Mouvement des Jeunes pour la Democratie au Mali : Lancement officiel des activités de l’association

Selon Aliou M’Baye, président du MJDM, le but de l’association est de créer un cadre de rencontre, de concertation, de dialogue et surtout d’actions concrètes en faveur de l’enracinement de valeurs démocratiques au Mali. Il a indiqué que les missions du mouvement sont, entre autres, d’assurer la participation de l’ensemble des jeunes à la vie politique dans le respect des objectifs généraux et de la charte des valeurs et idéaux qui ont permis l’avènement de la démocratie au    Mali ; de s’intéresser plus particulièrement à l’étude des problèmes propres à la jeunesse ; de former les jeunes à la promotion de projets de défense des causes démocratiques ; d’encourager l’engagement politique des jeunes.

Il a signalé que le mouvement compte intervenir dans tous les domaines au cas où  le besoin se fait sentir. « Le MJDM brillera par son caractère d’ouverture à tous et continuera d’œuvrer pour promouvoir l’image de la démocratie au Mali », a-t-il dit. Face aux problèmes que traverse le pays, le président du mouvement dira que le MJDM se veut être un cadre idéal pour sensibiliser, informer et orienter les jeunes face aux défis qui sont les leurs. Il a rappelé que le lancement des activités de l’association se tient à un moment précieux pour le Mali qui est à un doigt des élections générales de 2012.

Ce qui interpelle tous le peuple pour relever les défis majeurs qui s’imposent. « La démocratie, voie la plus sûre pour le développement d’un pays et l’épanouissement de la franche jeunes de la population en particulier, demeure le meilleur cadeau qu’on puisse sauvegarder jalousement pour nous et pour les générations à venir », a martelé Aliou M’Baye. Selon le conférencier Tièbilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), la population malienne est à majorité jeune. A  cet effet, dira-t-il,   la jeunesse doit jouer pleinement son rôle pour l’épanouissement du pays. Il a indiqué qu’aujourd’hui le Mali a une population de 14 500 000 habitants et 11 500 000 habitants ont entre 0 et 30 ans. Selon le président du Parena, en 2030 la population serait de l’ordre de 22 millions d’habitants.

Environ  70% de cette population seront jeunes donc l’apport des jeunes est indéniable pour la construction du Mali. Concernant le sujet du fichier électoral, le président du PARENA dira qu’il serait souhaitable d’opter pour le RAVEC (Recensement administratif à vocation d’Etat civil) parce que le RACE (Recensement administratif à caractère électoral) a été la base de multiples fraudes et contestations même s’il a servi à des élections antécédentes. Il a signalé que si le RAVEC n’est pas prêt, c’est une responsabilité qui incombe au gouvernement. Il a exhorté également les parents d’élèves à jouer pleinement leur rôle pour la bonne marche de l’école. « La démocratie existe au Mali, mais on peut l’améliorer », a souligné Tièbilé Dramé. Pour  Ousmane Bamba, l’avènement de la démocratie au Mali en mars 1991 a été grâce concours de la jeunesse. Selon lui, pour contribuer à l’ancrage de la démocratie, il faut que les jeunes acceptent non seulement de voter, mais aussi mobiliser les autres. Il a affirmé que la jeunesse doit être présente au cas où il y a un emprisonnement des journalistes d’autant plus que la liberté de la presse est reconnue par la constitution. Pour la bonne gouvernance, a-t-il souligné, l’Etat doit assumer ses responsabilités en mettant à la disposition de tout le monde les informations nécessaires. Selon Ousmane Bamba, l’importance de toute démocratie est le mieux être de la population.

Aguibou Sogodogo

Stagiaire

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Deux conférenciers engagés avec les jeunes : Ousmane Bamba et Tiebilé Dramé

Ousmane Bamba a distingué  deux catégories de jeunes, selon qu’ils acceptent les propositions sans une analyse préalable, et ceux  à l’opposé qui contribuent dans l’ancrage de la démocratie. Pour être de cette dernière catégorie, il faut que les jeunes acceptent d’abord de voter. Jamais le taux de participation n’a franchi la barre des 50 %. Il est donc demandé à la jeunesse d’aller voter et de mobiliser le voisinage à aller voter. Sans la jeunesse, le printemps arabe n’aurait certainement pas été possible, selon Ousmane Bamba. « Plus de la moitié de la population a entre 18 et 40 ans, alors pourquoi ne pas se mobiliser pour élire l’homme qu’il faut ? », s’est il interrogé. La jeunesse doit se faire entendre chaque fois qu’il y a un abus, atteintes aux libertés, excès de pouvoir, hausse anormale des prix alors qu’il y a des exonérations. Mais aussi les abus de certains abus dont la jeunesse est responsable comme les exactions des recrues qui sont des jeunes, les soties intempestives des classes, à chacune de ses occasions, la jeunesse doit se faire entendre, selon Ousmane Bamba. « Nous devons nous faire entendre, nous sommes un groupe de pression. Nous devons défendre l’Etat de droit et la bonne gouvernance », a-t-il indiqué. C’est dire que les jeunes ont un rôle fondamental à jouer pour la réussite des élections de 2012.         

Pour l’autre conférencier moins jeune, Tiebilé Dramé, il s’est fait sienne une déclaration de Frantz Fanon, « chaque génération a une mission à mener, elle peut choisir de la trahir ou de l’assumer en l’accomplissant ». L’Ajdm, selon lui, a choisi d’accomplir la sienne. Choisir, c’est éviter la voie des jeunes qui prennent des armes pour, des raisons économiques, pour  le contrôle des ressources. Choisir c’est réfléchir à la situation où des bases étrangères s’installent sur notre territoire, où une armée étrangère opère sur notre territoire. Le président du Parena a évoqué une autre réalité qui est celle de l’avion Cocaïne, dont nul ne sait le nombre  de voyages il a effectués avant. « Garder le silence face à cette situation serait choisir la voie de l’irresponsabilité et du mur. Or nous avons le moyen de changer démocratiquement dans dix mois, sans recours à la violence. Le plus fort taux de participation a été 35 % lors de la présidentielle 2007. Mais ce scrutin a été dénoncé par ceux qui l’ont organisé ». Le Directeur de l’Intérieur avait soutenu que la fraude est la plus grande plaie des élections au Mali. Elle a atteint le plus grand niveau en 2007. Et le président de la Cour constitutionnelle Salif Kanouté qui a parlé de son installation à demeure. Pour Tiebilé Dramé, on ne peut plus prendre les élections comme un choix banal, comme une question subalterne. Le Race initié par Ousmane Sy en 2001 a conduit à un résultat de près de 7 millions d’électeurs pour une population de 10 millions de personnes. Ce qui est une proportion démesurée et surréaliste. Les élections tenues sur la base du fichier Race a donc donné les résultats qui ont été dénoncés par tous, y compris ceux qui les ont organisées. Le Ravec sur la base duquel se fait un fichier biométrique devait apporter la solution de la transparence.

* Sidy Camara, représentant du ministère de la Jeunesse et des Sports : « Nous sommes pour une lutte sans violence »

L’ancien leader des jeunes diplômés, actuellement au ministère de la Jeunesse et des sports, ne pouvait pas rester en marge du lancement des activités du Mouvement de jeunes pour la démocratie au Mali. Il a présenté les excuses du ministre Djiguiba Kéita PPR dont l’absence n’était pas un manque d’intérêt, mais empêché pour raisons de services. Pour lui, le rôle de la jeunesse dans l’avènement et la consolidation de la démocratie est sans conteste possible. Il a cité le rôle joué par les jeunes dans l’avènement du 26 mars 1991.

« La jeunesse est l’âme vivante de la société », selon Sidi Camara. Ce thème de « La jeunesse face aux enjeux de la démocratie » peut aller à l’encontre de certaines opinions, selon lui. Puisque certains pensent que la jeunesse a un autre rôle que la participation à la vie publique, comme le problème avait été posé quand il s’est agi de l’entrée de l’Aeem au Ctsp.  Mais ce rôle des jeunes a ses exigences dont la formation qui est indispensable, pour des besoins de discernement et d’analyse que comporte la lutte. Selon Sidi Camara, cette lutte peut se faire sans violence, avec méthodes. « C’est à cette condition que le mouvement de la jeunesse est avec vous », a-t-il dit aux responsables du Mjdm. Sidy Camara est un homme connu, car qui ne se souvient pas de lui ? Son nom est inséparable de la lutte de l’Association des initiateurs et demandeurs d’Emploi (Adide), l’une des premières associations à monter la pression pour faire comprendre au Président Moussa Traoré que la jeunesse a des droits, qu’elle n’entend pas croiser les bras et attendre, mais qu’elle sait se battre pour les arracher. Sidy Camara à la tête de l’Adide et de nombreux autres jeunes au sein de diverses associations de jeunes ont pris une part active au renversement de la dictature en 1991.

* Clin d’œil : Tiebilé Dramé rend hommage à l’action courageuse des Sénégalais

Pour magnifier l’exemple de la jeunesse et de la classe politique sénégalaise, dont la lutte a payé obligeant le Président Abdoulaye Wade à retirer son projet de loi, Tiebilé Dramé a rappelé une citation de Joseph Ki Zerbo : « I lara, I sa la » (tu te couches tu es mort). Pour lui cet adage doit exister en Ouolof, on a beau savoir monter à cheval, mais on ne peut s’asseoir sur son nez. La jeunesse et la classe politique sénégalaise ont démontré qu’il est toujours possible de réagir quand l’arrogance dépasse les bornes. Le président du Parena a rendu un hommage appuyé à la jeunesse et à la classe politique sénégalaises pour lesquelles il a dit son admiration, son estime. Pour le conférencier Bamba, il est étonnant que les combattants de la liberté Wade et Gbagbo se comportent comme cela. Pourvu que la liste des Présidents qui surprennent ne se prolonge au Mali.

Le Républicain 27/06/2011{jcomments on}