Nouveau coup dur pour oumar mariko Le député Moussa Coumbéré démissionne du parti Sadi

 »Je ne suis pas nommé, donc je ne quitte pas l’Assemblée nationale parce que Oumar Mariko le veut ». Dans notre livraison du 3 octobre 2012, au cours d’un entretien au téléphone, le député de Kolondiéba, Moussa Coumbéré exprimait clairement son opposition à la décision du bureau politique du parti Sadi de quitter l’Assemblée nationale conformément au délai constitutionnel fixé par la Loi fondamentale de notre pays.

Adoptée à l’issue de son 4e comité central tenu en septembre dernier, cette décision n’a pas obtenu l’adhésion de tous les militants du parti. Parmi eux, les députés Moussa Coumbéré et Oumou Coulibaly (élue à Niono), lesquels ont participé pleinement aux travaux de la session d’octobre de l’Assemblée nationale. Depuis, on comprend aisément la tension qui existe entre ces élus et certains ténors du parti Sadi, dont le secrétaire général Oumar Mariko.

Au cours de cet échange au téléphone, si le colistier d’Oumar Mariko avait précisé qu’il restait toujours militant du parti malgré cette divergence, aujourd’hui M. Coumbéré semble changer de décision.  Le 2 janvier dernier, l’élu Sadi a adressé sa démission au président de la coordination du cercle de Kolondiéba. Ce, à travers une lettre dont nous nous sommes procurés d’une copie.
 »Je viens, à travers cette lettre, vous informer de ma démission de toutes les instances du parti  Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) à compter de ce jour 2 janvier 2013 pour des raisons strictement personnelles », écrit le député démissionnaire, qui exprime ses  »très vifs remerciements » aux militants du parti qui, selon lui,  »en tout moment et en toute  circonstance, n’ont cessé d’apporter leur soutien indéfectible à ce parti et à ma modeste personne et souvent, au prix de leur temps, de leurs ressources et de leur dignité ».

Si dans sa lettre de démission l’ex-député Sadi n’évoque que des  »raisons strictement personnelles », tout porte à croire que ce départ serait en relation avec l’atmosphère déjà tendue entre lui et plusieurs camarades du parti, notamment le secrétaire général Oumar Mariko avec lequel le climat était devenu invivable depuis le coup d’Etat du 22 mars.  

Affaiblissement continu

Moussa Coumbéré n’était certes pas membre du bureau politique du parti, mais il est reconnu comme un cadre très influent dans la circonscription électorale de Kolondiéba. Il n’y a donc pas de doute que son départ va constituer un coup dur pour le parti Sadi, mais aussi et surtout pour Oumar Mariko, dont il était le colistier. Sans doute, lors des prochaines élections législatives les deux hommes seront des adversaires acharnés, et l’affrontement sera inévitable.

Pourtant, au bureau politique du parti Sadi, certains tentent de minimiser ce départ, expliquant que le cadre démissionnaire était devenu très peu actif dans les activités du parti depuis quelques temps. D’autres en revanche estiment qu’il s’agit d’une grosse perte au moment où le parti doit mieux se restructurer et faire face aux enjeux en perspective.

La démission du député Moussa Coumbéré du parti Sadi intervient moins de quatre mois après d’autres démissions non moins importantes, qui ont contribué a fortement à affaiblir la Sadi. Il s’agit notamment de celle du député de Niono, Mamadou Guindo (en 2011), de Sidi Ongoïba, ex-administrateur du parti et membre du bureau politique, et de Kadiali Traoré, ancien membre de la coordination de Baguinéda. Si Mme le député de Niono, Oumou Coulibaly, n’a encore déclaré officiellement sa démission, sa démotivation (comme chez d’autres militants) est devenue de plus en plus perceptible depuis son refus de suivre la décision du 4e comité central du parti de quitter l’Assemblée nationale, selon le délai constitutionnel normal.

Sans doute, dans son cas, les prochains jours devront produire de nouveaux rebondissements. Ce cycle de démissions ainsi amorcé, témoigne véritablement d’un malaise au sein du parti et les divergences entre les cadres depuis l’adhésion du camarade Oumar Mariko au coup d’Etat du 22 mars et son éternel soutien au capitaine Amadou Haya Sanogo.

Pour de nombreux observateurs, le rôle qui revient au président Cheick Oumar Sissoko est plus qu’utile pour redonner au parti sa crédibilité et son élan au sein de l’échiquier politique national.  Mais face aux allures caporalistes de son secrétaire général, Oumar Mariko, pourra-t-il relever ce défi ?  
Issa Fakaba Sissoko  

L’ indicateur su Renouveau 07/01/2013