Mid-Terms: la défaite d’Obama menace-t-elle sa politique étrangère?

Des dossiers soumis à négociation

Le nouveau chef républicain au Sénat, Mitch McConnell, a rappelé que Barack Obama conservait son pouvoir de veto et ne promulguerait vraisemblablement pas de lois démolissant les grands chantiers de sa présidence. Mais les dissensions internes au parti républicain sont notoires, et rien n’indique que les élus du Tea Party vont accepter de tendre la main aux démocrates pour favoriser des compromis.

Certains dossiers pourraient donc rencontrer des difficultés, comme celui concernant la construction de l’oléoduc Keystone XL entre le Canada et le Golfe du Mexique. Des dizaines de lois « pro-croissance » sont prêtes pour autoriser sa construction. « Cette expérience de trop d’Etat a suffisamment duré. Il est temps de changer de direction ! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie ! », a martelé après sa réélection le sénateur républicain Mitch McConnell.

Lors du prochain Congrès, il sera question de la guerre contre le groupe Etat islamique, et du programme nucléaire de Téhéran. Ce dernier sera sans conteste le premier dossier de politique étrangère à l’ordre du jour, alors que les négociations avec le groupe des 5+1 doivent, en théorie, se conclure le 24 novembre.

Une presse chinoise acerbe

Notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt, explique que l’attitude chinoise risque également d’évoluer dans le mauvais sens concernant Barack Obama. Lundi et mardi prochain, Barack Obama sera à Pékin où il participera au sommet de l’APEC. Le forum de coopération économique des 21 leaders de la région Asie-Pacifique. Pékin lui a promis un accueil chaleureux, mais son échec sur le front électoral n’est toutefois pas sans risque pour le président américain : face à un président chinois plus fort que jamais, Barack Obama sera en position de faiblesse. La presse officielle se déchaine ce mercredi.

Le ton acerbe du Quotidien du peuple surprend : « Obama lance toujours « Yes we can », suscitant de grandes attentes dans la population. Mais il a fait un travail insipide et n’a presque rien à offrir à ses partisans. La société est fatiguée de sa banalité ». Ce commentaire du journal proche du Parti communiste est largement diffusé dans toute la presse officielle. L’éditorial tire un bilan médiocre de la politique étrangère du président américain : « Il a réussi à retirer les troupes américaines de l’Irak et de l’Afghanistan, mais il n’y a pas laissé la paix. En Europe, la guerre froide est de retour avec la crise ukrainienne, et le rééquilibrage de Washington vers l’Asie n’a fait qu’accroître la défiance entre la Chine et les Etats-Unis », si l’on en croit le Quotidien du peuple.

Non sans arrogance, le journal de Pékin conclut : « Avec la montée en puissance de la Chine, nous comprenons de mieux en mieux les Etats-Unis – un pays trop paresseux pour se réformer. La société américaine a choisi Obama, mais à notre époque, il n’y a pas de grand président américain ».La réforme migratoire mexicaine remise en cause ?

C’est avec un intérêt relatif que les Mexicains ont suivi les élections intermédiaires des Etats-Unis. Ils se demandent quels changements pour le Mexique va entraîner la prise de contrôle du Sénat par les républicains. Notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe, nous relate leurs inquiétudes.

La question de la migration les préoccupe, dans la mesure où vont arriver au Congrès de nouveaux législateurs qui sont profondément anti-immigrants et obsédés par une plus grande sécurité sur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Ils vont donc continuer à s’opposer à un projet fondamental pour les Mexicains : la réforme migratoire.

Le président Peña Nieto insiste régulièrement sur l’importance d’une réforme intégrale . Mais sans aucun effet. De sorte qu’on s’éloigne toujours plus d’une possible légalisation des 12 millions de sans papiers, en grande majorité Mexicains. Les candidats républicains ont souvent exprimés leurs craintes sur les dangers qu’offre pour la sécurité des Etats-Unis la frontière entre les deux pays.

Ce discours inquiète le gouvernement mexicain. Il considère comme illogique et sans fondement les affirmations des républicains qui qualifient la frontière de poreuse. Selon eux, non seulement elle laisse passer les immigrants, mais elle pourrait aussi être utilisée par les terroristes – notamment ceux de l’organisation Etat islamique – qui voudraient pénétrer en territoire américain depuis le Mexique pour y commettre des attentats.

Pas de changement dans les relations américano-russes

A Moscou, les relations entre les deux pays sont tendues depuis la crise avec l’Ukraine. Le discours anti-américain a toujours existé et s’est durci. Il n’est pas pour autant que les résultats des élections américaines puissent donner une nouvelle inflexion à ces relations.

Notre correspondante à Moscou, Véronika Dorman, nous explique qu’à la veille des élections, les Russes pensaient déjà qu’il n’y aurait pas de changements significatifs dans la politique américaine envers la Russie. La raison : les deux parties (républicains et démocrates) ont globalement soutenu l’administration Obama pour ce qui est des sanctions contre le pays. Dans les deux camps, il y a des adeptes d’un renforcement des « lois anti-russes ». Selon les experts, la rhétorique devrait se durcit car les républicains sont des défenseurs, traditionnellement, de la sécurité nationale.