Riche de plus de 110 membres, le Forum des Ong internationales au Mali
(FONGIM) a organisé la première édition du «Café des ONG
internationales». Il s’agit d’un nouveau rendez-vous d’échange, de
dialogue et de visibilité autour de la contribution de ces organisations
qui, malgré une utilité prouvée sur le terrain, voient souvent leur image
ternie par des préjugés. Pendant les débats, il a été question des actions
concrètes menées sur le terrain, de perspectives partagées pour et avec
le Mali…
«Dès qu’on voit Ong au Mali, on se dit que ce sont des millions et qu’il faut
chercher sa part…» ! Le constat est d’Akim Sôul Guindo (Ibrahim Guindo),
styliste et opérateur culturel. Ong renvoie donc généralement à l’argent à se
partager. Certainement parce que «ONG», «aide au développement»,
«solidarité internationale»… sont des concepts parfois flous, souvent chargés
de mauvaises perceptions, d’idées reçues et aussi de silences à cause du
déficit de communication. Heureusement, le Forum des Ong internationales au
Mali (FONGIM) est aujourd’hui déterminé à rompre le silence en initiant «le
Café des Ong internationales» dont la première édition a eu lieu le 24 juin
2025.
Durant deux heures, responsables d’Ong, journalistes, influenceurs et
communicants ont partagé une table, des idées… Que pense réellement la
population malienne de leur présence ? Quel est l’impact de la situation
politique ou sécuritaire sur les activités humanitaires ? Comment mieux relayer
les actions des Ong ? Que faire pour éviter la méfiance ou l’incompréhension
sur le terrain ? Comment les Ong peuvent-elles intégrer les réalités culturelles
et sociales dans leurs projets ? Ce sont là, entre autres, des questions autour
desquelles les échanges ont essentiellement tourné.
A cette occasion, Mamadou Diop (directeur pays d’Action contre la faim/ACF
et président de FONGIM), Boubacar Mahamadou Maïga (Directeur-pays de
BORDA), Mmes Dembélé Rokiatou de la Fondation Stromae et Sidibé
Kadiatou Cissé (Directrice-pays CARE International au Mali) ont partagé leurs
expériences et leurs éclairages sur les réalités du terrain ainsi que leurs
convictions avec les participants. Axé sur un dialogue sincère, le débat ouvert
a permis aux uns et aux autres d’apprendre plus sur l’existence et le
fonctionnement des Ong internationales.
«J’ai été très honoré d’y prendre part et j’ai rappelé combien la coopération
internationale, quand elle est bien racontée, peut contribuer à renforcer
l’image d’un Mali résilient, solidaire et en action», a souligné Akim Sôul sur les
réseaux sociaux. «Cette rencontre m’a permis de comprendre que les Ong
internationales sont utiles, voire indispensable pour le renforcement de la paix
au Mali, le développement de notre pays et surtout pour l’humanitaire», a
reconnu El Hadj Djimé Kanté, président de l’Association globale santé et
solidarité (AGSS/ humanitaire). Et d’ajouter, «elles sont au Mali sur invitation
de notre pays, d’où elles n’ont pas été chassées du Mali… Au café du Fongim,
on a parlé terrain, impact, engagement… mais aussi idées reçues. Ce fut une
matinée riche, sincère et pleine de vérités à entendre et à partager».
«J’ai pris la parole devant une foule nombreuse. J’ai traité les Ong
internationales de tous les noms d’oiseaux. Ce qui se dit dans leur dos dans
nos causeries au Grin, je l’ai dit devant les représentants des 110 Ong
internationales regroupées au sein du Fongim. J’ai eu un peu honte après car
je me trompais. Les Ong internationales travaillent avec nos autorités en toute
légalité et non contre elles», a confessé El Hadj Djimé Kanté. Et de
reconnaître, «lors de ce café, j’ai dit tout haut ce que beaucoup pensent tout
bas. Une méfiance réelle nourrie par des perceptions persistantes et des idées
reçues encore bien ancrées. Mais ce café, c’était justement ça : se dire les
choses, confronter les visions et ouvrir un espace de clarté».
Comme l’a rappelé Sidibé Kadiatou Cissé, directrice-pays de CARE
International Mali, «les Ong n’ont pas pour vocation de se substituer à l’État…
Elles viennent renforcer les capacités et permettre aux communautés
d’assumer leur responsabilité dans la gestion de ce qui leur appartient.
Généralement, a-t-elle dénoncé, «les rumeurs viennent de ceux qui restent à
Bamako, loin du terrain et de la réalité des communautés». Ces organisations
travaillent en toute légalité sous l’œil vigilant de l’État malien et œuvrent dans
tous les secteurs clés aussi bien du développement que de l’humanitaire.
Ces Ong interviennent généralement dans plus de 6 secteurs comme
l’éducation, la santé, l’agriculture durable, l’environnement, la gouvernance,
l’aide humanitaire… Elles mènent ainsi des actions qui profitent à des milliers
de bénéficiaires chaque année à travers des centaines de projets exécutés,
créant ainsi de nombreux emplois, particulièrement pour les jeunes et les
femmes. L’impact est indéniable, car «un puits, une école, un centre de
santé… ce sont des vies transformées». Mais, il est essentiel et plus crédible
de donner aux bénéficiaires l’opportunité de prendre la parole pour témoigner
de l’impact réel des interventions des Ong sur leurs activités, sur leur vie. Cela
renforcera la crédibilité des actions sur le terrain en mettant en relief les
changements concrets que vivent les communautés.
Après ces échanges, les invités savent maintenant que les Ong
internationales sont dans notre pays sur invitation de nos autorités. «Avec tout
ce qui a été dit pendant cette séance, nous avons compris que derrière le
sourire de plusieurs enfants, femmes et personnes vulnérables se cachent en
réalité une Ong qui communique très peu sur ses exploits estimant que cela
revenait aux bénéficiaires de le faire», a souligné un participant. Avec ses 110
Ong internationales membres, le Fongim (plus de 20 ans d’engagement aux
côtés du Mali) agit avec les communautés, les autorités et les partenaires pour
«répondre aux urgences, soutenir le développement et bâtir la paix». Depuis
plus de deux décennies, il coordonne, représente, plaide et renforce les
capacités pour amplifier l’impact collectif sur le terrain.
Ceux qui ont eu le privilège de partager ce café sont unanimes sur la
pertinence de l’initiative. L’espace ainsi créé offre aux responsables d’ONG et
à leurs invités «un moment de proximité pour valoriser les actions concrètes
sur le terrain, renforcer les liens et faire entendre une parole engagée au
service des communautés». C’est donc fort logiquement que le président du
Fongim, Mamadou Diop, a annoncé la pérennisation de ces échanges pour
rapprocher Ong et populations.
Moussa Bolly
diasporaction.fr