Mali – OMVS : Une dette de 54 milliards FCFA menace les infrastructures hydroélectriques régionales

La Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM) alerte sur une dette colossale d’Énergie du Mali (EDM), qui dépasse désormais les 54 milliards de francs CFA. Dans une lettre adressée à l’entreprise publique malienne, datée du 25 avril 2025, la SOGEM dénonce des arriérés critiques qui menacent la survie des infrastructures hydroélectriques partagées entre les pays de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS).

Le ton est grave. Le directeur général de la SOGEM parle d’une « question de vie ou de mort » pour les installations communes, cofinancées par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Ces retards de paiement fragilisent une coopération énergétique essentielle pour la région.

Coupures, sous-investissement et dépendance au thermique

Cette alerte intervient dans un contexte de crise énergétique persistante au Mali. Le pays peine à répondre à la demande, enchaîne les coupures de courant, et reste dépendant des hydrocarbures importés. En 2023, la production nationale s’élevait à 2 838 GWh, dominée par le thermique (54 %), suivi de l’hydroélectricité (34 %) et du solaire (3 %).

L’électrification du territoire progresse lentement. Si 56 % de la population y a accès, ce taux tombe à seulement 31 % en milieu rural, laissant de vastes zones sans couverture fiable.

Des barrages sous pression

Malgré des infrastructures majeures comme Manantali (200 MW), Gouina (140 MW) et Félou (62 MW), la production reste inférieure au potentiel. La faute à un manque d’entretien, des difficultés techniques… et des retards de paiement récurrents. Résultat : les trois pays membres de l’OMVS sont directement impactés par cette inefficacité.

Une transition solaire en marche

Pour sortir de cette impasse, le Mali mise sur les énergies renouvelables. Un projet emblématique est en cours à Sanankoroba, au sud de Bamako : une centrale solaire de 200 MW développée avec la société russe NovaWind. Elle devrait augmenter la capacité nationale de 10 %.

À plus petite échelle, des initiatives locales, comme la centrale solaire de 18 kW installée dans le village de Karan, montrent l’impact concret des solutions décentralisées sur le quotidien des populations.


En bref : la dette d’EDM envers la SOGEM reflète les failles structurelles du secteur énergétique malien. Pour préserver l’interconnexion régionale et stabiliser l’approvisionnement, le Mali est sommé de régler ses arriérés et d’accélérer sa transition vers des énergies plus durables.