Réaction de Monsieur Bakary Mariko en réponse à la réaction de Monsieur Seydou Traoré.

remercie d’abord et ensuite je vous félicite pour l’intérêt que vous portez à nos débats. Vous avez bien fait de revenir une nouvelle fois car comme vous avez pu vous en rendre compte les sujets que nous abordons sans fard et sans tabous ne sont ni orientés, ni une « marque déposée » le principe du site est la liberté totale. Quant au caractère songeur et à la gravité de l’importance relative des mots et des expressions cela dépend de quel côté on se situe et comment nous subissons dans notre chair le poids réel des faits. Aussi je ne prétends pas détenir la vérité absolue comme disait Ahmadou Kourouma : « la vérité n’est très souvent qu’une seconde manière de redire un mensonge. » J’avais décidé de jeter un coup d’œil sur les neuf ans de gestion d’ATT avant l’heure comme  annoncé dans ma contribution précédente  qu’avant que les historiens n’établissent un vrai bilan le moment venu, mais votre réponse me pousse à l’approfondir.

En effet, Monsieur Traoré, vous soutenez que ma contribution s’attaque à une vision du Mali, aux résultats d’une œuvre collective dont ATT est le chef d’équipe et seul responsable devant le peuple malien. C’est justement pour cela que j’avais décidé  de jeter un coup d’œil  sur ses neuf ans de bilan  compte tenu de l’accélération de l’histoire dont la roue continue de tourner à vive allure, car je trouve qu’ATT et son équipe n’ont pas cerné et épousé les éléments, et les valeurs du mouvement de cette histoire en marche.

Mr Traoré, je ne doute pas une seule seconde que le Mali est une veille civilisation, un État-nation peut-être théoriquement oui, sinon les faits nous prouvent le contraire tous les jours. Un pays pauvre certes, confronté aux jeux et enjeux géostratégiques d’un monde globalisé où des extrémistes de tout bord veulent amener l’humanité au « choc des civilisations » mais aussi des forces du progrès au « dialogue des civilisations. »

Mr Traoré, vous soutenez que la nation malienne s’est consolidée sous ATT dans le respect des diversités qui la caractérisent et laisse aucune place à des actions de pacification. Comme vous je ne baserai pas mon analyse sur des discours philosophiques et historiques mais sur l’observation des faits réels de « l’histoire immédiate » c’est-à-dire celle qui se façonne sous nos yeux, au jour le jour.

Mr Traoré, une nation ne se décrète pas à travers une devise elle se construit au fil du temps le cas récent de la Côte-d’Ivoire est édifiant. Selon le petit Larousse : la nation est l’ensemble des êtres humains habitant un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture, de tradition, le plus souvent de langue, et constituant une entité politique. Mais est-ce suffisant ? Pour ma part, je pense que non, car à mon avis il faut que les membres de la communauté soient convaincus qu’ils relèvent d’une même appartenance nationale, je veux parler ici du sentiment qu’éprouve une personne à faire partie d’une nation en un mot l’identité nationale, comme disait Anaclarsis Cloots dans la révolution universelle « l’humanité ou le genre humain ne vivra en paix que lorsqu’il ne formera qu’un seul corps, une nation. » Mr Traoré, est-ce le cas du Mali ? C’est pourquoi je parle d’action de pacification. La pacification est un mot du vocabulaire militaire qui vient du verbe transitif pacifier (rétablir la paix, le calme dans un pays, parmi une population, apaiser le trouble dans un esprit) et qui désigne l’intervention des militaires pour assurer l’ordre et la maîtrise de la rébellion. Et c’est ce qui se passe au Mali depuis sa création en 1960, les différents accords sont là pour le prouver.

Mr Traoré, nous ne prônons pas de « solutions extrémistes » de pacification mais tout simplement le respect des principes fondamentaux de l’État-nation dont vous prétendez qu’ATT défend.

Le 23 mai 2006, des soldats déserteurs de notre Armée ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité selon la convention de Genève. Au lieu d’entreprendre des actions de pacification de notre État (du latin status être debout), notre État s’est couché. Notre ministre de l’administration territoriale s’est précipité pour aller signer en Algérie le 06 juillet 2006 des accords de paix avec des inconnus en déclarant que : « les guerres que l’on gagne ce sont celles que l’on évite ». Dans ces accords dits accords d’Alger on demande le retrait de notre Armée des zones du nord de notre pays ainsi que la création de brigades spéciales composées uniquement de ressortissants du nord. Depuis, le septentrion de notre pays est devenu une zone de non-droits, Mr Traoré, est-ce cela que vous appelez préserver la nation malienne ?

Mr Traoré, quelle est la nature de cette décision hautement patriotique et salutaire qui refuse de tuer des maliens blessés dans leur dignité et qui au même moment laisse d’autres maliens se faire tuer ou envoie d’autres maliens (militaires) se faire tuer en ne leur donnant pas les munitions nécessaires pour se défendre ?

Mr Traoré, nous n’avons jamais demandé à quiconque d’en découdre avec des minorités blessées dans leur dignité et nous mettons quiconque au défi de le prouver. Le 17 juillet 2006 nous avons manifesté devant l’Ambassade du Mali à Paris pour dénoncer lesdits accords et demander la restauration de l’autorité de l’État et le rétablissement de la souveraineté nationale de notre État sur son territoire, ce qui est à mon avis aussi un choix hautement patriotique. Et nous y veillons depuis ! Car nous n’avons pas la même conception de l’État-nation que ceux qui rivalisent de pas de danses et de cadeaux fastueux lors des évènements princiers pour plaire au chef, en espérant se maintenir à leurs postes.

 

ATT un Président pétri de l’histoire de son pays. Ainsi soit-il ! Mais la question qui taraude mon esprit est la suivante : qu’est ce qui est advenu des descendants de ces grands Hommes dont nous ne cessons de citer leurs œuvres et apports à la civilisation pour nous glorifier ? Mais qu’est ce qui nous empêche de les imiter pour sortir notre tête de l’eau ? Au lieu d’organiser tout temps des fêtes pour les célébrer sans objectif précis. Par exemple, le Président d’organisation du cinquantenaire s’était fixé comme objectif d’apprendre à tous les maliens l’hymne national avant la fin des festivités, je suis sûr qu’au jour d’aujourd’hui il y a des ministres et des députés qui ne savent pas chanter l’hymne national du Mali. Alors à quoi le cinquantenaire aura servi si c’est n’est pour célébrer la gloriole personnelle du chef !

Mr Traoré, vous dites que : Le Mali ne sera jamais ni le bastion d’AQMI, ni l’épicentre du trafic de drogue mondial ! Je crois que soit vous êtes de mauvaise foi ou vous êtes dans le déni. Que voulez-vous ? Qu’AQMI fasse un attentat à Koulouba pour enfin admettre la réalité ?

La présence d’AQMI sur notre sol est plus qu’une réalité, elle est la résultante directe des accords d’Alger du 06 juillet 2006. Depuis avril 2006, cinquante(50) otages Européens ont été détenus, un avion de drogue a atterrit (Air cocaïne), un attentat a été commis devant l’Ambassade de France à Bamako.

Mr Traoré, il ne faut pas sortir d’une école de guerre ou être Général cinq(5) étoiles pour savoir que chaque pays est responsable de sa sécurité. Le Mali doit se donner les moyens pour mener ce combat au lieu de se complaire dans la victimisation, le déni et le laxisme. Aujourd’hui notre pays est classé dans la zone rouge, il est presque considéré comme un État voyou du fait des paiements des rançons, il est mis au ban des nations. Et quand je dis que le nouveau ministre des affaires étrangères est entrain de le tirer de la zone rouge c’est parce que il a un autre discours depuis sa nomination, une nouvelle expertise et méthode qui n’a rien à voir avec l’immobilisme et la fatalité de son prédécesseur. Je sais que le ministre répond à ATT, si vous avez des problèmes avec certains de vos camarades on pourra peut-être mener une médiation ! Sinon le fait de dire le feu ne peut jamais brûler la bouche.

Mr Traoré vous dites que les drogues et les armes ne sont pas fabriquées au Mali et qu’à l’heure de la haute technologie de l’information, les pays et les hommes impliqués peuvent être bien connus. Alors Mr Traoré, pourquoi rien ne se passe ? Parce que tout simplement il y a un véritable manque de volonté politique, du laxisme de la complaisance voire de la complicité de la part de nos autorités depuis neuf ans. Car la politique de sécurité que nous distinguons de l’illusion qui a été entretenue au Mali pendant neuf ans avec son idéologie et ses dérives, représente bien ce qui sépare le courage démocratique du spectacle démagogique, le courage politique de l’impuissance politique.

Mr Traoré, vous demandez la dotation de l’Armée malienne en équipements de pointe opérationnels contre le terrorisme, mais qui va doter une Armée déstructurée, où il y a plus d’officiers que d’hommes de rang, où des généraux s’insultent par presse interposée au mépris du devoir de réserve et de la loyauté qui est le ciment de toute Armée.  Pourquoi vous-voulez toujours attendre des autres sachant bien qu’il y a une guerre géostratégique de repositionnement pour les matières premières ?

Mr Traoré, le terme pacification n’a aucune incidence négative sur les partenaires du Mali au contraire c’est l’immobilisme et l’équilibrisme d’ATT qui les déconcertent.

Mr Traoré, vous parlez de respect d’engagement nationaux et internationaux est ce que l’échange de prisonniers (4 terroristes d’AQMI contre Mr Pierre Camatte) et la négociation avec les terroristes avec paiement de rançons en font parties ?

Mr Traoré, vous dites que : Le Mali est un modèle de bonne gouvernance qui se développe. J’ai l’impression que vous nous parlez comme si vous parlez aux partenaires du Mali (ONG internationale) selon vous celles qui ont une autorité mondiale reconnue, non Mr Traoré, nous sommes vos compatriotes qui vivons les mêmes réalités que vous à moins que vous ne faites partie de ceux qui ne connaissent la misère qu’à travers les statistiques. Pour moi la bonne gouvernance du Mali prônée par ces organisations dont vous faites allusion relève de l’exception.

Mr Traoré, vous soutenez que le cadre législatif et les institutions sont en place pour imprimer au Mali une gestion respectueuse des deniers publics. En sept ans de Présidence d’après le rapport du Vérificateur Général(VGAL), il y a eu un manqué à gagner de 388 ,09 milliards de FCFA, et votre ex département en tant que ex ministre de l’Agriculture n’est pas épargné car d’après le rapport entre 2001 et 2007 il a décelé un trou de 1,5 milliard de FCFA lié à la mauvaise gestion et aux fraudes.

Au jour d’aujourd’hui aucune enquête n’a été diligentée sur cette question. Est-ce c’est pour cela que vous dites que le système fonctionne à souhaits ? Et que le dispositif anti-corruption du Mali a une certaine efficacité pour contenir le phénomène dans des limites données ?

Mr Traoré, entre nous est ce que nous avons besoin des classements de Transparency international ou de la Banque Mondiale pour mesurer l’ampleur de la corruption dans notre pays ? Nous voyons en longueur de journée des gens sortis du néant pour devenir milliardaires. Le Président ATT même reconnait l’ampleur du phénomène mais ne veut pas humilier les dignes pères de familles. Il a mis des œillères irresponsables et coupables, car au lieu de prendre des mesures efficaces en laissant la justice faire son travail, il s’est abonné à la tergiversation et semble n’avoir aucune prise sur les évènements.  Et vous osez nous parler de bonne tendance évolutive parce que tout simplement cela est l’avis de la Banque Mondiale, or nos compatriotes et le pays se meurent tous les jours à petit feu à cause du phénomène. Ce fléau est entrain, lentement mais surement de compromettre l’avenir et le devenir du Mali.

Mr Traoré, selon vous le Mali se développe. L’idéal aura été que le Mali égale la chine et l’Inde en dix(10) ans mais je suis réaliste. Certes les infrastructures et les logements sociaux sont importants et nécessaires pour développer un pays mais ne sont pas suffisants à eux seuls, d’autant plus que la plupart sont des dons et que nous-mêmes ne sont mêmes pas capables de faire des feux de circulation malgré l’existence d’une école d’ingénieurs depuis plus de quarante (40) ans. Imaginez un seul instant un tsunami au Mali ?

Pour nous la base du développement ce sont des ressources humaines compétences décomplexées devant la Banque Mondiale et les autres partenaires, une Justice et Administration saine et efficace, un État fort qui exerce tous ses attributs à travers des forces de défense et de sécurité bien structurées et disciplinées.

Mr Traore, je respecte votre expertise dans le domaine de l’agriculture mais permettez moi de vous dire que les résultats ne sont pas aussi prodigieux comme vous le prétendez.

L’Office du Niger a été crée en 1932 par la France qui a aménagé 43. 000 ha avant l’indépendance du Mali, en cinquante(50) ans le Mali n’a aménagé que 55. 000 ha. Actuellement c’est 98. 000 ha qui sont exploités par 35. 000 agriculteurs sur une prévision d’un million d’hectares. Malgré vos statistiques aujourd’hui moins de 10% des terres sont exploités avec un accès des paysans à la terre de 0,5 ha et 54% d’entre eux n’arrivent pas à couvrir les besoins alimentaires de leurs familles durant l’année.

C’est vrai ATT a voulu faire du Mali le grenier de la sous-région une ambition louable, mais le bilan est maigre.  Car pour réaliser cette ambition il fallait qu’il investisse 6 milliards d’euros pour le million d’hectares parce que l’aménagement d’un hectare coûte 6.100 euros c’est-à-dire 4 millions de FCFA. Le système d’irrigations par an coûte 3 millions d’euros et le Mali n’a investit en 2011 qu’un budget de 19 milliards de FCFA une somme dérisoire par rapport aux objectifs fixés.

Comme vous dites Mr Traoré, la transparence n’est pas de mise au sein de la structure le rapport du Vérificateur Général suscité l’atteste. La nature des contrats (baux emphytéotiques de 50 ans renouvelables) ne sont pas bénéfiques pour le Mali, il existe une véritable opacité autour de la question les terres sont bradées au franc symbolique aux Chinois, à Malibya agriculture, au Groupe Tomota et au grand distributeur céréalier du Mali(GDCM).

Après le mémorandum du parti Parena sur la question suite aux expropriations illicites et anarchiques le gouvernement avait démenti toute idée d’opacité, et avait décidé de publier la liste des différents bénéficiaires mais au jour d’aujourd’hui nous attendons sa réponse.

Le Mali produit 600.000 tonnes de riz par an dans la zone office du Niger mais cela ne se ressent pas sur le panier de la ménagère, le riz est plus cher qu’avant malgré les investissements de l’initiative riz du gouvernement et de ses différents partenaires tout simplement parce que le riz produit au Mali est vendu ailleurs.

Mr Traoré, oui en 2006, le Mali était le premier producteur Africain de coton devant l’Égypte mais elle occupe quel rang actuellement ? Que devient la CMDT ? Ce Fleuron de l’économie nationale ! Liquidé à vil prix même là elle n’arrive même pas à trouver preneur quel gâchis !

Mr Traoré, vous affirmez que le Mali a souci de sa jeunesse et que les promesses ont été tenues.

Votre réponse sur la jeunesse me renforce dans ma conviction que vous ne défendez pas les résultats d’une œuvre collective mais un homme. Comment vous pouvez affirmer devant le commun des mortels que les promesses envers la jeunesse ont été tenues ? Où est l’école qui éduque et qui forme ? Pour l’emploi vous faites l’étalage de cadre institutionnel (Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Agence Nationale pour l’Emploi, Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes) comme s’ils servaient à grand chose à part les effets d’annonce. Mr Traoré, je connais personnellement des jeunes qui prennent des risques, qui ont mêmes été financés par ces organismes suscités mais n’ont jamais vu la couleur de l’argent et les auteurs sont connus de tous. Pourquoi ils n’ont pas été sanctionnés ?

Mr Traoré, vous parlez de mesures de discriminatoire positive pour les couches défavorisées. Dites plutôt des mesures de discrimination positive pour les plus favorisés c’est à dire du népotisme, car ce sont les enfants des dignitaires et anciens dignitaires qui ont accès aux postes de responsabilités au sein de l’Administration, dans la police, dans l’Armée. Ils sont employés dans le tertiaire et sont formés dans les meilleures écoles et universités du monde entier. Au Mali il faut plutôt l’égalité des chances et cela à tous les niveaux.

Mr Traoré vous dites que la présence du Mali sur la scène internationale est éloquente.

Je ne mesure pas le rayonnement de la diplomatie malienne en fonction du nombre de nos ressortissants présents au sein des organisations internationales, car très souvent ils y sont à cause de leur mérité et qualité personnels. Je dis que pendant les neuf ans du mandat d’ATT, le Mali a brillé sur la scène internationale par son absence, malgré les crises dans la sous-région, notre diplomatie jadis respectée de tous a été transformée en une diplomatie de mendicité. Elle est devenue négociatrice et receleuse d’otages en violation de la résolution des nations unies interdisant à ses États membres de négocier avec les terroristes en leur payant des rançons.

Les seuls faits majeurs de cette période de parenthèse sont les sommets du CENSAD et de France-Afrique de 2005. Cela à cause du manque de courage, des tergiversations et atermoiements d’ATT. Mr Traoré, pourquoi aujourd’hui le Mali est dans la zone rouge ? Pourquoi il n’y a plus une seule ONG, un seul touriste dans le Nord du Mali ? Et vous appelez cela rayonnement ? Pourquoi nos voisins ont rappelé leurs Ambassadeurs ? Savez-vous combien de maliens ont été maltraités ou tués à travers le monde sous le mandat d’ATT ?  Sous ATT le Mali est devenu un pays sans visage, sans autorité, ni idées, il a bafoué notre souveraineté en accordant des droits de poursuites sans aucune réciprocité aux Armées étrangères et certaines sont présentes et occupent actuellement notre territoire et vous osez parler d’État-nation.

Mr Traoré, vous dites qu’ATT ne s’est jamais posé en homme providentiel.

En 2002, les maliens ce sont retrouvés autour d’ATT sur la base de son slogan : « retrouvons ce qui nous unit », cela après dix ans de tensions politiques. Alors pourquoi vous voulez faire l’avocat du diable ? Justement dans le dictionnaire du diable on dit : qu’ « une cour brillante annonce toujours une nation misérable car les courtisans masquent la petitesse et les faiblesses réelles de leur roi mégalomane sous le vain mot de la magnificence. » Je n’ai aucune volonté politicienne de salir ATT, je dis tout simplement que l’Homme providentiel est devenu l’homme de l’amertume et des déceptions car entre mauvaise conscience et realpolitik, il essaye de se ressaisir pour améliorer la gouvernance mais l’ingratitude du temps et les aléas de la mode ne jouent pas à sa faveur. De toute façon le mal est fait car les maux pour lesquels il a sollicité le suffrage du peuple malien existent toujours et ce sont mêmes aggravés.

Il s’agissait de lutter contre la pauvreté, la corruption, l’insécurité en restaurant l’autorité de l’État, faire des reformes institutionnelles et administratives, mettre en place une école qui éduque et qui forme, mettre en place une vraie politique de santé, donner de l’emploi aux jeunes et organiser une alternance démocratique en organisant des élections crédibles et transparentes.

En une année de la fin de son mandat le Mali est à l’intersection du banal, du sublime et de l’effroyable à cause du manque d’autorité et la désinvolture du chef. Malgré son habilité tactique, la méfiance s’est installée entre les acteurs politiques par rapport au choix du fichier électoral et fait planer sur le pays la menace du retour de l’instabilité et de velléités putschistes.

Enfin Mr Traoré, vous dites que l’expression libre et plurielle au Mali est une réalité et que cela est à l’actif d’ATT.

Mr Traoré, pour moi la liberté avant d’être un privilège est un choix et pour cela sans aucune fausse modestie et prétention de ma part je dis ne pas devoir ma liberté à ATT. C’est vrai il a été un acteur et témoin majeur de la révolution du 26 mars 1991, mais il n’a pas plus de mérite que moi jeune militant de l’AEEM et du mouvement démocratique exposé aux balles de Moussa Traoré sans aucune défense. En arrêtant Moussa Traoré dans la nuit du 26 mars 1991, il n’a fait qu’accomplir pleinement sa partition, son devoir de soldat, fidèle et loyal à son serment d’officier et au Mali. Et moi le mien en manifestant dans les rues de Bamako pour revendiquer la liberté et le bien-être de notre peuple. Dire aussi que la liberté d’expression s’est consolidée sous son mandat n’est pas tout a fait exact, nous avons en mémoire l’histoire de la maitresse du Président qui a coûté à son auteur et à nos valeureux journalistes de l’info-matin leur liberté.

En Conclusion :

Mr Traoré, je ne prends pas mes désirs pour la réalité mais je fonde mon diagnostic réservé sur des faits réels que vous et moi avons vécu et que chacun de nous est libre d’apprécier à sa manière selon son génie propre.

Mr Traoré, en voyant les prétentions d’ATT et son bilan des neuf ans passés le commun des mortels perd pied. Pendant neuf ans cet homme a instauré un système de plus en plus instable, de plus en plus injuste et trop souvent au dessus des lois.

Le Mali a brillé entre parenthèse ce n’est pas les « GRAMMY AWARDS, les foras altermondialistes, les festivals ou autres distinctions » qui feront démentir cette triste et foisonnante réalité. Le Mali est entre parenthèse parce que l’État malien s’est couché sur le bord du Djoliba un jour mémorable du 06 juillet 2006 en signant des accords d’Alger avec des bandits armés. Depuis le Nord de notre pays est une zone de non-droits avec son corollaire de banditismes, de trafic de drogues (Air cocaïne) et de terrorismes. Avec le laxisme, la complaisance voire la complicité, la banalisation, la démission et l’effacement de nos autorités, notre pays est devenu le mouroir du monde, un Afghanistan Africain où toutes les Armées viennent se battre pour accomplir la mission et le rôle de notre « État-nation » en violation des principes fondamentaux de notre souveraineté. Aujourd’hui au nom d’un hypothétique droit de poursuite l’Armée Mauritanienne occupe notre territoire.

Le Mali est entre parenthèse parce que pendant neuf ans, la jeunesse malienne a été laissée pour compte sans emplois, sans éducation, sans promotion, sans perspectives réelles pour l’avenir avec son corollaire de violences et d’accident de la route. Avec l’humanisme d’ATT et l’activisme de sa fondation, 33 enfants de moins de 4 ans sont morts de malnutrition à la Pouponnière de Bamako, entre Août 2010 et Février 2011, une honte pour tout le Mali.

Le Mali est entre parenthèse parce que le candidat des pauvres et des démunis crédité d’une sympathie réelle a retourné sa veste en laissant se goinfrer à ses côtés tous les prédateurs de notre économie. Ce qui devrait être une avancée pour le pays est devenue un recul énorme. Il y a eu une aggravation de la pauvreté de la majorité silencieuse dû à l’inflation. Fidèle à son principe de sanction zéro, après avoir mis en place en grande pompe l’institution du Vérificateur Général(VGAL) (institution budgétivore censée lutter contre la corruption), le chef de l’État s’est simplement contenté de classer sans suite les rapports remis par celle –ci et qui pourtant incriminent les voleurs de la république .Cette attitude inacceptable du chef de l’État constitue purement et simplement une insulte au peuple malien. Aussi cette mentalité selon laquelle le chef de l’État s’interdit d’humilier des chefs de famille n’est ni plus ni moins qu’un aveu d’impuissance et d’incapacité à lutter contre un phénomène qui mène inévitablement notre pays à sa perte. Avec un tel message le Président se disqualifiait pour porter une politique anti-corruption, en fait il a mis tout simplement des œillères irresponsables et coupables. Le laxisme, la complicité du chef de l’État face au phénomène de la corruption à atteint son paroxysme le 05 février 2011, date à laquelle ceux qui organisent et planifient l’assassinat économique du Mali ont décidé de décerner à son excellence Monsieur Amadou Toumani Touré une médaille (celle de la honte) en remerciement de sa protection. Cet acte à nos yeux est moralement scandaleux, politiquement injustifiable et juridiquement indéfendable.

Le Mali est entre parenthèse car les réponses apportées par ATT durant les neuf ans de son mandat d’une certaine manière résument toutes les dérives du système, elles démontrent aujourd’hui que l’équilibre de notre société est menacé. Et comment croire qu’une société en déséquilibre puisse continuer à faire vivre la démocratie ?

Oui Mr Traoré, les monuments, les routes, les ponts, les hôpitaux et les logements sociaux sont importants dans le développement d’un pays mais ne valent rien sans les ressources humaines bien formées et compétentes, un peuple bien éduqué et consciencieux.

Le peuple doit savoir d’où il va, quel va être son rôle, il n’y a pas de défi que le peuple ne soit pas capable de relever si on lui montre un chemin de justice et d’espoir, c’est ce chemin que nous avions demandé à ATT de tracer avec  nous, oui Mr Traoré en faisant du Mali  une nation d’innovation, porteuse des espoirs de son temps, qui comprend les contraintes liées à la mondialisation et qui ne renoncerait pas à les repousser.

Nous l’avions demandé de décréter l’état d’urgence politique pour répondre à la détresse des maliens en changeant la vie de ceux qui souffrent le plus, pour répondre à l’angoisse créée par la mondialisation de l’économie, pour redonner un sens à l’action publique.

Nous l’avions demandé d’imprimer au Mali le rythme du monde, en saisissant les opportunités offertes par cette nouvelle donne, pour permettre au Mali de conserver son rang et son influence.

Cette noble mission était exigeante, il fallait de la détermination, presque de l’acharnement.

Au lieu de cela il a dressé des barrières invisibles insupportables en maintenant le statu quo avec des hommes usés dont leur suffisance réduit à néant toute tentative de progrès.

Mr Traoré, au vu de ce constat accablant je dis que pendant neuf ans le Mali a été mis entre parenthèse n’en déplaise aux belles-âmes car les espoirs et espérances placés en homme(ATT) ont été déçus.  Aujourd’hui les maliens ont le sentiment que tous leurs repères s’estompent et que la mondialisation fait voler en éclats la structure de la société, ce sont des garanties qu’ils réclament, pas de l’aventure, c’est de la concertation qu’ils ont besoin, non l’autoritarisme actuel concernant le fichier électoral et les reformes tardives. Mais non plus de laxisme qui met les institutions à terre.

Mr Traoré, oui ATT a joué sa partition mais de façon passable, car il a eu toutes les cartes en main pour faire le Mali et changer les maliens, mais il n’a jamais su prendre les bonnes décisions pour la majorité silencieuse.

Mr Traoré, je n’en doute pas une seule seconde que le Mali avancera et réussira car c’est avec gravité et résolution, que nous vous appelons à ce nouveau combat, celui du Mali de demain et de toujours en espérant que le rônier de Koulouba puisera dans ses dernières ressources pour organiser des élections crédibles et transparentes en éveillant en lui la notion du grand Mali, cette marque des grands dirigeants.

Debout sur le champ d’honneur et de la dignité, unis et déterminés, nous allons triompher.

Dieu bénisse le Mali.

Paris, le 20 juin 2011

Mr. Mariko. Bakary.

France.