Mamadou Sinsy Coulibaly, président du CNPM : «Ce sont les étrangers qui ont abâtardi notre système…»

Mamadou Sinsy Coulibaly, président du CNPM 

Le lancement de la 3ème édition du baromètre de conjoncture des entreprises, initié par le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm), a eu lieu le jeudi 11 février 2016 au siège de l’institution. Cette cérémonie était présidée par le Conseiller technique du ministre de la Promotion de l’investissement et du Secteur privé, Idrissa Traoré, en présence du président du Cnpm, Mamadou Sinsy Coulibaly.

Précisons tout de suite que c’est le rapport final qui présente le baromètre de conjoncture des entreprises du Mali, édition 2015, sur la base de 213 entreprises enquêtées et validées. Le baromètre de conjoncture des entreprises est une initiative du Cnpm, qui consiste à identifier les points de vue des chefs d’entreprises sur le climat dans lequel leurs affaires se créent et se développent. Il constitue un des outils correspondant à sa stratégie qui consiste à organiser son plaidoyer sur une base tangible de ce qui est le plus important pour les entreprises. L’enquête a été réalisée entre mai et juillet 2015.

Selon le président du Cnpm, Mamadou Sinsy Coulibaly, cette enquête a été réalisée pour que les investisseurs étrangers et maliens puissent s’enquérir de l’état du climat des affaires ; de la situation économique du Mali ; des relations qui existent entre le secteur public et le secteur privé ; et faire une comparaison, d’année en année, de l’évolution économique du pays. Il dira qu’il y a eu beaucoup d’améliorations depuis le lancement de la première édition, mais que beaucoup reste encore à faire, surtout dans le cadre des structures d’encadrement. À l’en croire, «on a constaté de plus en plus que le climat des affaires s’est beaucoup amélioré par rapport aux autres années».

Par ailleurs, le patron du secteur privé a fait savoir que les activités qui ont beaucoup progressé en 2015, sont celles dans lesquelles le secteur privé a beaucoup investi. Telles que dans la téléphonie, dans les mines, dans les services, mais pas dans l’industrie. «L’industrie n’a pas encore démarré dans notre pays, mais on a constaté quand même qu’il y a eu de l’amélioration. On a eu des centaines de millions de dollars qui ont été investis par le secteur privé», a-t-il dit.

Avant de déclarer : «Nous ne souhaitons pas grand-chose au niveau du gouvernement, parce qu’on a décidé d’être dans le privé. Nous demandons simplement que nous soyons protégés et sécurisés. Nous ne sommes pas là pour aller dire à l’Etat de nous financer ou de nous donner des dérogations. Le Code de l’investissement est clair. Il faudrait que tout le monde s’approprie ce Code de l’investissement, aussi bien les nationaux que les étrangers, qui viennent investir dans notre pays. Généralement, ce sont les étrangers, qui viennent investir dans notre pays, qui ont abâtardi notre système, parce que chaque investisseur veut avoir son ministre. Il va chez le ministre pour demander les autorisations et les différents types de documents qu’il faut fournir. Ce n’est pas le rôle du ministre. Le rôle du ministre, c’est de l’encourager à investir ; c’est de le protéger et de le sécuriser. Mais on voit des investisseurs étrangers qui arrivent et ne consultent pas le marché. Ils vont voir le ministre et ce dernier ne peut que dire ce que l’investisseur veut entendre parler. Parfois même, il se fait racketter par un certain nombre d’agents qui tournent autour du ministre, au lieu de venir voir ses homologues du secteur privé».

Prenant la parole à son tour, le Conseiller technique du ministre de la Promotion de l’investissement et du Secteur privé, Idrissa Traoré, a indiqué que le baromètre de conjoncture des entreprises constitue, pour son département, un outil précieux d’aide à la prise de décisions. Il dira que le document qui a été présenté va servir davantage son département dans l’amélioration du climat des affaires dans notre pays.
Diango COULIBALY