Paysage politique : Le désordre

 

Rien n’y fait. Les appels incessants pour que le gouvernement reporte la reforme constitutionnelle envisagée  au profit de l’organisation d’élections transparentes et régulières  semblent  tomber dans des oreilles de sourds. Le pouvoir fonce tête baissée et situe la priorité ailleurs. Un autisme qui a conduit le Pr Younouss Hameye Dicko à dire à propos d’organisation des élections générales, désormais très proches, le Mali « navigue sans boussole en matière de fichier électoral ».

Trente deux partis politiques dont Urd, Rds, Parena, Cnid-Fyt, Codem, Copp, Mplus Ramata, Mpr, Pari, Rpdm, Sadi, Um-Rda Fj, Yelema etc. engagés dans la lutte pour un fichier biométrique fiable sur la base du Ravec pèseront-ils suffisamment pour se faire entendre, quand on sait que le Comité d’experts commis pour se pencher sur la question en ont reconnu l’impossibilité. Jusqu’où iront-ils lorsqu’on sait que l’Adema-Pasj, ce géant …, dit autre chose, et que même si elle disait la même chose, elle n’a pas fini de gérer ses problèmes domestiques face à la présidentielle de 2012. L’Urd, cet autre grand parti rame certes en faveur du  Ravec mais fait face à la préoccupation urgente de son leader et candidat, longtemps absent du pays, de renouer avec la base dans le Mali profond.

Il court, après huit années passées à la tête de la Commission de l’Uemoa, pour rattraper son retard dans ce domaine. Soumaïla Cissé est également à réduire le courant de ceux qui sont contre une candidature naturelle, c’est-à-dire lui, pour la présidentielle de 2012. Actif sur ces deux fronts, l’Urd ne semble pas peser de tout son poids sur le processus qui influencerait positivement la décision attendue de la plupart des Maliens : aller à des élections apaisées.  Bref le désordre que nous supputons proviendrait du fait que certains grands partis dont la responsabilité ne peut qu’être historique sont parfois occupés à autre  chose.   

Sans un minimum de cohérence et de synergie d’actions, les partis politiques parviendront-ils à quelque chose de durable ? Pourront-ils construire une démocratie profitable à tous telle que souhaitée par le peuple insurgé du 26 mars 1991 ? Occupés à des soucis différents, les partis pourront-ils éviter l’arrivée au pouvoir d’un autre Indépendant ?   

Tout ce sur quoi ils focalisent leur attention et dépensent leur énergie ne serait-il pas vain si les conditions ne sont pas réunies pour la transparence des élections qu’ils espèrent les placeront à la tête de l’Etat ? Il est plus temps que la classe politique se ressaisisse et regarde la même chose dans la même direction.

B. Daou

Le Républicain 13/07/2011