Mise en place de la CENI : Quand la tension monte

 

« Nous, partis de l’opposition, prenons à témoin l’opinion nationale et internationale sur la tentative déjà des partis de la majorité d’organiser et cautionner la fraude électorale en voulant être majoritaire à la Ceni, organe de suivi et de supervision avec 9 sièges sur 15 ». Telle est la principale récrimination formulée par la déclaration de l’opposition lue par Dr Oumar Mariko, secrétaire général du parti Sadi. Pour la circonstance, il était accompagné par Ahmed Oinargoum Cissé, secrétaire politique du parti Bara.

Selon Oumar Mariko, la Ceni « doit contrôler le gouvernement qui organise les élections et qui peut être tenté de favoriser ses partis alliés de la majorité au détriment des autres compétiteurs de l’opposition ». Pour cela, il dira que la mission de la Ceni, logiquement, ne peut être remplie objectivement que par la société civile qui joue à la fois un rôle d’arbitre et de contre pouvoir. Mais, il a soutenu que la société civile, dans cette mission, ne peut être renforcée que par les partis politiques de l’opposition. « Donc, les partis politiques de la majorité alliés du gouvernement ne doivent pas siéger à la Ceni pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas être juges et partis. Tel est véritablement l’esprit de la Ceni et les raisons mêmes de sa création », a-t-il déclaré.

Avant d’ajouter que pour plus de transparence et de justice, notre loi électorale confère aux trois acteurs clés de siéger au sein de la Ceni, mais dans des proportions de partage de voix égale avec la société civile comme arbitre. « C’est seulement dans cet esprit que les 10 sièges des partis politiques sont répartis de façon équitable entre les partis de la majorité et ceux de l’opposition quel que soit le nombre de chaque appartenance », a-t-il estimé. Il a corroboré son argumentaire avec le fait que la loi électorale, qui a fait objet de révision en 2006, prévoyait clairement un partage égal des 15 membres de la Ceni entre la majorité, l’opposition et la société civile. « Pour nous, partis de l’opposition, les arguments avancés par certains partis politiques qui interprètent de manière mécanique le principe de l’équité contenu dans la loi électorale ne résistent à aucun examen sérieux », a  estimé  Dr Mariko.

Kafougouna Koné  sollicité pour trancher

Au nom des partis politiques de l’opposition, Dr Oumar Mariko a soutenu qu’il y a un déséquilibre très prononcé des forces, avec d’un côté, la majorité présidentielle qui dispose de moyens financiers et logistiques conséquents, une forte influence liée à la gestion du pouvoir et de l’autre côté l’opposition, en position très défavorable, ne disposant pas de moyens financiers ni d’un véritable statut de l’opposition. Selon lui, l’équité doit intervenir pour assurer et garantir la crédibilité de notre système démocratique en introduisant ainsi le principe de la discrimination positive en faveur du plus faible pour réduire le déséquilibre des forces. « Pour toutes ces raisons, les partis de l’opposition parlementaire et extra parlementaire rejettent la répartition des sièges décidée de manière non consensuelle par les partis de la majorité à l’issue de la seule rencontre organisée au siège du gouvernorat le vendredi 8 juillet 2011 », a dit Dr Mariko. Il a révélé que la deuxième réunion  prévue pour le mercredi 13 juillet à 17 heures au même lieu entre l’opposition et la majorité pour  un partage consensuel, n’a enregistré que la présence des partis d’opposition. « Alors, ayant constaté la carence du cadre de concertation entre les deux tendances, les partis de l’opposition en se référant à la loi électorale et à l’esprit de la Ceni  ont désigné le vendredi 15 juillet, délai de rigueur, les cinq représentants de l’opposition devant siéger à la Ceni », a-t-il indiqué.

Pour Dr Oumar Mariko,  c’est convaincu de la justesse de leurs arguments qu’ils ont sollicité l’implication du ministre de l’Administration territoriale pour régler la question en octroyant à l’opposition les cinq sièges qui lui reviennent de droit conformément à sa déclaration devant le cadre de concertation avec les partis politiques et à la télé de respecter cette fois la loi. Il a rappelé au Ministre que la majorité n’ayant pas choisi ses représentants dans le délai ne peut bénéficier juridiquement d’aucune circonstance atténuante car frappée de forclusion. « Dans ces conditions, elle ne peut à la rigueur que désigner le complément à 10 de la liste légalement fournie dans le délai par l’opposition », a-t-il conclu sur cet aspect.  

En ce qui concerne le fichier électoral, les partis de l’opposition ont estimé que le gouvernement qui a travaillé durant 5 ans à la préparation des élections, sans la participation effective des partis politiques, a la responsabilité d’organiser des élections transparentes, crédibles et apaisées à partir d’un fichier fiable dans les délais constitutionnels requis. Concernant les réformes en cours, les partis de l’opposition ont clairement indiqué que « l’urgence et la nécessité est de s’atteler à l’organisation d’élections transparentes à date échue et non pas de disperser nos forces et nos ressources dans l’organisation d’un référendum coûteux au détriment d’une bonne élection assurant la paix et la stabilité dans le pays ».

Assane Koné

Le Républicain 27/07/2011