Rencontre IBK – Soumi La hache de guerre enterrée ! Le PM sera-t-il sacrifié ?

Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a reçu, le lundi soir, à 21 heures son jeune frère Soumaila Cissé, président de l’URD et chef de file de l’opposition malienne. Les rumeurs sur cette rencontre, qui ont défrayé la chronique dans les salons et recoins de
la capitale, se sont enfin confirmées. Cette rencontre en aparté était longtemps attendue par bon nombre de nos compatriotes pour la décrispation de la situation politique dans notre pays et l’afflux attendu des investisseurs et autres bailleurs dans le pays de feu Modibo Kéita.
Ce geste est à hauteur de la grandeur des deux hommes ! Il le fallait, car au-delà des
divergences sur des questions essentielles comme les réformes politiques et institutionnelles envisagées, le gouvernement avait aussi pris de court les acteurs politiques de l’opposition
avec la création du cadre de concertation national, ces derniers ayant fait montre d’une rébellion, accusant le Premier ministre de pratiquer la politique d’exclusivité. Cette situation intervient après que Soumeylou Boubèye ait été sévèrement critiqué suite à la création, de
façon unilatérale et délibérée, selon eux, du Comité d’experts pour la révision
constitutionnelle. Il nous est loisible de constater que depuis le fameux coup de fil du Président IBK à Soumaila Cissé, une certaine accalmie règne sur le paysage politique malien. Ce coup de fil du grand – frère à son jeune frère fait suite à la main tendue d’IBK qui ne cessait d’appeler l’opposition à le rejoindre pour la construction nationale. Ce coup de fil du Président IBK à Soumaila Cissé est donc la suite logique du dialogue politique réclamé tant par la majorité que l’opposition, et maintes fois exprimé au cours de la série de rencontres entre l’URD et le RPM, l’EMP et le FSD, entre l’EMP et les autres partis et groupements de l’opposition… A toutes ces rencontres, l’avis le mieux partagé, par tous, a, en effet, été la nécessité du dialogue politique inclusif afin de parvenir à une vision politique partagée face
aux défis qui se posent à notre pays. Et deux hommes ont essentiellement parlé de la situation d’ensemble du pays, et plus particulièrement de la situation politique tendue qui gangrène la vie de la nation, et qui ne rassure ni les maliens, ni les partenaires économiques. Autres sujets évoqués : la situation sécuritaire du pays qui se dégrade de jour en jour, les
crises sociales à répétition, la série interminable de grèves des enseignants compromettant dangereusement l’année scolaire en cours et l’avenir de nombreux enfants maliens, la grève de la faim des cheminots, la vie chère…Les réformes politiques et institutionnelles en cours, avec en toile de fond le rejet du cadre
de concertation nationale pour le suivi du processus de révision constitutionnelle, au même titre que nombre des réformes envisagées, n’ont pas comblé les espoirs escomptés pour le bonheur des maliens….
En attendant, les Maliens peuvent nourrir l’espoir que c’est la fin du purgatoire pour enfin un vrai début du dialogue politique inter malien pour la réconciliation des cœurs et des esprits dans notre pays qui n’a que trop souffert de la division de ses enfants. Il s’agit aussi de montrer ou prouver à la face du monde que l’impossible n’est pas malien, que ce peuple multiséculaire est mâture. S’achemine-t-on vers la formation d’un gouvernement d’union nationale ?
Si oui, quel sera le sort du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, contesté par
beaucoup d’acteurs politiques de l’opposition, et même par certains de la majorité, pour sa façon de faire ? Soumaila et compagnons vont-ils faire de son départ une condition de leur participation aux actions du régime ? Le Président IBK va-t-il consentir à se débarrasser de celui qui est perçu par beaucoup de maliens comme le vrai artisan de sa victoire à la présidentielle de juillet-août dernier ?
Issiaka Sidibé