POURQUOI LE PREMIER MINISTRE MODIBO KEITA DOIT PARTIR 3 raisons qui motivent son départ

RENCONTRE AVEC LE PREMIER MINISTRE DU MALI, M. MODIBO KEITA, DIMANCHE, LE 18 SEPTEMBRE 2016 À 10 H 00

Nommé comme Premier ministre après le départ de Moussa Mara, M. Modibo Keita semble aujourd’hui montrer toutes ses limites à trouver des solutions aux différentes crises dont souffre le Mali. Et pourtant, il avait la faveur des pronostics et jouissait des préjugés favorables après le grand commis de l’Etat qu’il fut pendant plusieurs décennies. Incapable aujourd’hui d’insuffler une nouvelle dynamique à la hauteur des attentes, trouver des remèdes aux multiples maux qui rongent notre pays, M. Keita n’aura son salut qu’en rendant le tablier pendant qu’il est encore temps pour préserver le peu de crédibilité qu’on lui accorde. Son image est déjà écornée par la scabreuse affaire des logements sociaux. Voici trois raisons qui plaident pour son départ de la primature.
Un vieil adage de chez nous dit que l’âge est synonyme de sagesse. Cette sagesse devrait commander au PM de partir quand il est encore temps. Mais tout indique qu’il semble avoir pris goût aux délices du pouvoir et ne voudrait en aucun cas s’en priver. Et pourtant, il doit comprendre qu’il y a un temps pour tout. Applaudi par bon nombre de maliens après sa nomination comme Premier Ministre à cause de sa grande expérience et de sa probité morale, surtout après les errements de son prédécesseur Moussa Mara, Modibo Keita est aujourd’hui en passe de devenir le problème et non plus la solution. Pour cause, son incapacité à redonner espoir aux maliens à la hauteur de l’immense attente après deux ans de passage à vide du régime IBK. Mais deux ans après sa nomination, les grandes priorités restent toujours entières et aucune lueur d’espoir de solution n’est malheureusement perceptible. Voici 3 grandes raisons qui plaident en faveur de son départ de la Primature.

Première raison : l’échec du Gouvernement qu’il dirige à trouver des réponses aux attentes des maliens depuis sa mise en place en janvier 2015. Deux ans de calvaire, d’insécurité, de corruption, de népotisme, de laisser aller. A 75 ans, à moins d’être constamment dopé, sinon il est difficile d’être lucide et de travailler à plein temps. Pourquoi ne peut-il pas chercher à aller se reposer en prodiguant de sages conseils aux cadets ? S’il voudrait bien rentrer par la grande porte de l’histoire contemporaine du Mali, il ne doit plus attendre, il doit demander lui-même à partir avant de se voir chassé probablement un jour comme son prédécesseur Mara pour insuffisance de résultats.
Deuxième raison : s’il y a une raison qui a sous-tendu à la nomination du PM Modibo Keita, c’est bien sa profonde connaissance de l’épineux dossier de la crise au nord du Mali pour avoir été avec succès le représentant spécial du Président de la République aux pourparlers inter-maliens d’Alger. Son départ prématuré de ce poste de haut-représentant fait qu’aujourd’hui, plus de 20 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la Réconciliation, il n y a pas beaucoup d’avancées significatives. Pire, cet Accord fait aujourd’hui l’objet de dissensions terribles entre les parties prenantes de sa signature. Il devrait laisser la Primature pour mieux suivre la mise en œuvre de l’Accord et achever ainsi ce qu’il avait bien commencé.

Troisième raison : son manque de réaction proportionnelle à la grave accusation dont il a été l’objet dans l’attribution des fameux logements sociaux. Après avoir reconnu que sa famille en avait été bien bénéficiaire, la réaction que ceux qui le connaissent attendaient de lui, était la rétrocession immédiate de cet « indu » auquel ni lui ni sa famille n’avait droit. Un homme de sa réputation, de sa trempe et de son rang ne devrait nullement accepter que son honneur et sa dignité soient « jetés aux chiens » à cause des « LOGEMENTS SOCIAUX ».
En définitive, le PM Modibo Keita a désormais le choix entre rester et se faire partir en ternissant à jamais une image déjà écornée à cause de toutes ces crises et scandales à répétition dont son gouvernement s’est rendu coupable. Ou bien, il peut encore sortir par la grande porte en rendant lui-même le tablier pendant qu’il a encore l’estime de ses concitoyens et de son président.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com