Présidentielle américaine : le bilan d’Obama, les promesses de Romney

Son programme pour ce second mandat tient d’avantage du bilan que de la vision pour les quatre prochaines années. C’est à peine si, au détour d’un entretien, qui ne devait pas être publié, il a dévoilé deux chantiers pour les premiers mois de sa présidence, s’il est réélu : une réforme de l’immigration et un plan de réduction du déficit. Obama dévoile ses premières mesures pour un deuxième mandat Le programme de Mitt Romney n’est pas beaucoup plus précis. Il ne détaille aucune mesure concrète sur son plan de stimulation de l’économie.

Il se contente d’énumérer un plan en cinq points : développer la production d’énergie et le commerce ; améliorer l’éducation ; réduire la dette et les déficits et favoriser la création des petites et moyennes entreprises. Au cours des derniers jours, Mitt Romney a régulièrement employé le terme de « changement », mais il s’était jusqu’à présent abstenu de faire un thème central de ce qui était au cœur de la campagne de Barack Obama, il y a quatre ans. Sur le plan économique, Barack Obama envisage de créer un million d’emplois dans le secteur manufacturier d’ici à 2016 en encourageant les entreprises à « relocaliser » leur production aux Etats-Unis notamment par des mesures fiscales. Mitt Romney propose de créer 12 millions d’emplois en faisant repartir la croissance par la baisse des impôts, la dérèglementation, l’ouverture de marchés extérieurs et le développement des ressources pétrolière et gazière américaines.

Le président envisage de réduire les dépenses de 4 000 milliards de dollars cumulés sur dix an tandis que son adversaire veut plafonner le budget fédéral à 20 % du produit intérieur brut, contre 24,4 % en 2012. Le candidat démocrate envisage une augmentation de l’impôt pour les deux tranches les plus élevées et une réduction de l’impôt sur les sociétés, tandis que le candidat républicain veut réduire et simplifier l’impôt. Les sondages donnent l’avantage au candidat républicain sur les questions liées à l’économie, sa stature d’entrepreneur à succès y étant pour beaucoup. « Le progrès est difficile. Le changement peut être lent », reconnaît M. Obama pour s’excuser du retard pris par ses réformes, alors que son adversaire républicain l’accuse d’avoir manqué à sa parole de rassembler les Américains et surtout de remettre l’économie sur pied. Mais « si vous voulez bien continuer à tenter d’atteindre cette vision des Etats-Unis que nous portons dans notre cœur, le changement viendra », ajoute M. Obama, au moment où les sondages serrés témoignent d’électeurs désabusés après avoir subi depuis quatre ans la pire crise économique depuis les années 1930.

A l’étranger, Barack Obama, qui avait pour la première fois fait parler de lui en 2002 avec un discours contre la guerre en Irak, a tenu, à la fin de 2011, sa promesse d’en retirer les soldats américains. En revanche, en Afghanistan, il a triplé en moins d’un an le contingent avec pour mission de relancer la lutte contre Al-Qaida, un objectif également poursuivi au Pakistan voisin par une « guerre secrète » des drones. En mai 2011, il affiche une victoire, avec l’élimination d’Oussama Ben Laden. Depuis, il a engagé le retrait d’une partie du contingent américain. Mais il s’est, comme tous ses prédécesseurs, cassé les dents sur le conflit israélo-palestinien, compliqué par un « printemps arabe » qu’il a parfois semblé gérer à vue, et sur la montée des tensions avec l’Iran sur son programme nucléaire.

Le tout sur fond de relations difficiles avec Pékin et Moscou, malgré une « remise à zéro » un temps fructueuse avec le Kremlin. Colin Powell, l’ancien secrétaire d’Etat de George W. Bush, juge incohérentes les positions du candidat Mitt Romney en matière de politique étrangère. « Je ne sais pas exactement quel type de gouverneur Romney nous aurions pour ce qui est de la politique étrangère », a-t-il dit, en qualifiant de « cibles mouvantes » les options du candidat républicain dans ce domaine. Raison pour laquelle il s’est rallié pour la deuxième fois au président sortant.

AFP 01/11/2012