PRESIDENTIELLE: Un duel à 4 ?

 

Dioncounda Traoré : L’appareil de l’Adema pour lui Dioncounda Traoré, le candidat de l’Adema, est un personnage surprenant, un veinard qui arrive souvent là où on ne l’attend pas. Celui qui était déjà habitué aux geôles de l’ancien président Moussa Traoré, a, comme principal atout sa très longue expérience politique. Membre de l’Adema association, il est demeuré fidèle à ce regroupement politique au sein duquel il a côtoyé Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé qui seront parmi ses adversaires à la Présidentielle prochaine. Mais Dioncounda ne peut que compter sur la puissance de son parti, la première force politique du pays, ayant plus de députés que nul autre parti représenté à l’Assemblée nationale. L’Adema, solidement implanté à travers le pays, est une machine électorale malgré les nombreuses divisions qui l’ont affecté depuis sa création. Cependant, Dioncounda a un talon d’Achilles. C’est le fait d’avoir une image peu présidentiable et qui a du mal à attirer les Maliens. Autrement dit, il n’a ni le charisme, ni l’étoffe d’un homme d’Etat. Mais ses deux plus grands handicaps, estiment certains, c’est qu’il a peu de relations à l’extérieur et qu’il manque de moyens pour financer sa propre campagne.

Le financement de la campagne présidentielle est surtout et avant tout l’affaire de chaque candidat. Soumaïla Cissé : Il a les moyens de sa campagne Soumaïla Cissé, le candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (Urd), ne connaît pas de souci financier ni relationnel. Après avoir passé 8 ans à la tête de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), il a tissé un impressionnant réseau de relations dans l’espace Uemoa, en Afrique et à travers le monde. Parmi ses amis, figurent plusieurs chefs d’Etat, ainsi que des ministres, des chefs de partis politiques, des patrons d’institutions et des personnalités du monde des affaires et des finances. En plus, pour le financement de sa campagne, Soumaïla disposerait d’une manne financière, selon de nombreuses sources. En outre, le candidat de l’Urd a la chance d’avoir le deuxième plus grand parti du Mali. Et une longue expérience politique pour avoir été candidat à l’élection présidentielle de 2002 (challenger d’ATT) et plusieurs fois ministre. Mais à tort ou à raison, sa faiblesse pourrait venir de la réputation régionaliste qu’on lui colle et qu’on colle à son parti.

IBK : L’expérience et la rigueur Quant à Ibrahim Boubacar Keïta, plusieurs Maliens voient en lui l’archétype du chef de l’Etat. L’ancien Premier ministre de Alpha Oumar Konaré, qui s’est parfois montré très rigoureux quand il était aux affaires, séduit plus d’un en tant que président. Un autre atout du candidat du RPM est sa longue expérience dans la course à la présidence du Mali, car il fut deux fois candidat, en 2002 et en 2007. Par contre, son parti n’est plus ce qu’il était en 2002, alors deuxième force politique du pays. A partir de 2007, le nombre de ses députés s’est réduit. IBK lui-même dut avoir son siège de député en commune 4 grâce à un esprit de corps de la part de nombreux partis politiques lors des élections législatives. Et puis, son pouvoir financier semble s’émousser. Et son âge avancé (67 ans) peut constituer un handicap pour lui. Modibo Sidibé : L’homme des dossiers Contrairement à IBK, l’esprit de corps pourrait jouer contre Modibo Sidibé, candidat jusqu’ici non affilié officiellement à un parti politique. Quelques formations politiques et de nombreux clubs et associations le soutiennent néanmoins.

Mais le grand problème de Modibo réside dans son entourage où il y a peu d’hommes politiques susceptibles de drainer des foules d’électeurs alors qu’on n’est pas loin de l’échéance. Sa force est que, c’est un homme « de dossiers ». Il est resté dans les couloirs du pouvoir, en tant que ministre puis Premier ministre, depuis la transition jusqu’en 2011. Ainsi, Modibo a tissé un vaste réseau relationnel au sein de l’Administration et des autres secteurs socioprofessionnels. En outre, il pourrait drainer de nombreux électeurs déçus des partis politiques ou encore de certains responsables politiques qui lui ont jeté leur dévolu.

Soumaïla T. Diarra

L’aube.ml 17/01/2012