Pèlerinage 2011: La rumeur tue Assarid Ag Imbarcawane

Paniqué, nous avons multiplié les appels dans les milieux de l’Assemblée nationale, de sa famille politique et de sa famille génétique. Durant toute la nuit, la confusion régnait, d’autant que le Questeur, Mahamadou Cissé, qui avait communiqué avec lui cinq heures auparavant, n’arrivait plus à le joindre. Son téléphone de la Mecque sonnait plusieurs fois, mais personne ne décrochait.

Ce n’est que le lendemain que le 2ème vice-président de l’Assemblée a vu les multiples appels en absence et a aussitôt rappelé Cissé. Tout de suite après, ce dernier me rappelle pour me dire: «Takiou, tranquillise-toi. Assarid n’est pas encore mort. Je viens de parler avec lui». Auparavant, dans la nuit, Arboncana Boubèye Maïga, collaborateur proche et cadet bien aimé d’Assarid, m’avait rappelé en disant ceci: «Je viens de procéder aux recoupements. Rhissa me dit que la rumeur courait depuis vingt-quatre heures à Gao. Mais elle n’est pas fondée». De fait, Assarid Ag Imbarcawane vit toujours. Il est revenu jeudi dernier du pèlerinage, bien accompli selon ses propres termes.

Alors, qui voulait donc tuer Assarid avant le jour «J»? Qu’a-t-il fait aux uns ou aux autres pour qu’ils lui souhaitent une mort précoce? II est difficile de répondre à ces deux interrogations. Ce qui est sûr, c’est qu’Assarid dérange. Dans sa famille politique aussi bien qu’au sein de la communauté touarègue, dont il est l’un des cadres incontournables, il déjoue nombre de situations à risque.

D’abord à l’ADEMA où, depuis 1992, il est élu député de la circonscription électorale de Gao et s’apprête d’ailleurs à remettre ça en 2012. Alors que certains voudraient qu’il cède la main. Ils ne le disent pas haut et fort, mais tentent de comploter, de préparer des scenarii pour l’écarter de la course aux législatives. Au même moment, il déjoue les complots et s’impose comme acteur principal, tant sur le terrain que de par sa proximité d’avec le Président et non moins candidat de l’ADEMA à l’élection présidentielle d’avril prochain, Dioncounda Traoré. Donc, le moyen le plus sûr de réussir, pour ceux qui travaillent à sa disparition politique serait, c’est certain, sa mort.

Ensuite, au sein des Touaregs, nombreux sont ceux qui ne lui pardonnent pas son allégeance aux pouvoirs politiques en place dans les différentes crises et banditismes qu’a connus le Nord-Mali, de 1990 à nos jours. Il a toujours dénoncé  ceux qui prennent les armes contre l’Etat. Il a, c’est aussi un fait avéré, constamment œuvré pour la paix et aidé les autorités à trouver les solutions idoines pour le rétablissement de la sécurité et l’amorce d’un développement durable de cette zone. Il est l’un des rares cadres à fustiger publiquement les actions subversives du Mouvement national de libération de l’Azawad. Et il n’est pas de ceux qui jouent un double jeu concernant les questions du nord. Cette position lui a créé des inimitiés, voire suscité des haines, au sein de sa communauté. Ses adversaires, là aussi, pensent que sa mort serait la bienvenue pour la propagande de leurs idéaux, toujours contrés par Assarid.

Voilà, à notre avis, pourquoi certains souhaitent une disparition précoce du 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale, l’un des piliers sur lequel repose le travail parlementaire. Nous lui souhaitons donc une très longue vie et, surtout, plusieurs pèlerinages, pour lui et pour tous ceux qui veulent s’approcher davantage de Dieu.

Chahana Takiou

Le 22 Septembre 14/11/2011