Pourparlers inter-maliens Le forcing algérien payera t-il ?

 

Le projet d’accord proposé hier par le médiateur algérien  au gouvernement malien, à la plateforme et à la coordination des mouvements de l’Azawad  sauvera t-il les meubles ? En tout cas, Alger ne rit pas qui a dû user plus du bâton que de la carotte.  Ce projet sera le dernier et il doit être approuvé avait laissé entendre le médiateur fortement soutenu par les partenaires du Mali.

A l’hôtel El Aurassi où sont logées les délégations, « les parties au conflit donnaient l’impresssion d’être satisfaites par le projet »,  assure une source dans la capitale algérienne. Si cela est sincère,  on est donc plus près de signer un accord à  Bamako que de la rupture des négociations dont le risque planait toute la semaine dernière. Vendredi passé, les parties avaient presque fait leur valise et le médiateur envisageait une nouvelle rencontre vers la mi-mars. Le forcing algérien payera t-il ?  Bamako et les mouvements signeront-ils ?

S’ils respectent cet accord du 25 février, ils n’ont pas beaucoup de choix car ils laissent dans le chapitre 17 du projet le médiateur jouer « le rôle de dernier recours au double plan politique et moral en cas de graves difficultés de nature à compromettre les objectifs et les buts » de l’accord.

Accord équilibré ?

Une des raisons pour lesquelles l’accord pourrait rallier les parties est qu’il paraît équilibré. Les prétentions fédéralistes, autonomistes ou sécessionnistes des groupes de l’Azawad sont zappées sur les trente pages du projet d’accord.  C’est dès le préambule que  la souveraineté, l’intégrité territoriale du Mali, la forme républicaine et laïque de la République sont mises en avant. Exit donc le mémorandum  No 2 du 17 février remis  par les mouvements de l’Azawad au médiateur algérien et qui exige une fédération. Ce qu’ils auront c’est « une architecture institutionnelle fondée sur des collectivités territoriales élus au suffrage universel et aux pouvoirs étendus » !  Le document recommande la réactivation du processus devant  conduire à la création d’un Senat.

En revanche, l’Etat malien n’obtiendra pas l’abandon du terme Azawad qu’il avait sérieusement remis en cause dans son mémorandum du 16 février au motif qu’il ne correspondait à aucune référence historique justifiant les prétentions des séparatistes. Pour le médiateur, le terme de l’Azawad est bien un référent. Selon les termes du projet, il recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique  partagée par différentes populations du Nord. Pour ce qui est de la défense, elle sera assurée par la seule armée malienne sur l’ensemble du territoire. Une police des Collectivités territoriales sera créée. Elle pourrait alors absorber une partie de l’effectif combattant des mouvements. L’accord ne le dit pas explicitement mais il ne l’exclue pas non plus.

Adam Thiam

Source: Le Républicain-Mali 2015-02-26 19:37:21