ORDURES SUR LA ROUTE DE SAME : La montagne de la honte !

Situé précisément au flanc de la colline, entre N’Tominkorobougou et Samé (sur la route qui mène à Kati), le tas d’ordures est cité parmi les potentielles causes des maladies qui sévissent dans la zone comme la tuberculose, la fièvre jaune, le paludisme… Etendue sur plus de 100 mètres avec une altitude dépassant les 50 mètres, le gigantesque tas d’immondice offre un spectacle inédit.

C’est toute la Commune III qui vient déverser ses ordures ici. L’endroit servait auparavant de dépôt de transit. Il revenait au service de la Voirie d’évacuer les ordures vers un dépôt final, loin de la ville. Triste constat ! Depuis maintenant 5 ans, le service de la Voirie ne visite plus le site. Et, au fil des années, les ordures se sont amoncelées en formant une montagne et représentent un vrai danger pour la santé des populations riveraines. Moustiques, rats, mouches y pullulent.

Comme si cela ne suffisait pas, environ une cinquantaine de charrettes y déversent quotidiennement leurs contenus. Le spectacle est désolant. Les populations de la localité (Samé, Cité El Farako, les logements sociaux de la Séma) jouent à l’expectative, comme si elles se plaisaient dans cette situation. Depuis plusieurs mois, la moitié de la route a été bouffée par les ordures. Avec l’hivernage, l’insalubrité est à son comble.

 

Problème de santé publique et de sécurité routière

Le hic est que ce dépôt de transit est bourré d’ordures à telle enseigne que les charretiers sont contraints de déverser les insanités sur la route. Du coup, les usagers sont confrontés à l’exigüité de la route que se rétrécit au fil des jours. Aujourd’hui, deux automobilistes sont incapables de se croiser sur le site, l’un est obligé d’attendre le passage de l’autre. Cela a souvent occasionné des accidents, souvent tragiques, sur le tronçon. Sur une route dont le trafic est aussi intense, on imagine tout le risque d’accidents, notamment la nuit où les camions remorques font leur ballet de va-et-vient.

Les populations riveraines n’en peuvent plus. Elles en veulent surtout à leurs élus, lesquels visiblement, n’ont pas de possibilité pour évacuer les ordures. Pour leur part, les simples passants n’en reviennent pas en voyant ce tas d’immondices en plein cœur de la ville de Bamako, avec à la clé des odeurs nauséabondes à couper le souffle.

Pis, la bretelle qui longe Samé et mène à Kati est en train d’être obstruée par les ordures. Tout autour, aux abords, plusieurs petites activités économiques (des ateliers de mécaniques, de collage de pneus, stations services…) y étaient exercées. Mais aujourd’hui, il ressort que les occupants sont entrain d’abandonner le site en raison des réels problèmes de santé publique occasionnés par ces ordures.

Les agents du service de la Voirie ont imputé la situation au problème de moyens matériels dont ils sont confrontés depuis très longtemps. L’agent de la Voirie, responsabilisé pour le site, jure n’avoir jamais été confronté à ce genre de situation depuis le début de sa carrière en 1970. C’est ainsi qu’il déverse sa colère sur les plus hautes autorités, lesquelles, dit-il, auraient du accorder plus d’importante à l’hygiène au lieu de s’attaquer directement aux problèmes de santé. Car, argue-t-il, « sans la propriété, pas de santé ».

 

La population doit prendre ses responsabilités !

Comme solution, le sexagénaire propose que la Voirie soit équipée en bennes de travaux publics pour faire face à ce mal. Les plus hautes autorités ont tout intérêt à investir dans du matériel d’assainissement. Relevant exclusivement de la mairie centrale, la Voirie apparaît fort incontournable dans le système d’assainissement d’une ville. Mais dans le cas présent du tas d’ordures de Samé, le problème a dépassé le simple cadre de dénonciation.

D’un problème d’hygiène, il est devenu une question de santé publique, de sécurité routière. Et les populations doivent prendre la mesure de l’énormité du comportement des autorités compétentes. La solution exige, il faut le dire, des actions fortes, à travers des manifestations musclées. Aux comportements irresponsables, il faut opposer le soulèvement de la rue. Et la question des ordures de Samé est véritablement une cause juste et noble de manifestation des populations.

Aucune autorité n’acceptera que cette colline d’ordures pousse à côté de son habitation. Et les autres citoyens, qu’on semble reléguer au second degré, ne doivent pas se résigner à cette situation de martyrs. Aujourd’hui, et plus que jamais, la jeunesse de ces quartiers riverains a le devoir de prendre ses responsabilité, face à l’irresponsabilité de leurs autorités !

Issa Fakaba Sissoko

 

L’Indicateur du Renouevau