Népotisme au sommet de l’Etat Les jeunes pharmaciens décident de saisir la justice

Le point qui a retenu l’attention des participants a été, sans nul doute, celui du népotisme pratiqué par le seul ministre MPR du gouvernement, en l’occurrence Mme Diallo Madeleine Ba. Cette dernière, on le sait, a autorisé sa fille à ouvrir une officine de pharmacie en violation de la procédure. C’est pourquoi le Collectif des jeunes pharmaciens a tenu à rencontrer Mme le ministre. L’entretien a eu lieu le 13 juillet, en présence du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), du Syndicat national des officines de pharmacie privée (SYNAPPO), des Prs Guindo (gestionnaire de la Faculté de Médecine), Cissé (phytopharmacien, ancien Recteur de l’université), Boulkassoum Haïdara (personne  ressource), et Doumbia de la DPM (Direction de la Pharmacie et du Médicament).

Le problème de l’autorisation d’ouverture d’une officine de pharmacie accordée à Mariam Diallo a vite été posé, tout d’abord par le SYNAPPO. La réaction du ministre a été étonnante: «Je suis une mère de famille. J’ai des enfants et le problème d’emploi se pose avec acuité. J’ai trouvé deux sites vacants, ma fille ne travaillant pas, j’ai fait étudier son dossier et lui ai attribué un site. Je n’ai violé aucun texte». Le Vice – Président du COJEP est revenu à la charge, pour dire à Mme le ministre qu’elle avait fait fi de la procédure en la matière et, surtout, de la liste d’attente, cotée et paraphée, sur laquelle sa fille figure à la 174ème place. Il n’a pas hésité à lui dire que sa fille et les autres pharmaciens étaient tous égaux devant la loi, et donc que tout le monde avait vocation à s’installer.

Mme Ba répliquera en ces termes: «Vous voulez vous installer comme des boutiquiers. On s’en fiche, ce sont les pharmaciens qui vont en pâtir. Partout le ministre a un pouvoir discrétionnaire. Pourquoi en voulez-vous à ma fille? Au lieu de vous acharner contre une de vos sœurs, mieux vaudrait vous attaquer à  la vente anarchique de produits pharmaceutiques… Une seule goutte d’eau ne doit pas faire déborder le vase… On ne peut aller à la pêche pour en revenir les mains vides». La personne ressource, Boulkassoum Haïdara a rapidement pris parti en faveur du ministre, en déclarant: «le ministre est très modeste. Il peut faire plus, aller au delà de cette décision, sans consulter l’Ordre».

Au sortir de cette rencontre, et à l’issue de leur Assemblée générale, les jeunes pharmaciens ont décidé de jouer la carte de l’unité, avec l’Ordre aussi bien qu’avec le Syndicat, en entreprenant des actions pacifiques. La première consiste à saisir le Tribunal Administratif, afin de faire annuler cette décision népotique. Ensuite, il s’agira de saisir la Commission Santé de l’Assemblée nationale, pour auditionner Mme le ministre à ce sujet. En outre, le COJEP envisage d’animer une conférence de presse pour prendre à témoin l’opinion publique nationale et internationale. Le tout sera couronné par un sit-in, puis par une grande marche pacifique, en cas de besoin. Une autre action a été proposée, qui n’a pas reçu l’assentiment de la majorité des jeunes pharmaciens. Il s’agit de l’installation de tous les pharmaciens là où et quand ils le veulent, sans autorisation préalable du ministre actuel, du reste disqualifié. A suivre.

Chahana Takiou

Le 22 Septembre 18/07/2011