Mali: PRÉSIDENTIELLE: QUE VEUT L’OPPOSITION ?

La date du premier tour de l’élection présidentielle approche à grands pas et, à voir la détermination affichée par le Chef du Gouvernement et le dispositif qu’il annonce, rien n’indique que le processus n’ira pas à son terme. Début de panique perceptible chez ceux qui ont parié sur son report et la mise en place d’une transition. Dans la précipitation sont lancées une demande de certification de l’élection et une accusation d’ouverture prématurée de la campagne électorale. Où est le sérieux dans cette affaire ?

La demande de certification de l’élection tient de l’autostop politique et elle est attentatoire à la souveraineté du Mali

L’opposition radicale a toujours soutenu qu’IBK n’a rien réalisé depuis son accession au pouvoir. Après avoir organisé et soutenu un matraquage en règle sur les réseaux sociaux et dans certains organes de presse pour soutenir l’idée d’une disqualification du régime pour incapacité et corruption, comment peut-elle s’étonner de voir le maître de Koulouba visiter des chantiers et inaugurer bâtiments, routes et ponts à travers le pays ? Pour faire mentir ses détracteurs sans céder à la violence et la polémique stérile, IBK a choisi de faire découvrir des pans entiers de certaines réalisations réussies malgré la crise. Ulcérée de voir la communauté internationale reconnaître son leadership et ses compatriotes louer son sens de la responsabilité et du respect de la parole donnée, l’opposition accuse à présent IBK d’être entré dans la campagne électorale de façon prématurée. Le problème de la plupart des hommes politiques maliens, c’est d’être en politique par pur opportunisme. Incapables de se battre à la régulière, ils sont devenus adeptes des raccourcis, du chantage et de la délation, ignorant que le temps de la préparation est une variable essentielle. En effet, ici comme ailleurs, l’homme politique est perpétuellement en campagne. Dès la fin d’une élection, les préparatifs de la prochaine commencent. ATT avait lui aussi été accusé en 2007 d’être prématurément entré en campagne. Il avait alors répondu sous l’œil approbateur des opposants actuels bien abrités sous le parapluie présidentiel, qu’il avait fait des promesses en 2002 et qu’il visitait les sites pour s’assurer qu’elles avaient été respectées. IBK reste le président de la république avec la plénitude de ses prérogatives jusqu’à la déclaration officielle de sa candidature. Pour ce qui est de la certification de l’élection présidentielle, ceux qui en font la demande oublient de préciser la disposition de la Constitution qui la prévoit. Comment peut-on se battre pour le respect de la Constitution et choisir de la mettre entre parenthèses au gré de ses intérêts ? Où est le sérieux dans cette affaire ? Non seulement cette demande de certification est farfelue et inopportune, elle est surtout attentatoire à notre souveraineté. Compter sur de tels artifices pour espérer devenir président prouve bien qu’on a à faire à des opportunistes, à des auto-stoppeurs politiques peu regardants sur les moyens, constituant donc une vraie menace pour la démocratie et la république.

Le vrai problème du Mali, c’est l’échec des principaux animateurs du mouvement démocratique

Les difficultés actuelles du pays proviennent essentiellement de l’échec des principaux acteurs du « mouvement démocratique » qui ont fini par être pires que Moussa Traoré, pour avoir galvaudé la révolution et trahi le combat des martyrs de mars 1991. D’un côté, des hommes et des femmes qui se sont convaincu qu’ils ont acquis un droit sur tout au Mali. IBK dont on connaît la résistance aux pressions fussent-elles amicales, est dans leur collimateur parce qu’il refuse de se compromettre. De l’autre, la plaie béante et nauséabonde de la politique du ventre incarnée par des opportunistes d’accord les jours pairs, opposés les jours impairs, chantres d’IBK tant qu’ils participent à la soupe gouvernementale, pourfendeurs dès qu’ils sont débarqués. Dommage, mille fois dommage ! A l’évidence, certains veulent vivre indécemment accrochés aux mamelles de la république. Pour toutes ces raisons, la jeunesse doit éviter de se laisser instrumentaliser car, c’est son avenir et celui du pays tout entier qui se jouent en ce moment. On n’a pas besoin d’être président de la république pour servir son pays. On peut le faire à tous les postes. IBK a ses défauts mais il a aussi des qualités humaines et d’homme d’Etat nécessaires en période de crise ; il a une haute conscience de sa charge et des responsabilités qui en découlent. C’est pourquoi, il reste l’un des rares hommes politiques crédibles de sa génération. A ce titre, la presse écrite prête au chef de file de l’opposition la déclaration suivante : « IBK est le seul problème du Mali. Si je dis qu’il n’est pas capable, c’est parce que je le connais et depuis 1974. » La déclaration n’ayant pas été démentie, on peut donc la lui attribuer en toute bonne foi. Mais alors, pourquoi lui qui croit être si brillant n’est-il jamais parvenu à battre IBK sur quelque terrain politique que ce soit ? D’abord au sein de l’ADEMA où IBK a été successivement ministre, Premier Ministre et président du parti pendant que lui est resté toujours ministre; ensuite lorsqu’ils sont tous les deux sortis de l’ADEMA pour se lancer chacun de son côté, ils ont fini par s’affronter  dans un « mano a mano » de vérité au second tour en 2013. Le score de 77,6% que les électeurs ont accordé à IBK face à lui est-il une simple vue de l’esprit ? Seuls les imbéciles ne changent pas, dit-on. IBK n’en est certainement pas un au vu de son parcours politique. De grâce, les Maliens sont doués de raison et ils méritent respect. Aucun homme ne peut devenir à lui tout seul le problème du Mali. Aucun ! Le pays est plutôt victime d’un système de prédation et d’impunité savamment entretenu depuis un quart de siècle et dont les responsables sont connus de tous, constamment à la manœuvre pour faire échec à toutes les réformes, à toutes les initiatives de changement.

Il faut élever le niveau du débat politique, sortir des attaques personnelles du genre « Boua ka bla » ou « Boua ta bla », pour s’engager sur le terrain des idées, programmes contre bilans. La pratique démocratique est une invitation constante à la paix, au bon ton, à la concurrence saine et loyale. C’est à ce niveau que le peuple qui est loin d’être naïf attend les concurrents, pour choisir souverainement celui qui est digne de le diriger.

Mahamadou Camara

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