Réflexion – Justice cognitive : Les éditions Lettres de renaissances clarifient le concept

S’inscrivant dans le cadre d’une démarche explicative pour la valorisation de la mémoire du patrimoine africain en veillant à faire respecter le travail de recherche, la création dans le souci de la propriété intellectuelle, Michèle Sellier, directrice littéraire des éditions Lettres de renaissances, a partagé un communiqué qui revient sur le travail abattu par l’écrivain sénégalais Amadou Elimane Kane. Ce, dans le but de clarifier une situation qui concerne le «concept» de justice cognitive.

Par Pape Moussa DIALLO – Le débat se pose sur le «concept» de justice cognitive. Le concept est très agité par certains chercheurs. Suffisant pour que les éditions Lettres de Renaissances, par le biais de sa directrice littéraire, Michèle Sellier, décident de tremper la plume dans l’écrier sur fond de communiqué. «En tant que maison d’édition panafricaine libre et indépendante, et non financée par une quelconque organisation internationale, tenons à apporter certaines précisions sur ce concept», peut-t-on lire dans le document dont nous avons obtenu copie. La maison d’édition de renseigner qu’elle a publié les premiers écrits entrepris sur la justice cognitive, des travaux menés par l’écrivain-poète Amadou Elimane Kane.

Sous forme de rappel historique, la directrice des éditions Lettres de renaissances de retracer des travaux menés par M. Kane. A cet effet, le communiqué révèle qu’en 1998, Amadou Elimane Kane initie le projet Afrique en lumière, en partenariat avec l’Académie de Créteil, en région parisienne. Il s’agissait de réunir des écrivains, des poètes, des dramaturges, issus de la diaspora africaine, pour faire entrer la littérature africaine contemporaine dans les écoles, les collèges et les lycées. Des auteurs de re­nom­mée s’y sont engagés. Ce dispositif a permis de monter des projets artistiques et culturels faits d’échanges pédagogiques entre l’Europe et l’Afri­que.

Toujours en guise de rappel, le communiqué d’informer que depuis 2005, Amadou Elimane Kane, en association avec les académies parisiennes, travaille sur l’articulation de la justice cognitive, sur le terrain littéraire et pédagogique, depuis l’école primaire jusqu’à l’université, en impliquant à la fois les apprenants et les enseignants. De nombreux échanges ont été organisés entre l’Europe et l’Afrique, entre l’Afrique, les Antilles et les Etats-Unis, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, pour permettre une dimension plurielle. En s’appuyant sur les précurseurs du mouvement panafricain, le sieur Kane a  «réintroduit» en Afrique et en Europe, la dynamique de la Renaissance africaine, lit-on dans le rendu qui informe en outre que cela lui a valu de recevoir le Prix international de la Renaissance africaine Cheikh Anta Diop à Paris en avril 2006.

Le document d’informer qu’en 2010, Amadou Elimane Kane fonde l’Institut culturel panafricain et de recherche de Yène au Sénégal où des résidences d’artistes, de chercheurs, d’universitaires, d’étudiants, de lycéens et de collégiens ont été réalisées dans le cadre de différents projets et partenariats européens, africains et antillais. Depuis 2011, ce dernier travaille avec l’inspection de l’Académie de Paris pour intervenir dans les écoles primaires et les collèges, pour à la fois mettre en œuvre un enseignement novateur autour de la poésie et de l’oralité, mais également pour valoriser la question de la justice cognitive qui tient compte de l’ensemble des parcours scolaires et de la différenciation culturelle. En 2016, Amadou Elimane Kane a reçu le Prix Fetkann Maryse Condé -Mémoire des Pays du Sud- Mémoire de l’Humanité, dans la catégorie poésie, avec une mention spéciale pour le caractère pédagogique de l’action poétique de l’ensemble de son œuvre. Dans le même sillage, le projet Dire le monde en poésie avec Amadou Elimane Kane a été nominé en 2019 par l’Académie de Paris pour le Prix de l’innovation. Ce n’est pas un travail confidentiel et tout chercheur y a accès. «Nous soulignons que tous les ouvrages publiés en pédagogie s’appuient sur la dimension de la justice cognitive, c’est-à-dire l’idée de prendre en compte l’ensemble des trajectoires plurielles. La poésie et l’oralité faisant partie intégrante du rétablissement du patrimoine culturel africain.»

S’inspirant de la Charte du Mandé et du Pulakuu, Amadou Elimane Kane permet l’émergence du récit africain dans les écoles françaises. «Amadou Elimane Kane place ces rencontres sous le signe de la parole Ubuntu qui dit littéralement, en langue zoulou : «Je suis parce que tu es, parce que nous sommes, si tu n’es pas libre, je ne suis pas libre», l’humanité formant un cercle solidaire. Puis, il définit les notions de la connaissance de soi, à travers la pensée de Socrate : «Connais-toi toi-même», ainsi que les valeurs de l’engagement citoyen à travers la poésie et la littérature.» De même, les principes du Pulakuu, une des valeurs de l’Almamiyaat et la Charte du Mandé sont largement repris dans les récits de Amadou Elimane Kane. Pour finir, lit-on dans le communiqué, le récit africain est «un vaste champ de recherche, mais celui-ci est à construire par les Africains eux-mêmes et pour eux-mêmes, c’est la seule issue pour bâtir la véritable Renaissance africaine».