Migration : Le Mali relance la relecture de sa Politique nationale (PONAM) pour faire face aux nouveaux défis

Le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, a officiellement lancé, à l’hôtel Maeva, le processus de relecture de la Politique nationale de migration (PONAM) et de son plan d’action. Ce lancement s’est déroulé en présence de nombreuses personnalités diplomatiques et institutionnelles, dont les représentants de l’Union Européenne, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), des membres du Conseil National de Transition (CNT), ainsi que des ambassadeurs du Maroc, de l’Espagne, de l’Italie, du Burkina Faso et du Niger.

Une migration encadrée, au service du développement

La relecture de la PONAM vise à adapter la politique migratoire malienne aux réalités actuelles, notamment celles liées à la migration irrégulière, à l’insécurité, au changement climatique, à la santé des migrants et aux questions de genre. Elle s’inscrit dans une volonté de mettre la migration au cœur du développement national, tout en garantissant la sécurité, la dignité et les droits des migrants.

Le ministre Ag Attaher a rappelé que « la relecture de cette politique permettra d’intégrer les effets croissants des crises sécuritaires, des changements climatiques, et de l’évolution des dynamiques géopolitiques mondiales ». Elle s’aligne également sur les nouvelles stratégies nationales, notamment « Mali kura netaasira ka ben san 2063 » et la stratégie nationale pour l’émergence et le développement durable 2024-2033.

Une diaspora mobilisée et un appui international fort

Avec une diaspora estimée à près de 6 millions de Maliens à travers le monde, le Mali considère ses ressortissants de l’étranger comme des acteurs essentiels du développement. Selon Abdoulaye Keita, chargé des questions migratoires au ministère, cette diaspora contribue activement à la transformation économique du pays et au processus de « Malikura ».

Depuis 2017, l’OIM, en partenariat avec le gouvernement malien et d’autres partenaires, a facilité le retour et la réinsertion de plus de 44 000 personnes. Seydou Aboubacar, représentant de l’OIM, a réitéré l’engagement de son organisation à soutenir le Mali dans la protection des migrants en détresse, soulignant que la migration peut être un levier de développement et de lutte contre la pauvreté.

Du côté européen, Thomas Eckert, représentant de l’Union Européenne, a insisté sur la nécessité d’une relecture « sans complaisance » de la PONAM, afin d’éviter les drames humains liés à la migration clandestine.

Une décennie après, le Mali réajuste sa stratégie migratoire

Initialement adoptée il y a dix ans, la PONAM a besoin d’être actualisée pour répondre aux mutations rapides de la migration au niveau régional et international. Le ministre Ag Attaher a affirmé que « l’heure est venue de remettre l’ouvrage sur le métier », appelant à une refonte ambitieuse mais pragmatique de la politique migratoire.

Cette relecture marque un tournant stratégique pour le Mali, dans un contexte où la migration, souvent perçue comme un problème, peut devenir une solution si elle est bien encadrée. Il s’agit désormais pour les autorités maliennes d’adapter les réponses aux réalités contemporaines, avec l’appui de partenaires nationaux et internationaux.

La rédaction

Diasporaction.