Depuis l’accession du Colonel Assimi Goïta à la tête de la Transition, le secteur minier malien connaît une transformation profonde, guidée par une vision résolument souverainiste. L’objectif affiché : redonner à l’État une place centrale dans l’exploitation des ressources nationales, longtemps dominée par les multinationales.
Un tournant stratégique vers le contrôle national
Dès 2022, un audit global du secteur est lancé. Il aboutit, en 2023, à l’adoption d’un nouveau code minier, qui autorise l’État à prendre jusqu’à 30 % de participation dans chaque projet. Ce virage s’inscrit dans une logique de reprise en main des richesses du sous-sol malien, avec un accent mis sur la production locale et la redistribution équitable des revenus.
Cette politique ne va pas sans tensions. Elle provoque un bras de fer avec certaines entreprises étrangères, notamment Barrick Gold, à qui l’État retire temporairement la gestion de la mine stratégique de Loulo-Gounkoto.
Une nouvelle architecture autour de profils clés
Pour piloter cette réforme, Assimi Goïta s’appuie sur un cercle restreint de techniciens et de fidèles. Parmi eux, un ancien cadre de la Banque nationale de développement agricole, aujourd’hui superviseur du secteur minier, qui avait déjà orchestré la gestion financière face aux sanctions de la CEDEAO.
Des figures influentes émergent également :
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Mamou Touré, cofondateur d’Ivanus Mining, acteur-clé de l’audit de 2022, craint par les compagnies étrangères pour sa fermeté.
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Samba Touré, expert reconnu du secteur, ancien cadre d’une grande firme minière, chargé des dossiers sensibles.
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Goumé Traoré, directeur général de la société publique SORE, qui permet à l’État d’entrer directement dans l’exploitation et la commercialisation des ressources minières.
Une gouvernance renforcée et multisectorielle
L’appareil étatique mobilise également des juristes, fiscalistes, et responsables politiques pour encadrer cette refonte :
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La commission de renégociation des conventions minières, mise en place fin 2022, regroupe des figures de poids comme Abdoulaye Diop (Affaires étrangères) et Mariam Tangara (Environnement), qui veille au respect strict des normes environnementales.
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La sécurité des sites stratégiques est assurée par le général Modibo Koné, figure du coup d’État de 2020, dont la présence a été notée lors de la saisie de trois tonnes d’or en janvier.
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Founouké Traoré et Abdoulaye Sangaré, avocats indépendants, représentent l’État dans les négociations internationales, malgré des critiques sur leur manque d’expérience dans le domaine minier.
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Le ministère des Mines, dirigé par Amadou Keita, et celui de l’Industrie et du Commerce, sous Moussa Alassane Diallo, supervisent l’attribution des permis et les accords d’exportation.
Vers une souveraineté minière assumée
La nouvelle stratégie vise à refonder l’écosystème minier autour d’une gouvernance plus rigoureuse, équitable et transparente. Le but est clair : garantir à l’État malien une maîtrise accrue de ses ressources, tout en sécurisant les sites et en respectant les normes environnementales.
Dernier symbole fort de cette orientation : le 27 juin 2025, le Conseil des ministres a validé la prise de contrôle intégrale par l’État des mines d’or de Yatéla et Morila, transférées à une entreprise nationale.
Le Mali affirme ainsi sa volonté de rompre avec les logiques extractivistes passées et de faire de ses ressources minières un levier de développement au service de la nation.
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