Si on soustrait l’apport des systèmes financiers décentralisés, ce taux chute à 4,70%.

Il faut rappeler que toujours selon la banque centrale, le Mali s’est donné comme objectif d’atteindre, d’ici 2012, un taux de bancarisation de 20%.

C’est donc vous dire que malgré la diversité des intervenants et la volonté des gouvernements de nos états à l’intérieur de la zone UEMOA d’augmenter le taux de bancarisation, la problématique de l’accessibilité de nos populations aux services financiers se pose avec acuité.

A Nyèsigiso, nous avons la conviction que la réduction de la pauvreté passe par l’accès des populations aux revenus destinés à l’investissement et à la satisfaction des besoins fondamentaux. C’est pourquoi, le réseau Nyèsigiso s’est doté d’une mission dont les fondements reposent sur la

SOLIDARITE et ACCESSIBILITE.

* Comment faire pour atteindre d’avantage la grande masse par une accessibilité accrue et moderne  et aussi répondre aux besoins des entrepreneurs émergents ?

* Quels types de financement dans le secteur de l’agriculture pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire ?

* Quels sont les enjeux et les défis à relever par les institutions financières, particulièrement les systèmes financiers décentralisés ?

Pour apporter des éléments de réponse aux préoccupations ci – dessus évoquées, le conseil d’administration de Nyèsigiso, à l’occasion des 20 ans de Nyèsigiso,  a sollicité la CIF pour animer la présente conférence sur le thème : « accessibilité des populations aux services financiers de proximité : enjeux et défis pour une réduction de la pauvreté ».

Pour vous donner  des éclairages, un Expert bien connu de la micro finance tant dans la sous – région Ouest africaine qu’à l’international va vous entretenir durant 45 mn sur le sujet. Il s’agit de monsieur Alpha Ouédraogo, Directeur général de la Confédération des Institutions Financières de l’Afrique de l’Ouest.

A propos de la CIF, il affirmera que la Confédération des Institutions Financières de l’Afrique de l’Ouest (CIF) est un regroupement de six (6) réseaux de micro finance de l’Afrique de l’Ouest. Agréée en décembre 2007, la Confédération a comme réseaux membres : FECECAM « Fédération des caisses d’épargne et de crédit Agricole Mutuel »  (Bénin) ; RCPB (Burkina Faso), FUCEC Togo (Togo), Kafo Jiginew, Nyèsigiso (Mali) et Pamecas (Sénégal).

Les données agréées disponibles  en fin décembre 2009 font ressortir que la CIF compte :

* 2,4 millions de sociétaires ou comptes individuels

* 183,7 milliards FCFA de volume d’épargne

* 176,8 milliards de FCFA d’encours de crédit

* 254,4 milliards de FCFA d’actif

Notons que   la Confédération, pilier d’intégration, a son siège à Ouagadougou (Burkina Faso), et elle compte se doter d’unités d’affaires spécialisées.

Il a aussi rappelé que, créée en 1990, Nyèsigiso est une institution financière mutualiste agréée sous le N°1586 par le Ministère des Finances comme institution faîtière, assurant à ses caisses d’épargne et de crédit affiliées des fonctions techniques, administratives, financières et de représentation.

Nyèsigiso s’est doté d’une mission à savoir : « rendre accessibles sous un mode mutualiste des services financiers de proximité adaptés aux besoins des populations urbaines et rurales afin d’améliorer leurs conditions de vie ».

Nyèsigiso, de nos jours, c’est :

* 68 points de services (caisses et guichets)

* 177 000 sociétaires

* 9 milliards de FCFA de volume d’épargne

* 11 milliards de  FCFA d’encours de crédits

* 16 milliards de FCFA de total bilan.

Cette conférence, qui a eu lieu au Centre international  des Conférences de Bamako le jeudi, 08 décembre 2010, avait comme conférencier Alpha Ouédraogo, Directeur général de la Confédération des institutions financières de l’Afrique de l’Ouest.

Tout au long de la conférence, il se penchera sur le sujet «  accessibilité des populations aux services financiers de proximité : enjeux et défis pour une réduction    de la pauvreté. Selon lui, la micro finance en chiffres dans l’espace UEMOA, c’est :

* 750 institutions répertoriées.

* 6,5 millions de bénéficiaires directs,

* 2416 points de service,

* 454 milliards d’épargne,

* 440 milliards d’encours de crédits

Quant à  la  CIF c’est :

* 6 fédérations,

* 2,5 milliards de membres,

* 687 points de service,

* 186 milliards d’encours d’épargne ;

* 170 milliards d’encours de crédits ;

* 293 milliards d’actif.

En somme, 105 SFD réalisent 90% des transactions dans l’espace UEMOA.

Quant au Paysage :

 

o Diversité d’expériences, diversité de clientèle et multitude d’acteurs ;

o ONG ;

o Projet à crédit direct ;

o Associations ;

o Systèmes Financiers Coopératifs ;

o Programme de crédit ;

o Caisses villageoises/banques Communautaires,

o Fonds d’appui.des clubs/ des mutuelles ;

o S.A ;

o SARL ;

o Des structures plus ou moins formalisées et diverses ;

o Dominée par les systèmes financiers coopératifs qui représentent près de 60% du marché.

Sur les Caractéristiques :

* Naissance à partir du milieu rural et d’une volonté de lutte contre la pauvreté,

* Forte présence en milieu rural avec une tendance à l’urbain ;

* Coexistence ou articulation d’un marché rural et d’un marché urbain ;

* Puissant réseau de distribution ;

* Des services de proximité de convivialité,

* Egalement, lieu de paradoxe,

* Coexistence de deux logiques d’intervention ;

* Une logique de fonds social à vocation sociale avec objectif de soulager la pauvreté ;

* Une logique d’entreprise à vocation financière avec objectif de créer une infrastructure financière pour réaliser la mission sociale de lutte contre la pauvreté.

Qu’est-ce que c’est ?

* La micro finance est l’offre permanente de services financiers à grande échelle aux populations démunies ;

* Autant que l’offre d’argent, la micro finance est également la livraison de services intégrés d’aide, d’information, d’éducation, de conseils et de formation.

Pour qui ?

C’est un public de « manque » :

* Manque de revenus;

* Manque d’épargne ;

* Manque de crédit ;

* Manque d’emploi permanent ;

* Manque de moyens d’équipement ou de moyens de production ;

* Manque d’information ;

* Manque d’éducation ;

* Manque de formation.

* En somme, le public de la micro finance est une population de pauvreté, pauvreté née de l’incapacité à organiser la vie autour des services financiers et des services intégrés d’aide.

* Le profil de la pauvreté est un profil d’urgence, d’irrégularité dans les revenus, donc des problèmes de gestion.

* La réponse de la Micro finance à la pauvreté est devenue un problème de proximité, d’accessibilité.

Pourquoi faire ?

* Pour permettre au grand nombre d’accéder d’une manière permanente à des services financiers ;

* C’est pour la vie. Et la vie, c’est bien se nourrir, c’est bien se vêtir, c’est bien se soigner, c’est bien se loger et s’éduquer ;

* En somme, la lutte contre la pauvreté est simplement une lutte pour la vie. En ne levant pas cette équivoque, la micro finance est en train de perdre ses repères.

Défis

* Permettre à la majorité des exclus d’accéder à des services et produits financiers ;

* Concilier pauvreté et rentabilité.

Des principes et des repères souvent oubliés

Confiance :

* La disponibilité de l’argent ;

* La proximité ;

* L’accessibilité.

Repères

La micro finance :

Le repère de la base de ce capital humain est le droit et l’accès à la nourriture, au soin, au logement et au vêtement :

* C’est d’abord le droit à la vie,

* C’est, aussi, l’accès à l’information, à l’éducation, à la formation pour la participation à la vie sociale et économique.

Le capital social

C’est la capacité à apprivoiser, maitriser, organiser l’information, l’éducation, la formation et la mettre au service du plus grand nombre autour de projets et des enjeux du développement ;

En somme, c’est la mobilisation du capital humain autour des projets et des enjeux de développement. En micro finance, les institutions  sont porteuses de cette mobilisation.

Le capital financier

C’est créer l’infrastructure financière en mobilisant et en organisant les ressources humaines autour des ressources financières tant internes qu’externes.

Le capital physique

C’est aussi la capacité à mobiliser des ressources financières pour financier l’investissement.

Qu’est-elle devenue ?

En 30 ans, la micro finance est devenue :

Un lieu de croissance :

* Augmentation du nombre d’institution ;

* Croissance de la clientèle ;

* Croissance des actifs ;

* Croissance des opérations : nombre de crédits ;

* Création d’emploi.

Un lieu d’accumulation :

* Croissance d’épargne ;

* Croissance encours de crédit.

 

Un lieu de capitalisation

Interrogations :Stratégie de survie ou de croissance ?

 

* Est-elle d’abord une stratégie de survie par génération des revenues ?

* Peut-elle devenir ensuite une stratégie de croissance par la génération du capital et de l’investissement ?

* Peut-elle devenir une stratégie de développement par une bonne répartition au plus grand nombre ?

D’autres questions comme les pièges, les limites et les attentes ont été évoquées au cours de cette journée.

MO.DIAK

Le National 13/12/2010