Opinion / BELLE LEÇON DE SAGESSE DU PRESIDENT AMADOU TOUMANI TOURÉ (Une lettre de Tripoli)


En effet, nous avions appris par les radios internationales que suite à la débandade de l’armée Kadhafiste, plusieurs centaines de combattants libyens d’origine malienne étaient rentrés au pays avec armes et bagages. Nous tous maliens  qui sommes ici, sans distinction d’épiderme, étions  inquiets des conséquences immédiates de cette arrivée « d’hôtes  imprévus ». C’est pourquoi, nous avions réagi spontanément pour faire des suggestions les concernant. Mais, par la grâce d’Allah, nous avons eu un grand ouf de soulagement après avoir vu les images de la rencontre de six (6) ministres du gouvernement avec les représentants des communautés locales et des ex-combattants libyens. Je t’informe tonton que depuis le déclenchement de « La Bataille de Tripoli », nous nous terrons et sommes demeurés à l’Ambassade du Mali à Tripoli où on peut capter la télévision nationale.  

Cher tonton, tu ne peux imaginer qu’elle fut notre joie, après avoir vu cette grande salle de conférence de Kidal pleine d’enturbannés et qui, semble t-il  aurait refusé du monde ! Nous avons observé les mêmes spectacles à Tombouctou où les autorités locales avaient pris des dispositions pour accueillir « les rentrants de Libye »- terme consacré là-bas pour parler des maliens de Libye- Nous avons été frappés par le calme et la sérénité des porte-paroles des arrivants qui ont réaffirmé haut et fort leur appartenance au Mali et leur désir de mettre leur savoir faire et leur compétence au service de la nation. Vous voyez tonton que nous avions vu juste lorsque nous suggérions d’utiliser l’expertise de ces hommes et femmes qui ont acquis des connaissances utiles au pays ! Nous avons aussi apprécié le geste symbolique de don de céréales et d’une somme d’un montant de cinquante millions de francs (50 000 000 F) CFA par le Président de la République.  

Tonton, c’est l’un des plus grands gestes de solidarité et d’unité nationale que le gouvernement a eu à effectuer pendant ces dernières années : accueillir des maliens fussent-ils armés. Il faut aussi féliciter les autorités traditionnelles, politiques et les cadres de cette région qui se sont engagés à servir d’interface entre le gouvernement et leurs frères pour dissiper tout climat de méfiance qui pourrait naître entre les uns et les autres. Ce qui favorisera l’instauration d’une paix véritable dans la région de Kidal en particulier et dans le nord Mali en général.   

En retournant au pays, ces ex-combattants libyens ont reconnu cet autre adage qui dit « que la patrie est un boubou d’épines » : il est aussi d’autant plus difficile de le porter que de l’ôter.  En leur disant «faddal », « ama e jèrè », « bissimillah » « aw bissimillah », « bienvenus », le Président Amadou Toumani Touré  leur a montré qu’ils restent maliens malgré leurs pérégrinations à travers le monde et malgré « les papiers » qu’ils ont acquis ailleurs : une mère ne rejette jamais ses fils. Belle leçon de sagesse de la part du Président ATT ! La balle est maintenant dans leur camp. A eux de montrer qu’ils sont  demeurés maliens, dignes et fiers en posant des actes citoyens. Nous espérons que dans cette optique, l’accompagnement du gouvernement ne fera pas défaut.

A la veille de la tabaski, je dis à toute la famille et alliés, « sambe, sambe ». Tu me pardonneras de ne pas pouvoir envoyer le prix des moutons comme j’ai eu à m’exécuter tous les ans, depuis que je suis ici. Je pense que tu ne m’en voudras pas : « les temps sont cailloux » comme diraient nos amis de la côte ouest africaine.     

Bien de choses à  tout le monde tonton. Dans mon prochain courriel, j’espère pouvoir  enfin te donner mon opinion sur : « La disparition du Guide»   

Hamidou ONGOÏBA Professeur à la retraite

Le Républicain 14/11/2011