Reforme constitutionnelle : Le référendum sera t-il compromis ?

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Il relayait ainsi les vues sur la question à la fois, selon certaines indiscrétions, du syndicat autonome de la magistrature (SAM), du syndicat  libre de la magistrature (SYLIMA), du Groupe pivot-DCF, de la CAFO, du Conseil national de la société civile et du conseil national de la jeunesse du Mali lors des écoutes devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.

Les conséquences de tels griefs, de telles prises de position, si elles  investissaient le terrain pourraient être de nature à compromettre une campagne et un vote référendaire qui n’a pas encore géré ses préalables. Surtout si l’on y ajoutait le fait que la plupart des partis politiques ainsi que la société civile avaient eu des positions similaires. L’on se souvient que quarante deux  partis politiques dans un regroupement conduit par le Professeur Younouss Hamèye Dicko, ont clairement demandé aux autorités de surseoir à une reforme constitutionnelle au moment où le pays n’arrive même pas à mettre en place un ficher crédible, prémices d’une volonté d’aller à une bonne organisation des élections de 2012.  

Il y a lieu d’en tenir compte car ce sont ces entités et leurs  connexions au sein de la population qui diront le dernier mot,  entérineront ou pas la loi portant réforme de la constitution votée mardi dernier par le parlement. Le parlement  a certes dit oui  mais les députés rendus à leurs bases feront –ils le plaidoyer attendu par les autorités ? Ce d’autant plus que certains d’entre eux soutiennent publiquement que: « Plus de 90% des personnes ressources reçues  par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, ont souhaité la mise de côté du projet de révision de la constitution (afin de) passer à des  choses plus sérieuses qui attendent le pays ».

Toute chose qui fait penser que le terrain, le pays réel est loin d’être acquis à la cause. L’opinion aura sûrement à se battre contre une administration aux ordres mais si la société civile, qui dans une large proportion s’est alignée sur les vues de nombreux partis politiques, va à contre courant de la représentation nationale, il y a fort à parier que l’écho qu’il renverra sera autre que celui souhaité.   

Aux éléments qui précédent, il y a lieu d’y adjoindre le problème du coût exorbitant des opérations référendaires. Neuf milliards sont une somme. Elles pourraient réveiller le front social dans sa grande majorité, lui qui attend depuis des lustres que les autorités se penchent sur ses doléances. Doléances reconnues légitimes et ayant fait l’objet de protocole, d’accord partie. L’autre difficulté réside dans le fait que jusqu’à présent l’on a fonctionné comme si le referendum consécutif au vote de la loi avait déjà calé l’ensemble de son processus d’adoption. Or la querelle du fichier a encore cours. Même à supposer que toutes les intentions de vote, du terrain réel, soient favorables il faudrait que le fichier électoral  à utiliser devienne consensuel et ce n’est pas là une mince affaire.

Entre le temps constitutionnellement nécessaire, tant pour apurer le fichier électoral et exécuter le référendum et le renvoi de la réalité du terrain, il y a le risque que les échéances présidentielles et autres ne viennent à se chevaucher ou à tout le moins conduire à un cafouillage monstre.  La résultante d’un tel schéma sera qu’une période très trouble  s’annonce là où il aurait fallu sérénité et responsabilité.

S.El Moctar Kounta

Le Républicain 05/08/2011