Nos expatriés : N’Tji Michel Samaké, «je vise le gant d’or du championnat d’Ethiopie»

N’Tji Michel Samaké

Dans cette interview, l’ancien joueur du CSD évoque sa situation contractuelle en éthiopie, ses ambitions et espère faire un come-back en sélection nationale

L’Essor : Vous êtes en Éthiopie depuis 2017 après votre départ du CSD. Comment avez-vous rejoint le Fasil Kenema FC ?

N’Tji Michel Samaké : Effectivement, je suis dans cette équipe Fasil Kenema FC depuis 2017, c’est grâce à un agent nigérian dont je préfère taire le nom.

Il m’a contacté à travers mon ami Sory Traoré (ancien gardien de l’ASB et des sélections nationales U17 et U20, ndlr).

Au début, il voulait m’amener dans un club en Zambie, j’ai oublié le nom de cette équipe.

Malheureusement, l’offre de ce club ne lui a pas plu.

Du coup, il m’a proposé un autre club en Éthiopie et m’a dit que cette équipe souhaite que je fasse un test.

Nous sommes partis, tous les deux, en Éthiopie. Une fois sur place, nous avons été, tous les deux, séduits par l’offre. Et immédiatement, j’ai fait le test qui a été concluant.

Depuis ce jour, je suis un joueur de Fasil Kenema FC.

Je dois vous dire que mon intégration a été facile. C’est le lieu, pour moi, de remercier mes partenaires du club, sans oublier le staff technique de Fasil Kenema FC.

L’Essor : Avez-vous signé combien d’années de contrat et pensez-vous le renouveler ?


N’Tji Michel Samaké :
 Au début, l’équipe m’a proposé deux ans. Mais, à la fin de la première saison, les dirigeants m’ont demandé d’allonger mon contrat pour deux autres années. J’ai discuté avec mon agent. Puis, on s’est mis d’accord pour renouveler.

Mon contrat doit se terminer au mois de juillet prochain. C’est probable que je quitte l’équipe car la Fédération éthiopienne de football a décidé de ne plus signer des gardiens étrangers.

Cela fait mal, mais nous n’avons pas le choix nous les gardiens étrangers.

L’Essor : Êtes-vous en contact avec d’autres clubs au cas où vous ne renouvellerez pas votre bail ?

N’Tji Michel Samaké : Oui. Je discute actuellement avec quelques clubs.

Je dois partir en juillet donc je cherche un point de chute.

Pour le moment, rien n’est concret, Je me concentre sur le championnat. On verra bien ce qui va se passer d’ici le mois de juillet.

Mais, je promets que le Quotidien national L’Essor sera le premier à être informé de mon transfert.

L’Essor : Le championnat éthiopien n’est pas très connu au Mali, qu’est-ce qui a pesé dans votre choix pour l’Éthiopie ?

N’Tji Michel Samaké : Effectivement, au Mali on ne considère pas le championnat éthiopien.

Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que le championnat éthiopien produit du bon football et cela commence à prendre de l’ampleur car les dirigeants se donnent à fond pour rehausser le niveau du championnat.

D’ailleurs, ils ont même signé un contrat avec le DSTV (Super Sport) qui diffuse tous les matches du championnat en direct.

Ce qui a pesé dans mon choix pour l’Éthiopie, c’est en fait que je n’avais pas d’autres choix : c’était de venir tenter ma chance ici ou rester au Mali.

On sait très bien que pour les gardiens de but, c’est très difficile d’avoir un simple test en dehors du pays.

Les agents de football n’en demandent même pas.

En plus, le football malien, en pleine crise, partait en vrille.

Ma famille et mes amis m’ont encouragé à aller tenter ma chance.

Et je suis venu sans hésiter.

L’Essor : Vous avez récemment remporté le trophée de meilleur gardien du mois de janvier.

Que représente cette distinction pour vous ?


N’Tji Michel Samaké : 
Ce trophée est un honneur pour moi.

Il prouve que je fais un bon travail et que je suis sur la bonne voie (avec 5 clean sheets en 5 matches de suite).

Cela m’encourage, aussi, à continuer à travailler dur pour avoir le gant d’or du championnat que j’ai raté de peu la saison dernière.

J’ai été élu 2è meilleur gardien du championnat.

Je dédie ce trophée de meilleur gardien du mois de janvier à tous les Maliens et je demande à tous les amoureux du ballon rond de continuer à faire des bénédictions pour les joueurs qui évoluent en dehors du pays.

L’Essor : Vous êtes considéré comme l’un des meilleurs gardiens du championnat éthiopien. Comment appréciez-vous vos performances ?


N’Tji Michel Samaké : 
Tout à fait, cela fait trois saisons de suite que je suis parmi les trois lauréats dans un contexte où il y a beaucoup de gardiens professionnels de grands pays de football, notamment le Cameroun, le Ghana, le Nigeria, le Congo, la Guinée.

Cela veut dire que j’ai un bon niveau. Je suis conscient de l’enjeu.

C’est pourquoi je redouble d’effort, à chaque match de mon équipe pour être meilleur que les autres gardiens.

L’Essor : Fasil Kenema FC occupe la tête du classement après 12 journées de championnat. Avez-vous les moyens de rester à la tête jusqu’à la fin ?


N’Tji Michel Samaké : 
Bien sûr, nous avons les moyens pour rester en tête de classement et l’objectif principal du club est de terminer champion.

On y parviendra.

Le moral du groupe est bon et on est solidaire entre nous.

C’est comme une famille. Donc, avec la volonté de Dieu, on l’aura cette année.

On va travailler dur pour cela et on ne va pas baisser les bras.

Les dirigeants du club sont ambitieux et ils nous mettent dans les meilleures conditions possibles pour bien travailler.

Que peut-on encore demander pour être champion ?

La saison 2018-2019, on a terminé deuxième et on a remporté la Coupe nationale qui nous a permis de jouer la Coupe CAF.

Malheureusement, nous avons été éliminés par AZAM FC de la Tanzanie.

C’était notre première expérience en compétition africaine des clubs.

La saison dernière, nous avons gagné la Super coupe d’Éthiopie et on était en tête du championnat avec 17 journées jouées jusqu’à ce que la pandémie de la Covid-19 se pointe.

Les autorités ont décidé d’annuler le championnat. La pandémie de coronavirus a beaucoup pesé sur notre performance. Nous espérons, tous, être champions cette année, s’il plaît au bon Dieu.

L’Essor : Quels sont vos objectifs ?


N’Tji Michel Samaké : 
Je vais travailler dur pour être un grand gardien de but comme l’Allemand Manuel Neuer.

J’admire beaucoup ses performances dans les buts.

J’aimerais aussi remporter plusieurs trophées avec mon pays et dans le club.

L’Essor : Quelle est la différence entre les championnats malien et éthiopien ?


N’Tji Michel Samaké : 
Il y a une très grande différence entre le championnat du Mali et celui d’Éthiopie.

Je vous explique : ici les conditions sont meilleures qu’au Mali.

Je n’ai pas peur de le dire.

à part un seul club, qui est pris en charge par la mairie, tous les clubs de première division, sont à la charge du gouvernement. Les joueurs sont mieux payés et le championnat est professionnel.

En Éthiopie, les étrangers sont bien traités que les locaux.

Il y a plus de supporters ici qu’au Mali.

Tous les clubs ont des milliers de fans et ils remplissent le stade à chaque match.

Du coup, ça donne l’envie, la motivation de jouer et de se donner à fond.

Le football malien est amateur. Les joueurs ne sont pas dans les conditions.

Certains ont même du mal à percevoir un salaire mensuel.

Les supporters maliens ne sont pas patients avec les joueurs.

C’est très difficile pour un joueur malien d’aller de l’avant au Mali.

C’est dommage.

L’Essor : Pensez-vous qu’avec vos performances, vous méritez un retour en sélection nationale ?


N’Tji Michel Samaké :
 Dieu merci mes performances sont bonnes, sinon je n’allais pas être titulaire pendant 4 saisons et je n’ai raté que cinq ou six matches pendant ces quatre années.

Je peux dire que tout va pour le mieux en Éthiopie. Bien sûr, je mérite de faire mon come-back dans la sélection nationale.

Je travaille dur chaque jour pour que ce jour arrive enfin.

J’ai déjà joué une CAN U23 en 2015 au Sénégal, une CAN senior en 2015 en Guinée Équatoriale avec la sélection nationale.

J’ai eu un peu d’expérience et je sais quel genre de travail il faut.

J’attends impatiemment la convocation par le sélectionneur national, Mohamed Magassouba pour aller défendre les couleurs de mon pays.

Cela fait plaisir à tous les joueurs de jouer pour la patrie et j’avoue que je suis nostalgique de l’équipe nationale.

C’est un lieu de retrouvailles et, surtout, d’apprentissage.

Je profite de l’occasion pour rendre hommage aux Aigles pour leur qualification à la phase finale de la CAN 2022 au Cameroun.

J’espère, de tout cœur, que l’année 2022 sera la bonne pour notre pays pour avoir le trophée.

Je félicite, également, les Aigles locaux pour leur parcours au CHAN en terminant deuxième.

Je suis très fier d’eux et je prie pour que chacun d’eux obtienne un contrat pro dans les jours à venir.

L’Essor : Dans quel club souhaitez-vous jouer dans l’avenir ?


N’Tji Michel Samaké :
 à l’avenir, j’aimerai jouer dans l’un des plus grands championnats d’Europe.

Le haut niveau, c’est de l’adrénaline et j’aime l’adrénaline.

Je n’ai pas de club de préférence, je veux juste jouer et faire honneur à mon pays partout où j’irai.

L’Essor : Avez-vous un message pour le public sportif malien ?


N’Tji Michel Samaké : 
Je demande au beau public sportif malien de continuer à encourager les jeunes, à ne pas baisser les bras même si les conditions nous manquent.

Et je supplie les dirigeants maliens à s’unir pour mettre notre beau pays au plus haut sommet. Enfin, j’encourage aussi les fans à soutenir les joueurs.

Je remercie ma famille, mes amis et mes proches et mon ancien club le CSD.

C’est leur soutien qui m’a permis d’être ici et je n’oublierai jamais ça.

Je souhaite bonne chance à mon équipe de cœur qui est le CSD dans le championnat national.

Interview réalisée par
Djènèba BAGAYOKO

Source: Lessormali